Par: Richa Malhotra
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Une relation inattendue a été établie entre la culture d’un coton génétiquement modifié afin de produire un insecticide qui lui est propre pour réduire les dommages causés par les chenilles, et un nombre plus élevé dans les populations d’un autre insecte nuisible – celle des pucerons.
De précédentes études avaient d’ores et déjà établi un lien entre l'augmentation des pucerons et une utilisation en baisse d'insecticides par les agriculteurs cultivant le coton Bt (Bacillus thuringiensis).
A présent, les chercheurs ont pour la première fois lié la suppression de la production de composés de défense naturelle chez le coton Bt – causée par l’absence d'attaques de chenilles – à une flambée des ravageurs non ciblés comme le puceron du coton.
Les plantes non-transgéniques réagissent à une épidémie de chenilles par la production de composés de défense qui les protègent également contre d'autres ravageurs.
Les chercheurs ont étudié la corrélation qui existe entre les cotonniers Bt et non-Bt, les niveaux des composés de défense et les populations de pucerons à la fois dans des conditions de serre et de terrain.
Dans la serre, ils ont infesté artificiellement les cotonniers Bt et non-Bt de chenilles et ont surveillé les niveaux des différents composés de défense appelés terpénoïdes, libérés en réponse aux dommages causés par les chenilles. Les plantes ont ensuite été artificiellement infestées de pucerons.
Sur le terrain, une gamme de cotonniers Bt et non Bt ont été infestés artificiellement de chenilles et une autre laissée à l'infestation naturelle par les pucerons. Les niveaux de terpénoïdes ont été mesurés et les deux gammes ont ensuite été exposées à des infestations naturelles de pucerons.
Dans la serre, les chenilles présentes sur les cotonniers Bt sont mortes. Moins endommagées, ces plantes comportaient donc moins de composés de défense que les cotonniers non Bt.
Les chercheurs ont donc attribué l'augmentation de la population de pucerons sur ces plantes, en contraste aux plantes non Bt, à la réduction de la production de terpénoïdes.
Bien qu’une augmentation relative du nombre de pucerons ait été observée à quelques occasions sur des cotonniers Bt sur le terrain, les chercheurs n'ont trouvé aucune corrélation entre les populations de pucerons et les niveaux de terpénoïdes dans cette partie de l'expérience.
Jörg Romeis, l'un des auteurs de l'article et chef du groupe de recherche sur la biosécurité à la Station de recherche ART Agroscope Reckenholz-Tänikon, en Suisse, explique comment "l’étude montre qu'une technologie comme le coton Bt ne doit pas être utilisée isolément".
"Pour lutter contre d'autres phytophages, nous devons utiliser cette technologie dans le cadre d’une approche intégrée de lutte antiparasitaire".
Pour TM Manjunath, consultant en agrobiotechnologie et en lutte intégrée antiparasitaire, originaire d’Inde où le coton Bt est cultivé, "ce que cette étude montre avec le coton Bt peut se produire avec n'importe quelle autre mesure de lutte contre les insectes. L’infestation de pucerons et d’autres insectes nuisibles non ciblés a été observée avant l'introduction du coton Bt".
L'étude a été publiée dans le journal Proceedings of the Royal Society B le 13 mars dernier.
Références
Proceedings of the Royal Society B doi: 10.1098/rspb.2013.0042 (2013)