23/10/20

Partager les prévisions météo pour prévenir les catastrophes

Floodings in Ouagadougou
Ouagadougou a enregistré des pluies diluviennes au mois de septembre 2020. Crédit image: SDN / A. Nabaloum

Lecture rapide

  • L’alerte précoce permettra d’éviter les dégâts dus aux catastrophes liées au changement climatique
  • Les experts invitent les services météorologiques à travailler de concert et à se partager l’information
  • Les catastrophes naturelles ont déjà affecté 17 705 ménages et fait 41 victimes au Burkina Faso en 2020

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[OUAGADOUGOU] Les pays du bassin de la Volta (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Togo) sont convaincus que l’alerte précoce est un moyen idéal pour éviter les dégâts dus aux aléas climatiques, mais aussi pour rendre les populations plus résilientes.
 
« Conscient que nos capacités humaines ne peuvent pas empêcher les phénomènes hydro-climatiques extrêmes de se produire, nous devons faire montre d’anticipation et de synergie dans nos actions en vue d’endiguer ou d’atténuer sensiblement les effets néfastes encourus par nos vaillantes populations », explique Robert Dessouassi, directeur exécutif de l’Autorité du bassin de la Volta.
 
Concrètement, explique ce dernier, le système d’alerte permettra de sécuriser les biens et les personnes. En somme, il estime, que c’est un meilleur outil de gestion et de contrôle des inondations et de la sécheresse. 

“Il faut mettre en place un cadre qui regroupe les structures hydrologiques et météorologiques, les services de l’urbanisme…en vue de la réalisation des cartes d’inondations”

Alfred Dango, ANAM, Burkina Faso

C’est pour renforcer la résilience des pays du bassin de la Volta aux risques d’inondations et de sécheresse que l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a soumis au Fonds d’adaptation, le projet intitulé : « Intégrer la gestion des inondations et de la sécheresse et l’alerte précoce pour l’adaptation au changement climatique dans le bassin de la Volta (VFDM) »
 
Un programme qui se réalise en collaboration avec l’Autorité du bassin de la Volta et le partenariat mondial pour l’eau en Afrique de l’Ouest (GWP-AO).
 
Le directeur exécutif de l’Autorité du bassin de la Volta indique aussi que l’objectif est de parvenir à une compréhension commune des lacunes, des limites et opportunités de chaque aspect du système d’alerte précoce et d’identifier les actions réalisables à mettre en œuvre.
 
Alfred Dango, prévisionniste à l’Agence nationale de la météorologie (ANAM) du Burkina Faso, précise que l’alerte précoce consiste à informer les populations sur une situation météorologique extrême.
 
Pour Serge Traoré, directeur général des ressources en eau du Burkina Faso, il s’agira alors de développer les capacités et les cadres établis au niveau local, national et régional afin de garantir une prise de décision tenant compte des risques, de développer des actions concrètes d’adaptation et respectueuses de l’environnement.
 
La finalité étant d’avoir une approche à même de renforcer les capacités institutionnelles en matière de gestion intégrée des inondations et de la sécheresse au plan transfrontalier.
 
Cette année, l’Afrique de l’Ouest et la région du Sahel font face à des inondations qui font de nombreuses victimes et des dégâts considérables. Depuis avril 2020, le Burkina Faso connaît des cas d’inondations et de vents violents qui affectent l’ensemble de ses treize régions.
 
Les données collectées par les services techniques du ministère en charge de l’action humanitaire font ressortir à la date du 8 septembre 2020 que 17 705 ménages ont été sinistrés pour un total de 106 228 personnes.
 
Parmi elles, l’on compte 50 052 personnes très vulnérables ayant besoin d’une assistance d’urgence. Aussi, a-t-il a été dénombré 41 décès, 112 blessés et 12 378 maisons d’habitation détruites, sans oublier les pertes d’animaux et plus de 500 tonnes de vivres détruits ou emportés par les eaux. Un bilan auquel s’ajoutent des champs inondés.
 

Prévisions

« L’ANAM fait des prévisions sur les précipitations. Mais très souvent pour les inondations, nous n’avons pas tous les éléments nécessaires pour pouvoir faire des alertes », regrette Alfred Dango.
 
C’est pourquoi, il pense que les différentes agences nationales de météorologie doivent se concerter pour mettre en place un système intégré afin de faire face aux catastrophes naturelles et faire des prévisions efficaces sur les inondations.
 
D’après les explications de ce prévisionniste, ce ne sont pas nécessairement les pluies qui tombent localement qui provoquent des inondations. Par exemple, dit-il, de fortes pluies enregistrées au Burkina Faso peuvent provoquer des inondations au Ghana parce que tous les écoulements des eaux convergent vers ce pays.
 
Donc, dit-il, les services météorologiques des autres pays ont aussi besoin des données du Burkina Faso et celles d’autres pays pour prévenir les inondations.
 
« Le bassin du fleuve Niger prend sa source en Guinée et traverse le Mali, le Niger et se jette au Nigéria. Tous ces pays doivent étudier les cas d’inondations et se partager les données pour y faire face », illustre Alfred Dango.
 
Pour une bonne alerte précoce face à ces catastrophes, le prévisionniste souligne qu’il faut des données, des stations météorologiques et hydrologiques et des informations de terrain.
 
« Pour le cas de la météo, nous avons des stations. Mais le problème, c’est la maintenance de ces stations et leur fonctionnement en continue. Il faut mettre en place un cadre qui regroupe les structures hydrologiques et météorologiques, les services de l’urbanisme…en vue de la réalisation des cartes d’inondations », propose-t-il.
 
Pour cela, les acteurs reconnaissent pouvoir compter sur les images satellitaires et les stations automatiques qui, plus qu’hier, rendent les prévisions plus précises et plus efficaces.