06/11/13

Changements climatiques: un impact limité sur la production de coton au Cameroun

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Crédit image: Flickr/Carsten ten Brink

Lecture rapide

  • Selon une étude de l'IRD, les changements climatiques dans le Nord du Cameroun auraient un impact positif sur la production cotonnière
  • Cette situation est due à une technique culturale utilisée dans la région: le semis direct sous couvert végétal
  • Mais selon des milieux scientifiques camerounais, la technique en question a un coût, dans un contexte de pauvreté.

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[YAOUNDE] Une étude des chercheurs de l'IRD (Institut de recherche pour le développement) et de ses partenaires du CIRAD (Centre International pour la recherche Agricole pour le développement) et du centre Régional agricole de Maroua (extrême nord), révèle que les changements climatiques n'impacteraient pas négativement la production de coton dans la partie septentrionale du Cameroun.

La productivité serait même améliorée, peut-on lire dans le numéro du mois d'octobre d'Actualité Scientifique, la revue de l'IRD.

Sur la base des observations dans des stations climatiques et sur des parcelles, de 2001 à 2005 et 2010, les chercheurs (Benjamin Sultan, Antoine Leblois, Edward Gérardeaux) ont expérimenté l'effet du réchauffement climatique sur la productivité du coton dans le nord du Cameroun, à l'horizon 2050.

Avec des précipitations stables et une augmentation moyenne de la température de 0,05 degrés par an notamment, les simulations montrent une augmentation de la productivité de coton, évaluée entre 1,3 kg et 2,5 kg à l'hectare.

Cette amélioration serait due, d'après l'étude, à la technique culturale utilisée par les cotonculteurs du nord Cameroun : le semis direct sous couvert végétal.

En d'autres termes, il s'agit d'une technique consistant à semer directement le coton sans labourer le champ. Cette technique présente l'avantage de conserver le couvert végétal.

Le champ conserve alors les résidus de la précédente culture de coton.

L'avantage de la technique est qu'en cas de pluie, le sol n'est pas lessivé.

“Le principal inconvénient,(…) c'est le coût relativement élevé de l'opération… avec notamment l'achat des herbicides.”

Birang A. Madong, pédologue, spécialiste en fertilité et biologie des sols, Cameroun

Les pertes d'eau sont limitées, de même que les intrants servant à la culture du coton. Ce qui rend le sol plus fertile.

Par ailleurs, l'étude révèle que l'augmentation du taux de gaz carbonique rejeté par la plante est à même d'augmenter la productivité de 30 kg par hectare.

Pour autant, les chercheurs soulignent l'appauvrissement des sols et les dangers d'une pluviométrie abondante sur le coton du nord Cameroun.

Contacté par SciDev.Net, le chercheur camerounais Birang A. Madong, pédologue, spécialiste en fertilité et biologie des sols au ministère de la recherche, estime que la technique du semis direct sous couvert végétal (consistant à semer directement en laissant en permanence le couvert végétal) présente l'avantage de réduire l'érosion – la principale cause de la dégradation des sols –, d'assurer l'humidité et même de prévenir les effets du changement climatique.

“Le principal inconvénient, en dehors de la pénibilité, dans un environnement de pauvreté, estime-t-il, c'est le coût relativement élevé de l'opération… avec notamment l'achat des herbicides."
 
La pertinence de la technique du couvert sous semi-végétal est telle que “les autorités camerounaises vulgarisent actuellement cette technique auprès des paysans“, souligne le chercheur.

Avec une production de 200 000 tonnes en 2012, le coton est l'une des principales cultures de rente du Cameroun.

Il occupe 30 % des terres cultivables du nord et 260 000 planteurs d'après Hamadou Nouhou, directeur exécutif de la Confédération nationale des producteurs de coton du Cameroun.