27/04/11

Le projet de loi nigérian sur la biosécurité pourrait être rejeté

Selon les activistes opposés au projet de loi sur la biosécurité, les agriculteurs n'ont pas pu se faire entendre Crédit image: Flickr/Collection de photos de la Banque mondiale

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[ABUJA] Les défenseurs de la technologie modifiant génétiquement (GM) les cultures craignent que les efforts qu’ils ont réalisés depuis quatre ans pour qu’un projet de loi sur la biosécurité soit approuvé au Nigéria aient été vains si le Sénat ne le valide pas avant la fin de son mandat le mois prochain (29 mai).

Le projet de loi de 2007, qui a été approuvé par l’Assemblée nationale en juillet dernier, est aujourd’hui entre les mains du Sénat. Plus de 400 projets de loi, celui-ci inclus, ont été soumis à l’Assemblée nationale entre 2007 et 2010, comme l’a signalé l’Association du Barreau du Nigéria en décembre dernier en soulignant qu’ils devaient être examinés avant le 29 mai.

La continuité entre les gouvernements est peu fréquente au Nigéria, qui est en pleine période électorale ; aussi les différentes parties concernées s’inquiètent du fait qu’ils aient à recommencer et que cela retarde les plans qui sont prévus de passer de simples produits d’essai de biotechnologie à une commercialisation de ces produits.

Le projet de loi sur la biosécurité dans le pays fournit un cadre pour garantir que le développement, et l’utilisation, d’organismes et de produits génétiquement modifiés n’affectent pas négativement les cultures, la santé des animaux et des êtres humains, les systèmes agricoles ou l’environnement.

Selon Bamidele Solomon, Directeur-Général de la National Biotechnology Development Agency et défenseur du projet de loi, si ces normes étaient effectives, les entreprises multinationales de biotechnologie pourraient faire des affaires au Nigéria.

"Les bourses et les opportunités de recherche et de développement, auxquelles il a été impossible d’accéder dans le passé en raison du manque d’établissements y étant favorables, seraient facilement disponibles", a-t-il déclaré.

Mohammed Ishiyaku, chercheur à l’Institute of Agricultural Research impliqué dans un projet de biotechnologie sur le niébé, a indiqué que si le projet de loi n’était pas approuvé, cela démoraliserait plusieurs scientifiques.

Son projet utilise le niébé génétiquement modifié pour lutter contre les dommages causés par les insectes et vise à accroître de 40 pour cent les récoltes des agriculteurs.

"Nous attendons tous ce projet de loi avec enthousiasme et impatience", a-t-il déclaré à SciDev.Net. "Nous pourrons alors conclure les étapes nécessaires pour que le niébé soit mis à la disposition des agriculteurs".

Daniel Aba, sélectionneur de sorgho à l’Université Ahmadu Bello essaye de développer une variété contenant de la vitamine A, du fer et du zinc. "Si le projet de loi sur la biosécurité n’est pas approuvé, cela signifie que les recherches menées jusque-là ne sortiront pas des centres de recherche", a-t-il déclaré.

Ibrahim Abubakar, Président de la Société Agricole du Nigéria, a indiqué : "Maintenant qu’un certain pessimisme règne concernant l’utilisation des biotechnologies, nous ne pouvons pas faire de progrès significatifs sans que cette loi nous le permette".

Un groupe de défense de l’environnement nigérian, Environmental Rights Action (ERA), a toutefois déclaré que l’urgence pour que le projet de loi soit approuvé pourrait découler d’autres motifs.

Le porte-parole d’ERA a déclaré que "les Nigérians sont prêts à comprendre et à contribuer de manière adéquate à ce projet de loi". "Nous suggérons de l’arrêter sur sa route.

"L’envie que ce projet de loi soit approuvé, vient d’une alliance d’industriels de la biotechnologie de ce pays.

"ERA n’est pas contre la biotechnologie en général mais contre un système univoque dans ses convictions d’imposer des technologies étrangères et non prouvées à nos agriculteurs, ainsi qu’à l’ensemble de la nation, sans procéder à des vérifications".

Il a indiqué que l’audition publique, organisée en 2009 par le Joint Committee on Science and Technology and Agriculture de la Chambre des Représentants, avait accordé peu de temps aux opposants pour qu’ils expriment leurs opinions, par rapport au temps offert aux défenseurs du projet de loi.