11/02/09

Scientifiques : Réveillez-vous et communiquez !

Les scientifiques 'communiquants' doivent mettre leurs connaissances en commun en dehors des grilles de l'université Crédit image: Flickr/womensnet_gallery

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Selon Valerie Corfield, les chercheurs dans les pays en développement doivent devenir des ‘scientifiques communiquants’, en mettant en commun leurs connaissances en dehors des grilles de l’université. 

En tant que scientifiques, la majorité d’entre nous admet que des activités liées à des  ‘engagements’ telles que l’information des  décideurs politiques sur les progrès scientifiques et technologiques et la stimulation de la curiosité scientifique chez les jeunes sont essentielles pour la création d’une société rompue à la technologie. Nous ne pouvons pas nous permettre d’etre  isolés de nos collègues, du public et de la scène politique.

Or, d’après mon expérience personnelle en Afrique du sud, les scientifiques ‘communiquants’ sont souvent des voix solitaires, incapables de porter loin, ou parfois même de soutenir leurs efforts.

Pour l’Afrique du sud, cette situation est partiellement due à  notre histoire politique récente , qui a promu une approche en cascade de la communication scientifique, avec un financement faible pour les activités de communication publique.

L’ accent mis sur la recherche tout en omettant de diffuser les résultats aupres d’un public plus large a contribué à entretenir des inégalités durables dans le domaine de l’éducation.

Jusqu’à une date récente, à l’instar de nombreux pays en développement, des mesures incitatives pour forcer les chercheurs à s’impliquer dans des programmes de communication ou à les soutenir, étaient pour ainsi dire inexistantes.   

Changement des comportements

Mais progressivement, suivant les initiatives prises par d’autres pays, et les exigences croissantes des donateurs internationaux, qui exigeaient que les résultats de la recherche soient traduits soient diffusés auprès du  grand public, les organismes de financement sud-africains se sont mis à interroger les chercheurs sur  les méthodes de diffusion de leurs travaux auprès de la communauté’.

Un nombre croissant d’exemples de réussite illustre ce changement de comportement. Par exemple, une initiative contre la tuberculose soutenue par la Fondation nationale sud-africaine pour la recherche a organisé des journées d’information, d’interaction et de sports de loisirs à l’intention des communautés de l’ouest du Cap. Cette fondation finance actuellement les activités d’assistance et de communication.

Le SciFest Africa annuel et les semaines scientifiques nationales organisés par le Département sud-africain de la science et de la technologie promeuvent également les rencontres entre les scientifiques, les ‘communiquants’ scientifiques et même certains hommes politiques. Les centres scientifiques et les festivals peuvent servir d’intermédiaires et sont d’excellents moyens de création d’opportunités durables de dialogue entre les scientifiques et le public.

Bien sûr, certains secteurs scientifiques  offrent davantage  d’opportunités d’associer  le public à ces manifestations. Les animaux charismatiques, par exemple, captivent l’imagination des gens et peuvent être utilisés pour évoquer des questions environnementales et globales plus générales. La recherche sur les crapauds léopards, les dauphins, les tortues, et même  les requins et les vautours est un engagement lié au public qui a été couronné de succès ici en Afrique du sud.

D’autres domaines intéressent beaucoup plus directement les décideurs politiques, par exemple la recherche relative aux ressources d’eau douce, à l’alimentation et à la santé publique. Dans ces domaines, les scientifiques sont bien placés pour présenter la pensée la plus récente et donner des conseils avisés. Le Conseil sud-africain pour la recherche médicale le reconnaît maintenant et encourage les scientifiques à publier des documents de politique fondés sur des données probantes. Il utilise ces documents pour évaluer les performances qui donnent lieu à des primes et à une promotion.

La clé de l’avenir

Comment pouvons-nous nous utiliser ces efforts  pour l’avenir? Les scientifiques doivent devenir proactifs et constituer un réseau de contacts s’étendant au-delà de leur propre corporation universitaire. Ils devraient également reconnaître la valeur des intermédiaires dans le domaine des sciences, tels que les centres scientifiques et les bureaux de traduction des résultats des recherches des agences de financement.  

Ils doivent créer un groupe de pression pour contraindre les institutions et le gouvernement à reconnaître l’importance de la mise en commun des résultats de la recherche dans une langue accessible.

Ils doivent également les sensibiliser sur la nécessité de l’octroi de subventions et des pri destinés à financer des activités liées à des engagements  

Il est également important de reconnaître qu’etre un scientifique ‘communiquant’ engage le chercheur à prêcher la bonne parole. Ceci veut dire former des ‘facilitateurs dans les langues maternelles des interlocuteurs’ – par exemple, former dans les centres scientifiques des personnels qui parlent couramment les langues locales telles que le Zoulou. Cela signifie également  prendre part à des conférences pour présenter les travaux aux ‘communiquant’ scientifiques – ceux qui suivent une formation de communication scientifique mais ne savent pas appliquer la méthode..

Ils doivent également rester fideles à leur public plus traditionnel, aux conférences scientifiques portant sur les travaux, a leurs activités liées à des engagements couronnées de succès.

Plus que tout, être un scientifique ‘communiquant’ implique d’etre coopératif – par exemple, en explorant des ressources ‘shareware’ nouvelles, durables qui peuvent être empruntées ou stockées électroniquement afin d’etre reproduits. Les scientifiques ‘communiquants’ qui connaissent le succès ne gardent pas égoïstement leurs succès pour eux – par exemple, lorsqu’ils sont invités à parler à des hommes politiques, ils saisissent cette opportunité pour faire circuler une liste de leurs collègues intervenant sur des sujets pertinents.  

Scientifiques ‘communiquants’ dans le monde en développement: il est temps de vous réveiller, de vous retrouver et de vous impliquer.

Valerie Corfield est un professeur associé au US/MRC Centre for Molecular and Cellular Biology, à l’Université de Stellenbosch, en Afrique du sud