26/05/11

L’Afrique publie une première enquête sur son secteur scientifique

La recherché africaine reste dominée par les hommes Crédit image: Flickr/CIMMYT

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[ADDIS ABEBA] Une importante enquête panafricaine sur la science, la technologie et l’innovation (ST&I) dont l’objectif est de déterminer la situation de la science sur le continent afin de contribuer à l’élaboration des politiques scientifiques, a été publiée hier (24 mai).

Le rapport ‘Perspectives de l’Innovation africaine 2010’ (Africa Innovation Outlook 2010), dirigé par l’Initiative africaine sur les Indicateurs de la Science, de la Technologie et de l’Innovation (ASTII) et publié à l’occasion d’une table ronde organisée à Addis-Abeba en Ethiopie, regroupe des informations sur 19 pays du continent dans l’objectif de combler le déficit d’indicateurs sur le statut de la science en Afrique.

Pour Estherine Lisinge Fotabong, conseillère environnementale auprès de l’Agence de planification et de coordination du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, organisme qui gère l’initiative ASTII, ‘nous devons renforcer les capacités sur notre continent pour permettre à nos populations non seulement de collecter les données mais aussi de les analyser et de les transformer en outils d’élaboration des politiques’.

‘Cette enquête est très importante pour la transformation socio-économique de l’Afrique. C’est une étape capitale de franchie dans nos efforts de développement’.

Le rapport comprend six chapitres qui traitent successivement des défis du développement économique et humain qui se posent à la ST&I ; des activités de recherche et développement (R&D) ; de l’innovation, l’analyse bibliométrique de la production scientifique ; et des recommandations pour relever les défis identifiés par le rapport.

L’étude affirme que la part de l’Afrique dans les activités scientifiques dans le monde continue de baisser, et pour qu’elle devienne compétitive, il ‘faudra accroître les investissements dans le développement du capital humain, le renforcement des institutions et infrastructures scientifiques, et augmenter de façon significative le financement de la science’.

Le secteur est dominé par des professeurs provenant de grandes universités, et depuis 1990 s’est opéré un déplacement du centre d’intérêt de la recherche agricole vers la médecine.

L’enquête conclut également que si l’innovation est omniprésente dans les entreprises, elle est mue par les idées et la collaboration des clients et des consommateurs, ainsi que l’acquisition des machines et équipements nouveaux, plutôt que d’être inspirée par les institutions publiques de recherche et les universités. Les principaux obstacles à l’innovation identifiés par le rapport sont les coûts, la domination des entreprises installées, le manque d’information sur les technologies et les marchés, et le manque d’un personnel qualifié.

Seuls trois des pays étudiés, à savoir le Malawi, l’Ouganda et l’Afrique du Sud, consacrent plus de un pour cent du produit intérieur brut (PIB) à la R&D, objectif pourtant formulé par l’Union africaine (UA) en 2006. Les dix autres pays étudiés y ont consacré moins de 0,5 pour cent du PIB. La participation des femmes à la R&D est forte dans plusieurs Etats, comme la Tanzanie et l’Afrique du Sud où le taux est supérieur à 40 pour cent, suivis du Mozambique et de l’Ouganda.

‘Ces indicateurs seront utiles pour le développement socio-économique, fourniront des données statistiques fiables et directement accessibles et stimuleront, on peut l’espérer, un appel à l’action’, affirme Razak Sanusi, du Bureau nigérian des statistiques.

Néanmoins, Watu Wamae de RAND Europe, un institut de recherche à but non lucratif basé au Royaume-Uni et spécialisé dans l’élaboration des politiques, prévient que les statistiques à elles seules ne développeront la ST&I.

‘En Afrique, la politique de l’innovation doit veiller à combler des lacunes comme l’accessibilité aux innovations. Si cet accès présente des écueils, ce serait tout aussi mauvais que l’absence d’innovation’.

Dix-neuf pays participent à l’initiative ASTII : l’Algérie, l’Angola, le Burkina Faso, le Cameroun, l’Egypte, l’Ethiopie, le Gabon, le Ghana, le Kenya, le Lesotho, le Malawi, le Mali, le Mozambique, le Nigéria, le Sénégal, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie. L’enquête a été financée par l’Agence suédoise de coopération et de développement international.

Les données de l’ASTII seront conservées par l’Observatoire africain pour la science, la technologie et l’innovation en Guinée équatoriale.

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