21/12/12

La hausse des émissions doublerait la taille des patates douces

Le volume des patates douces pourrait doubler avec des concentrations de dioxyde de carbone plus élevées. Crédit image: Forest & Kim Starr

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[LIMA] Selon les conclusions d’une étude, des taux plus élevés de concentration de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère résultant des émissions liées aux activités humaines pourraient entraîner une augmentation du volume des patates douces, aliment de base dans de nombreux pays africains et asiatiques.

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  • La taille des patates douces cultivées dans des milieux à forte concentration en dioxyde de carbone a été pratiquement multipliée par deux
  • Des chercheurs étudient les conséquences de l’augmentation de volume sur la valeur nutritionnelle
  • Pourtant, une planète plus chaude pourrait freiner la croissance de la plante

Réalisée par une équipe de chercheurs de l’Université d’Hawaii aux Etats-Unis, l’étude prévoit des patates douces deux fois plus volumineuses, au vu des niveaux de CO2  prévus d’ici la fin du siècle. L’équipe de chercheurs a présenté leurs résultats à l’occasion d’une réunion de l’American Geophysical Union (Union américaine de géophysique) du 3 au 7 décembre derniers à San Francisco.

En utilisant deux types d’engrais, les chercheurs ont cultivé une variété de patate douce à chair blanche originaire d’Hawaii, à des niveaux actuels de concentration de CO2 correspondant à 352 parties par million (ppm), et dans trois milieux à forte teneur de CO2, à 763,1108 et 1515 ppm.

Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les niveaux de concentration de CO2 dans l’atmosphère se situeront à entre 500 et 1000 ppm d’ici 2100.

Même à 763 ppm de CO2, la taille des patates douces a augmenté de 96 pour cent.

Pour Ben Czeck, membre de l’équipe de recherche, "il est plus que probable que les niveaux de concentration de CO2 seront bien supérieurs à ceux prévus initialement. De ce fait, il est important de comprendre comment les plantes vont réagir à des concentrations de CO2 beaucoup plus élevées".

Il affirme par ailleurs que les changements climatiques causeront plus de dégâts dans les pays en développement qui dépendent fortement des plantes à racines comme la patate douce.

Czeck explique que les chercheurs veulent à présent savoir si la culture de patates douces plus volumineuses aura un impact négatif sur leur valeur nutritionnelle.

Des études précédentes ont révélé que la teneur en protéines du blé, du riz, de l’orge et des pommes de terre baisse de 15 pour cent lorsqu’ils sont cultivés dans des concentrations de CO2 deux fois supérieurs aux niveaux actuels. Cette baisse est due à une série d’impacts sur la physiologie des plantes découlant des niveaux élevés de ce gaz.

"Les éléments nutritionnels qui nous intéressent sont les calories, les fibres diététiques, les protéines, les sucres, les microminéraux et les macrominéraux," souligne Czeck.

Les variétés de patate douce à chair orange et à chair violette sont riches en bêta-carotène, que l’organisme transforme en vitamine A. Elles sont cultivées dans le but de lutter contre la malnutrition infantile dans les pays d’Afrique subsaharienne.

Pour Gabriela Burgos, qui dirige le laboratoire Qualité et Nutrition du Centre international de la pomme de terre (CIP) au Pérou, il est donc essentiel de comprendre comment des concentrations élevées de CO2 affecteront les cultures à racines et les tubercules, composants clés de l’alimentation d’une partie importante de la population mondiale.

"Au CIP, nous essayons d’améliorer la valeur nutritionnelle des variétés de pomme de terre et de patate douce, mais si dans quelques années ces variétés deviennent trop grosses, leur valeur nutritionnelle pourrait être réduite", prévient-elle. Il est bon de prendre des dispositions pour faire face aux changements attendus, ajoute-t-elle.

Pourtant, pour Wolfang Gruneberg, généticien au CIP et obtenteur de la patate douce, le vrai problème ne vient pas des concentrations élevées de CO2 dans l’atmosphère, mais de l’impact des températures élevées sur les plantes.

"Les plantes utilisent l’eau pour se rafraîchir. Dans les régions tropicales, de nombreuses localités sont confrontées à la sécheresse. Alors le problème ce ne sera pas le dioxyde de carbone mais plutôt la chaleur [supplémentaire] qui sera générée".

Le CIP est évalue actuellement les plages de température que les patates douces sont capables de supporter. Dans cette optique, Gruneberg cultive dans les parties les plus chaudes du Nord du Pérou, plusieurs variétés de patate douce issues de la banque génétique du CIP, la plus fournie au monde.

Lien vers le poster de la présentation