07/11/11

La pollution de l’air, à l’origine de cyclones de plus en plus violents

Cyclone
Les émissions des moteurs diesel ont contribué à l’augmentation de la pollution de l’air. Crédit image: Flickr/NASA Goddard Photo and Video

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[DACCA] Selon une étude, les cyclones qui se forment au dessus du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud en raison de la pollution de l’air causée par la suie et les émissions des aérosols, sont de plus en plus destructeurs.

Des variations naturelles au niveau de la vitesse et de la direction du vent à différentes altitudes de l’atmosphère, connues sous le nom de "cisaillement du vent", permettent généralement de maîtriser les cyclones, en scindant les tempêtes de manière efficace avant qu’elles atteignent une certaine taille.

Selon une étude ayant été publiée la semaine dernière (3 novembre) dans Nature, les émissions émanant de sources telles que la combustion de la biomasse ainsi que des véhicules équipés d’un moteur diesel, ont cependant affecté la configuration des vents, en réduisant le cisaillement et en permettant aux cyclones de doubler d’intensité.

Les chercheurs ont comparé les cyclones ayant eu lieu entre 1979 et 1996 à ceux qui ont eu lieu entre 1997 et 2010. Ils ont constaté d’une part, que les cyclones les plus récents étaient jusqu’à trois fois plus intenses, avec des vitesses du vent plus élevées, et d’autre part, que les cinq tempêtes les plus puissantes de cette période ont eu lieu après 1998. Le cisaillement des vents a diminué au cours de la seconde période examinée.

Dans cette région, les émissions des aérosols ont sextuplé depuis les années 1930 au point de former une couche de pollution de trois kilomètres d’épaisseur au-dessus de l’Océan indien. Ce nuage brun atmosphérique d'Asie du Sud absorbe la lumière du soleil, ce qui refroidit l’océan et affecte la circulation des vents.

On savait déjà que la pollution de suie avait un impact sur les moussons et même sur les causes du réchauffement climatique dans la région.

"Je dirais que l’effet sur les cyclones est très fortement lié à l’effet bien connu que ces aérosols ont sur la circulation des moussons et sur les précipitations ; c’est-à-dire leur propension à affaiblir la circulation des moussons et à réduire les précipitations", a déclaré à SciDev.Net, Amato Evan, premier auteur de cette étude et chercheur à l’Université de la Virginie, aux États-Unis.

"Nous sommes en train de démontrer que la pollution causée par l’activité humaine, qu’il s’agisse simplement de faire brûler du bois ou de conduire un véhicule équipé d’un moteur diesel, peut en réalité modifier de manière significative ce gigantesque phénomène atmosphérique. Cela permet de mettre en évidence combien il est important de maîtriser les émissions dans cette région", a déclaré A. Evan dans un communiqué de presse.

"Si vous vivez dans une zone dans laquelle ces puissants cyclones peuvent atteindre le sol, cet effet [les dégâts causés par le cyclone] est lourd de sens", a déclaré Evan à SciDev.Net. "Les cyclones tropicaux les plus intenses ayant eu lieu, dans le passé, dans la Mer d’Arabie ont touché l’Inde, le Pakistan, l’Oman, et l’Iran ; chacun de ces cyclones a entraîné des dégâts considérables et fait de nombreuses victimes".

Ainun Nishat, vice-Président de la BRAC University, au Bangladesh, a déclaré que le nombre de sinistres causés par des cyclones en dehors de la période des moussons en Asie du Sud avait augmenté de manière significative au cours des dernières années.

"L'intensité des vents cycloniques dans le Golfe du Bengale a fortement augmenté comme nous l’avons constaté dans le cas des cyclones tels que Sidr et Aila, lesquels ont été particulièrement destructeurs".

Lien vers l’article complet publié dans Nature (en anglais)

Lien vers le Dossier Special de SciDev.Net sur les cyclones tropicaux dans l’Océan indien (en anglais)