03/10/11

Une technologie égyptienne pour transformer la paille de riz

Cette nouvelle technologie pourrait également permettre de réduire les émissions de dioxyde de carbone Crédit image: Flickr/agapbulusan

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[LE CAIRE] Selon des chercheurs égyptiens, une nouvelle technique de fabrication chimique de pâte pourrait éliminer les déchets en transformant la paille de riz en papier ainsi qu’en insecticide bon marché permettant de contrôler les moustiques.

La première unité industrielle s’appuyant sur cette nouvelle technologie devrait ouvrir ses portes en décembre à proximité des exploitations de Noubariya, à 120 kilomètres au nord du Caire.

Selon une étude de faisabilité économique, l’utilisation de cette technologie pourrait rapporter environ 85 millions de dollars américains nets (64 millions d’euros) pour un million de tonnes de pailles de riz recyclées, et entraîner la création de 100 000 emplois. Elle permettrait également de réduire de 85 000 tonnes les émissions de dioxyde de carbone générées par la combustion de la paille.

Les résultats de cette étude ont encouragé le programme Research Development and Innovation (RDI), qui est soutenu par un projet de l’Union européenne visant à renforcer le transfert d’innovations et de technologies en Égypte, à financer le coût de l’unité industrielle s’élevant à 500 000 dollars américains (soit 377 300 euros).

Le Bureau égyptien des brevets a délivré, en 2010, un brevet concernant cette technologie au Département de recherches sur les industries chimiques du Centre national de recherches égyptien. Galal A. Nawwar, directeur de ce département, a déclaré à SciDev.Net que la paille de riz offrait l’un des exemples les plus saillants de produit réalisé à partir de déchets agricoles en Égypte.

"Tous les ans, les quatre millions de tonnes qui sont brûlées représentent une perte économique et engendrent des problèmes environnementaux dus à la pollution de l’air", a-t-il déclaré.

Grâce à cette méthode, la pâte obtenue en extrayant plus de 65 pour cent de la paille de riz sera utilisée dans l’industrie du papier et du carton.

Selon G. A. Nawar, les technologies qui sont utilisées actuellement transforment seulement 30 pour cent de la paille de riz en pâte utile, le reste constituant des déchets.

Maha Al Khatib, l’un des chercheurs de ce département, a expliqué que ce processus consistait à extraire la cellulose de la paille pour en faire du papier et des matériaux phénoliques naturels.

Les matériaux phénoliques sont purifiés pour produire un insecticide qui est "naturel et non toxique pour l’homme" tout en étant efficace contre les mouches et les moustiques culex pipiens, lesquels sont fréquents en Égypte ainsi que dans plusieurs autres pays africains, et transmettent la filariose lymphatique, une infection mortelle due à un nématode.

Gamal M. Siam, Professeur d’économie agricole à l’Université du Caire, a mis en garde contre le fait que les avantages de cette nouvelle technologie dépendront en partie de la manière dont elle sera appliquée et présentée aux agriculteurs.

Selon lui, "toute idée qui ne propose pas de mécanisme pour transporter la paille de riz depuis les champs des agriculteurs jusqu’aux unités industrielles est vouée à l’échec, y compris si la technologie qu’elle utilise est efficace".

Pour que cette méthode fonctionne, elle "doit apporter une valeur ajoutée aux agriculteurs afin que les 4,5 millions de cultivateurs de riz que compte l’Égypte cessent de brûler la paille dans leurs champs".