15/05/12

L’extraction des eaux souterraines d’Afrique pourrait s’avérer difficile

Selon les experts, l’extraction des ressources en eaux souterraines en Afrique nécessitera davantage d'investissements Crédit image: Flickr/Water for South Sudan

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[ALGER] D’immenses ressources en eaux souterraines ont été révélées en Afrique par les premières cartes quantitatives à l’échelle du continent. Toutefois, selon certains experts, ces ressources pourraient ne pas être facilement accessibles en raison de défis politiques, techniques et économiques.

Les nouvelles cartes des eaux souterraines, publiées le mois dernier (19 avril) dans Environmental Research Letters, sont fondées sur un examen approfondi des cartes, des publications et des données disponibles. Elles montrent que le continent dispose d’une capacité totale de stockage d’eaux souterraines de 0,66 million de kilomètres cubes — soit plus de 20 fois la capacité de stockage d’eaux douces des lacs du continent. Les plus grands aquifères se trouvent dans le nord de l’Afrique, principalement en Algérie, au Tchad, en Egypte, en Libye et au Soudan.

L’étude affirme que "de nombreux pays classés comme ‘aréiques’ disposent d’importantes réserves d’eaux souterraines", et conclut que des forages pour des pompes manuelles communautaires seraient donc ré   alisables dans ces pays.

Pourtant, et malgré ce qu’en disent certains médias, les experts affirment que la découverte ne marque pas pour autant la fin des pénuries d’eau sur le continent.

"L’étude montre clairement que ces eaux souterraines [aquifères] sont loin des centres de population", explique Mohamed Gad, professeur d’hydrologie au Centre de recherche du désert en Egypte, à SciDev.Net. La plupart des aquifères en Afrique du Nord sont également enfouis en profondeur, à 100-250 mètres, ce qui rend leur exploitation coûteuse, ajoute-t-il.

Gad souligne que les pays d’Afrique du Nord doivent développer des technologies d’extraction, disposer de la volonté politique, et identifier de nouveaux fonds avant de pouvoir faire usage des eaux souterraines.

"Les pays d’Afrique du Nord doivent reprendre les négociations sur la gestion des eaux souterraines partagées, puisque la plupart des aquifères dans cette région traversent les frontières entre plus de deux pays," a-t-il noté, ajoutant que "des pays comme l’Algérie, la Libye et la Tunisie ont déjà un accord pour la préservation des ressources en eaux souterraines, mais d’autres pays comme l’Egypte, la Libye et le Soudan éprouvent encore des difficultés pour gérer leurs parts".

Reda El-Damak, directeur du Centre d’études et de modèles d’aménagements hydrauliques à l’Université du Caire, en Egypte, a mis en exergue l’avancée de la Libye dans l’exploitation de ses réserves d’eaux souterraines, avec pour exemple la Grande Rivière artificielle qui a coûté US$ 20 milliards et considérée comme le plus grand projet d’irrigation au monde, fournissant de l’eau douce à 70 pour cent des libyens.

Toutefois, El-Damak a prévenu qu’une telle dépendance à grande échelle à l’égard des eaux souterraines non renouvelables représente une utilisation des aquifères sahariens qui n’est ni appropriée, ni durable.

Le projet libyen a déjà commencé à réduire les niveaux d’eaux souterraines dans le désert à l’ouest de l’Egypte, rendant plus coûteuse l’extraction de l’eau dans cette zone, a-t-il remarqué.

Pendant ce temps, le ministre algérien des Ressources en Eau, Abdelmalek Sellal, a annoncé dans une interview à Radio Algérie le mois dernier (21 avril) que le pays allait lancer une étude scientifique pour enquêter sur la meilleure façon de fournir de l’eau au désert algérien dans sa quête de "promotion d’une utilisation rationnelle des eaux souterraines".

"Le défi que nous devons relever à présent consiste à développer les technologies les moins coûteuses pour extraire les eaux souterraines", souligne El-Arbi Karim, un chercheur en service au ministère algérien des ressources en eau, à SciDev.Net.

L’Egypte travaille également à la mise en place de puits expérimentaux dans le but d’exploiter les eaux souterraines.
Lien vers l’article complet dans Environmental Research Letters
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[REFERENCES]
Environmental Research Letters
doi:10.1088/1748-9326/7/2/024009 (2012)