22/03/10

Un Internet faible entrave l’accès de l’Afrique aux données satellitaires

Cyber Cafe Internet Africa
Crédit image: Flickr/oneVillage Initiative

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Selon certains chercheurs, une décision pourtant historique d'autoriser le libre accès à des données essentielles à l'observation de la Terre n'a pas à ce jour eu suffisamment d'impact sur l'Afrique, en raison de la faiblesse des connexions Internet sur le continent.

En Janvier 2008, le US Geological Survey a pris la décision d'autoriser le libre accès aux données d'observation de la Terre recueillies par satellite Landsat – un accord portant sur près de 40 ans d'images, appelées aussi des 'scènes'. Ces données peuvent être utilisées pour surveiller les changements que connait la Terre, comme les effets des changements climatiques sur les cultures, ou l'urbanisation.

Mais un examen de l'assimilation des données par l'Afrique, publié en ligne sous la forme d'une lettre adressée à Remote Sensing Letters le mois dernier (23 février), a permis de constater que l'absence de connectivité Internet entre les Etats-Unis et l'Afrique constituait un obstacle "fondamental et sérieux".

Les auteurs ont également constaté un manque d'éducation en matière de télédétection ; une méconnaissance de la façon dont les données pourraient être utilisées et de qui pourrait les utiliser ; et l'insuffisance d'infrastructures et de capacités susceptibles de favoriser une bonne utilisation de ces données.

La question de l'insuffisance d'accès à Internet "constitue une contrainte courante fondamentale et sérieuse en Afrique, où la majorité des pays ont une capacité d'accès à Internet limitée", affirment les auteurs de la lettre, dont David Roy, un spécialiste de la télédétection à l'Université de l'Etat de Dakota du Sud, aux États-Unis.

“Les problèmes liés à l'établissement de réseaux à l'intérieur des pays et aux règlements des gouvernements africains pourraient continuer à restreindre l'accès à Internet sur tout le continent.”


Cheikh Mbow, spécialiste en télédétection

"Vous avez ce recueil de données cohérent, et à long terme … qui vous permet d'apprécier la manière dont l'utilisation du sol a évolué pendant tout ce temps. Mais en Afrique, la connectivité d'Internet entrave véritablement la capacité des chercheurs à accéder à ces données gratuites".

Cheikh Mbow, spécialiste en télédétection auprès de l'Institut des Sciences environnementales à l'Université Cheikh Anta Diop, au Sénégal, confirme ces propos. "Au Sénégal, le téléchargement d'une scène me prend toute une nuit. Aux Etats-Unis, je pourrais télécharger au moins 50 scènes ".

Les connexions à l'intérieur des pays ne sont guère mieux, avec une moyenne d'un peu plus de 256 kilo-octets par seconde, ce qui rend difficile le téléchargement d'une scène Landsat de 250 mégaoctets.

Les données provenant d'autres satellites sont plus faciles d'accès, parce qu'elles peuvent être transférées directement aux satellites-stations de réception en Afrique, à mesure que les satellites passent au dessus du continent. Mais aucune station de réception du satellite Landsat, dont les coûts de construction sont prohibitifs, n'existe en Afrique sub-saharienne, se lamente Mbow, co-auteur de l'article.

Les câbles sous-marins et les liaisons terrestres résoudront le problème, affirment les auteurs. Mais "les problèmes liés à l'établissement de réseaux à l'intérieur des pays et aux règlements des gouvernements africains pourraient continuer à restreindre l'accès à Internet sur tout le continent".

Ainsi, Russell Southwood de Balancing Act, un cabinet-conseil basé au Royaume-Uni et spécialiste des communications africaines, s'attend à une amélioration spectaculaire de la connectivité sur le continent.

Lien vers la lettre complète dans Remote Sensing Letters