16/06/11

Les données climatiques pourraient faciliter la prévision des épidémies de choléra

Une hausse des températures et des précipitations pourraient entraîner plus de cas de choléra Crédit image: Flickr/trimmer741

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[MONTEVIDEO] D’après une étude, les autorités chargées de la santé publique pourraient être en mesure de prévoir avec plusieurs mois d’avance les épidémies de choléra, en examinant les statistiques relatives aux températures et à la pluviométrie.

En observant les épidémies de choléra à Zanzibar, en Tanzanie, des chercheurs ont constaté qu’elles coïncidaient avec les hausses des températures et de la pluviométrie.

D’après leurs calculs, les cas de choléra avaient doublé quatre mois après une augmentation d’un degré Celsius, de 23 à 24 degrés. De même, deux mois après une augmentation de 20 centimètres des précipitations, le nombre de cas de choléra s’était multiplié par 1,6.

"Notre modèle, basé sur ces deux paramètres, a permis de prévoir correctement les cas de choléra à Zanzibar, et pourrait servir à prédire les épidémies potentielles", a déclaré à SciDev.Net Mohammad Ali, chercheur à l’International Vaccine Institute de Séoul, en Corée du Sud, et l’un des auteurs de cette étude.

D’après cette étude, publiée dans l’édition de juin de The American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, les rapports mensuels de surveillance du choléra établis entre 1997 et 2006 ont permis aux chercheurs de cartographier les épidémies sur le temps. Ils ont ensuite été comparés aux données environnementales mensuelles disponibles pour cette même période.

Ils ont conclu d’une part, que les épidémies de choléra étaient étroitement liées à une hausse de la moyenne mensuelle des températures minimum et des niveaux de précipitation, et d’autre part, que ces données pourraient servir à mettre en place un système de prévision fiable pour la maladie.

Cela permettrait aux autorités chargées de la santé publique de préparer des interventions efficaces et rentables, notamment des programmes de vaccination, afin d’endiguer les épidémies avant leur apparition.

"Nous pensons que ces deux variables climatiques, les températures et la pluviométrie, peuvent être utilisées pour faire des prévisions dans d’autres pays", a déclaré M. Ali. "Nous travaillons actuellement sur le même type de données recueillies au Bangladesh. D’après nos premiers résultats, l’amplification du choléra dans cette partie du monde est également liée aux températures".

"Certains pays ne disposent toutefois pas de données fiables suffisantes sur l’incidence du choléra", a ajouté M. Ali, "ce qui empêche de développer des modèles de prévision similaires".

"Je ne pense pas qu’un tel modèle puisse être développé dans tous les pays", a déclaré M. Ali. "Nous pouvons néanmoins indiquer que les pays limitrophes de la Tanzanie, dont les infrastructures hydrauliques et sanitaires sont similaires, pourraient bénéficier de ce modèle".

Il apparaît également dans cette étude qu’en raison du réchauffement de la planète, il est probable que l’incidence du choléra augmente dans plusieurs régions du monde dotées de faibles ressources.

Shafiqul Islam, Professeur d’ingénierie à la Tufts University, aux États-Unis, spécialiste des questions liées à l’eau, a cependant indiqué que "la période étudiée [six ans] est trop courte pour invoquer des arguments ‘climatiques’".

"Les mécanismes physiques ayant une importance quant aux épidémies de choléra dans la région de Zanzibar ne sont pas clairs. Il sera particulièrement difficile de valider un quelconque modèle de prévision du choléra si on ne comprend pas les processus environnementaux sous-jacents", a-t-il déclaré.

Peter Hotez, expert en maladies tropicales à la George Washington University, aux États-Unis et Président de l’American Society of Tropical Medicine and Hygiene, a déclaré : "Il s’agit d’une étude passionnante qui pourrait potentiellement établir un lien entre les changements climatiques en Afrique et l’émergence du choléra. Au cours des dernières années, nous avons connu des épidémies prolongées de choléra en Angola, au Zimbabwe et partout sur le continent ; cette étude pourrait nous permettre d’expliquer en partie cette hausse".

"La sonnette d’alarme a également été tirée quant à de nouvelles épidémies potentielles en Afrique, et nous devons envisager d’intensifier les interventions dans le domaine de la santé publique, y compris le vaccin contre le choléra".

Lien vers l’article complet publié dans The American Journal of Tropical Medicine and Hygiene (en anglais)