22/11/10

Afrique du Nord: fort impact des changements climatiques sur les cultures

Les cultures robustes, comme la canne à sucre, devraient tirer profit des températures plus élevées Crédit image: FlickrFerdinand_Reus

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L'agriculture nord-africaine sera la plus durement affectée par les changements climatiques, selon les conclusions d'une évaluation portant sur la capacité d'adaptation dans différentes régions du monde de 50 cultures principales à des températures en hausse au cours des 40 prochaines années.

Les changements climatiques augmenteront la productivité moyenne des cultures jusqu'en 2020, date à partir de laquelle la productivité baissera de 5-10 pour cent jusqu'en 2050, selon une étude réalisée par le Centre international d'Agriculture tropicale (CIAT) en Colombie.

Ces résultats ont été présentés la semaine dernière (17 novembre) lors d'une conférence de presse convoquée pour annoncer le lancement d'un méga-programme du Groupe consultatif pour la Recherche agricole internationale (GCRAI) visant à répondre aux effets des changements climatiques sur la sécurité alimentaire.

Les chercheurs du CIAT ont calculé le 'potentiel climatique pour produire des aliments' de 50 des cultures les plus importantes de la planète. Ils ont ainsi dressé le scénario optimal dans lequel les cultures pourraient être déplacées vers des zones plus appropriées afin d'éviter le pire, ou d'exploiter le meilleur des impacts climatiques.

Ils ont conclu que la majeure partie des gains de productivité à court terme jusqu'en 2020 s'observera dans l'hémisphère Nord.

Pour Andy Jarvis, chercheur universitaire au CIAT, les rendements du riz dans les plaines indo-gangétiques augmenteront d'environ deux pour cent, même jusqu'en 2050. Mais le blé connaîtra des pertes de productivité allant jusqu'à 10 pour cent.

En Afrique de l'Ouest, des cultures importantes comme le blé, la pomme de terre, le sorgho et le soja déclineront, tandis que d'autres cultures plus robustes telles que l'igname blanc, la canne à sucre et la banane plantain tireront profit de l'élévation des températures.

En Afrique de l'Est, on observera des tendances similaires ; le haricot — connu pour son rôle de protéine des pauvres – connaîtra d'après les prévisions des pertes de rendement de 3-5 pour cent. L'Afrique du Nord sera la plus gravement touchée, avec la perte de productivité de 80 pour cent de ses cultures à l'horizon 2050 et au-delà.

"Aucune région ne verra toutes ses cultures perdre en productivité", a déclaré Jarvis, "mais les populations dépendent des cultures très spécifiques pour leur sécurité alimentaire, et dans de nombreux cas la productivité de l'aliment qu'elles cultivent aujourd'hui va décliner dans l'avenir.

"Les sociétés locales risquent de devoir modifier leurs pratiques en cultivant des produits différents de ceux d'aujourd'hui. C'est évidemment un grand bouleversement pour ces communautés, et c'est quelque chose qu'il nous faudra préparer, et essayer d'éviter, si possible", a-t-il dit.

Même dans les régions où on assiste à des augmentations considérables de la production agricole, des effets se feront ressentir, a-t-il ajouté.

Ainsi, les agriculteurs de la plaine indo-gangétique connaissent déjà des rendements de blé plus faibles en raison de la hausse des températures. Le changement de la période de semis du blé entraîne le changement de celle du riz – les deux récoltes suivant des cycles précis – ce qui provoque des problèmes d'irrigation.

Le programme Changements climatiques, Agriculture et Sécurité alimentaire, qui sera officiellement annoncé le 04 décembre à la conférence sur les changements climatiques (COP 16) à Cancun, au Mexique, associera les différentes connaissances sur l'impact des changements climatiques sur la sécurité alimentaire, dans le but ultime d'identifier une marche à suivre.

Le programme a pour objectif de réduire de 10 pour cent la pauvreté dans des régions ciblées, et de réduire d'un quart le nombre de pauvres malnutris en milieu rural d'ici 2020. Il espère aussi inscrire l'agriculture au cœur de l'agenda international sur les changements climatiques pour l'après 2012.