04/11/11

Bill Gates explique au G20 que l’innovation est la clé du développement

Gates: 'Le monde ne retrouvera pas l'équilibre budgétaire en réduisant l'aide financière' Crédit image: Flickr/ToddABishop

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S’adressant au sommet du G20, Bill Gates a affirmé que l’innovation était cruciale pour le développement et appelé les dirigeants du monde à identifier et financer des innovations.  

Bill Gates vient de demander aux dirigeants de la planète d’investir davantage dans l’innovation pour le développement, tout en présentant l’innovation comme la « force de changement la plus puissante du monde ».

Fondateur de Microsoft et co-président de la Fondation Bill et Melinda Gates, Bill Gates a déclaré lors du sommet du Groupe des 20 pays les plus développés et des économies émergentes (G20) en France hier (3 novembre) que « [l]’innovation modifie fondamentalement la trajectoire du développement ».

Ce rapport, intitulé: ‘Mettre à profit l’impact de l’innovation pour financer le développement du 21ème siècle’ présenté aux dirigeants du G20 a été rédigé à la demande de Nicolas Sarkozy, le président français, afin de proposer des stratégies créatives pour trouver davantage de financements pour l’aide au développement.

Selon Gates, en dépit de quelques succès, « l’innovation n’a pas joué le rôle important qui devrait être le sien dans le développement ».

« Certaines innovations profitent rapidement aux pays riches mais il faut attendre des décennies pour qu’elles arrivent dans les pays pauvres. La vitesse de l’innovation, surtout pour les pauvres, est trop lente. Je suis cependant convaincu qu’on peut l’accélérer, et les pays du G20 en pleine croissance économique sont les mieux placés pour servir de moteur à cette amélioration ».

Il a plus particulièrement affirmé que le G20 devait identifier « les innovations prioritaires pour le développement ».

« Notre fondation serait heureuse de participer à ce processus. En s’appuyant sur une liste précise d’innovations, le G20 peut contribuer à négocier des accords où les pays membres s’engageraient à collaborer sur des innovations précises. Cette approche peut accélérer l’innovation dans plusieurs domaines-clés du développement, notamment  l’agriculture, la santé, l’éducation, la gouvernance, et les infrastructures ».

Adrian Ely, membre du Centre STEPS (Social, Technological and Environmental Pathways to Sustainability) de l’Université du Sussex, au Royaume-Uni, et chef du projet « Innovation, durabilité, développement : un nouveau manifeste, s’accorde pour dire que l’innovation peut modifier la trajectoire du développement.

« Mais l’innovation est multiforme, elle va au-delà de l’innovation technologique. Elle comprend également l’innovation de la structure des organisations, l’élaboration des programmes, l’allocation des financements, et la garantie de la transparence. Ces innovations sont importantes en elles-mêmes et peuvent favoriser le développement de celles que Gates propose ».

Kevin Urama, directeur exécutif du Réseau africain d’études des politiques africaines de technologie (ATPS) au Kenya déclare à SciDev.Net : « Je suis parfaitement d’accord avec la position du rapport de Bill Gates sur la question. La meilleure stratégie de promotion du développement passe par une innovation responsable ».

Mais il souligne que les types d’innovation à soutenir varieront en fonction des systèmes d’innovation et des conditions socioéconomiques des pays, et ceci doit faire l’objet d’évaluations.

Urama qui a contribué à l’élaboration du Manifeste africain sur la science, la technologie et l’innovation lancé l’an dernier, ajoute : « La question essentielle du développement économique n’est plus de savoir si les pays doivent se doter de capacités d’innovations mais plutôt quel type de capacités ils doivent acquérir et comment y arriver, compte tenu des problèmes économiques et des conditions spécifiques de chaque pays ».

Dans son rapport, Gates souligne que les capacités d’innovation dépassent les frontières du monde riche au point que le « modèle binaire  monde développé – monde en développement n’est plus pertinent».

« La capacité d’innovation des pays qui connaissent une croissance rapide constitue l’une des dernières ressources de développement, et potentiellement l’une des plus révolutionnaires. Les pays comme le Brésil, la Chine, l’Inde et le Mexique bénéficient d’une position favorable pour travailler en étroite collaboration avec les pays pauvres grâce à leur expérience récente dans la réduction de la pauvreté et disposent de prodigieuses capacités techniques », explique Gates. «  Cette combinaison unique leur permet de bénéficier à la fois des informations et des capacités pour créer des outils révolutionnaires au service du développement ».

Gates a appelé les pays du G20 a coopérer pour créer des partenariats triangulaires entre les pays à forte croissance et les pays pauvres et à y « consacrer plus de financements ». A long terme, précise-t-il, ces partenariats offrent un modèle pour le redéploiement des ressources combinées du monde entier au bénéfice des pays les plus pauvres.

« Les budgets alloues a l’aide financière sont sous pression en raison de la conjoncture économique, mais elle ne représente qu’une très petite proportion des dépenses publiques », poursuit Gates. « Le monde ne va pas retrouver l’équilibre budgétaire en réduisant l’aide financière, alors qu’en revanche  une telle décision pourrait causer des dégâts irréparables à la stabilité mondiale, au potentiel de croissance de l’économie mondiale et aux moyens de survie de millions de personnes ».

Lien vers le rapport complet  [1.72MB]