09/03/12

Le Sommet de Rio risque ‘d’ignorer’ les forêts

Les chercheurs craignent que les forêts soient ignorées au Sommet de Rio Crédit image: Flickr/wildxplorer

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Les forêts sont à peine mentionnées dans le projet d’accord international qui sera négocié lors du Sommet de la Terre Rio+20 plus tard cette année (du 20 au 22 juin), regrette l’institution représentant 15.000 chercheurs spécialistes de la forêt dans le monde.

Les forêts abritent des ressources essentielles à la survie de 1,6 milliards de personnes, mais un seul paragraphe leur est consacré dans le ‘draft zéro’, le document de base des négociations menées entre les gouvernements et devant aboutir à la signature d’un accord à la conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) au Brésil.

En soulignant le problème, l’Union internationale des instituts de recherches forestières (International Union of Forest Research Organisations ou IUFRO) a critiqué le 28 février dernier le Conseil international des unions scientifiques (International Council for Science ou ICSU), qui a codirigé la contribution officielle de la communauté scientifique et technologique internationale au processus de Rio+20.

"Il n’y a que trois références explicites aux forêts dans tout le document [de l’ICSU]", fait remarquer Michael Kleine, directeur exécutif adjoint de l’IUFRO. Il s’accorde avec l’essentiel de la contribution de l’ICSU mais regrette que "l’importance des forêts [ne soit] mentionnée que dans le cadre de la conservation de la biodiversité".

"C’est bien trop peu et ça ne tient pas compte de la valeur réelle de la vaste gamme de biens et services qu’offrent les forêts", ajoute-t-il.

L’an dernier, l’IUFRO a mené des consultations pendant trois mois auprès de ses 650 institutions membres. Elles se sont soldées par l’énoncé d’une position proposé par l’ICSU pour être inclus dans le processus Rio+20. L’IUFRO a également contribué aux négociations de Rio+20 à travers le Partenariat collaboratif sur les forêts, un organe consultatif technique émanant du Forum des Nations Unies sur les forêts.

"Nous nous serions attendus à voir [dans la proposition de l’ICSU] quelques mots au moins sur le rôle que tiennent les forêts dans le bien-être futur de l’humanité et dans la transition vers l’économie verte en termes d’énergie", ajoute Kleine.

Louis Verchot, chercheur principal au Centre indonésien de recherche forestière internationale (Centre for International Forestry Research  ou CIFOR)  s’est fait l’écho de cette critique.

"L’absence des forêts dans le programme de cette année est frappante", affirme-t-il dans son post du 14 février sur un blog. "Les décideurs politiques doivent reconnaître que les forêts sont vitales pour le relèvement de tous les grands défis au programme de la conférence."

Peter Bates, responsable scientifique de l’ICSU à l’origine des ateliers régionaux qui se sont tenus à travers le monde pour trouver un consensus sur les propositions à faire à la conférence Rio+20, dit que l’Organisation a choisi une approche stratégique pour sa proposition.

"L’essentiel pour nous était d’aborder les questions générales", dit-il, ajoutant que l’ICSU a choisi d’insister sur les points qui pourraient influencer spécifiquement les deux thèmes principaux de la conférence, l’économie verte et la mise en place d’un cadre institutionnel pour le développement durable."

"Nous avons été exhortés à réfléchir à des questions nouvelles et émergentes qui n’avaient pas été abordées lors de la première conférence, il y a 20 ans", dit-il. Il  a cependant reconnu que certaines questions, examinées en détail pendant le Sommet de la Terre de 1992, doivent à présent être réévaluées.

"L’essentiel, ce n’est pas le nombre de fois que l’on aborde un sujet mais la qualité du langage et la rigueur des engagements. Pour le moment, le [projet zéro] est extrêmement léger sur cet aspect. Il dépasse à peine la reconnaissance d’un problème. La prochaine étape est de travailler sur le langage dur et sur la transparence", précise-t-il.

Maintenant que s’est refermée la fenêtre ouverte aux organisations non gouvernementales pour faire leurs propositions, l’IUFRO a appelé ses membres à soutenir sa position par d’autres moyens, en déclarant que "le seul moyen de souligner davantage l’importance des questions forestières et des sciences forestières passera par une participation physique aux… réunions".

Les deux réunions scientifiques clés pendant lesquelles l’IUFRO espère faire passer son message sont la conférence Planet Under Pressure (Planète sous pression) prévue à Londres du 26 au 29 mars et le Forum sur la science, la technologie et l’innovation et le développement durable, qui se tiendra au Brésil juste avant la Conférence Rio+20.