04/04/12

Le projet de banque génétique alimentaire est relancé en Côte-d’Ivoire

Les agriculteurs participent à la collecte des semences sur des cultures donnant de bons rendements Crédit image: Flickr/Africa Rice

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[ABIDJAN] Interrompu à cause de la crise politique qui a secoué la Côte d’Ivoire en 2010-11, un projet national de restauration des capacitésdu pays à stocker des semences et préserver les ressources génétiques agricoles est aujourd’hui en cours de relance.

Le projet fut initié en 2007 par le Centre national de recherche agronomique (CNRA) avec pour objectif de renforcer la sécurité alimentaireen reconstituant les ressources génétiques largement détruites au cours de la dernière décennie, marquée par l’instabilité politique, notamment pendant la guerre civile de 2002.

Or le projet fut gravement entravé par le conflit militaire après que Laurent Gbagbo se soit déclaré vainqueur de l’élection présidentielle de 2010.

Laurent Gbagbo fut finalement renversé par son principal adversaire politique Alassane Ouattara, puis emprisonné en novembre dernier après des violences généralisées qui ont embrasé tout le pays et contraint des centaines de milliers d’Ivoiriens à fuir leurs domiciles.

Pour Okoma Koffi, chercheur au Centre national de recherche agronomique (CNRA), ‘la Côte d’Ivoire est un pays à vocation agricole dont le volume annuel de la production alimentaire s’élevait avant la crise à 10 millions de tonnes’.

Il ajoute que l’occupation du centre, du nord et de l’ouest du pays par les rebelles a précipité l’abandon par les chercheurs des centres de recherche dans ces zones, et que les semences stockées ont été emportées ou consommées par les hommes et les animaux.

Les équipements de laboratoire ont aussi été pillés, dit-il.

Le mois dernier (18 mars), des chercheurs et d’autres intervenants du projet se sont rencontrés à Abidjan pour évaluer le chemin parcouru dans la reconstitution des ressources génétiques alimentaires.

À ce jour, plus de 3000 espèces de semences variées ont été collectées dans le sud, au centre et à l’ouest de la Côte-d’Ivoire.

Elles sont conservées en chambre froide dans les laboratoires d’Abidjan et de Bouaké, ou en champ où les agriculteurs participent à la collecte des meilleures semences sur les cultures donnant de bons rendements.

Certains centres, pillés et saccagés lors des combats, surtout à Bouaké et Abidjan, ont été dotés de nouveaux équipements de laboratoire grâce au financement de la Fondation ivoiro-suisse de développement social.  

Selon Yo Diomandé, Directeur général du CNRA, grâce à ce projet les méthodes de cultures de différents produits, notamment le riz, le maïs et le sorgho, seront améliorées.

Les semences conservées serviront de base pour le développement de variétés plus performantes,’ ajoute-t-il.

Les cultures qui se reproduisent sans semences, comme le manioc et l’igname, sont aussi préservées dans le cadre de ce projet, sur des parcelles à Bouaké et à Abidjan.

Diomandé affirme que ce projet de conservation a pour but ultime d’échanger du matériel végétal et d’équipements de recherche avec d’autres centres de recherche d’Afrique de l’Ouest.

Le projet assure également la formation du personnel à la collecte des semences et à la gestion informatisée de la base de données.

Christian Amani, généticien à l’Université d’Abobo-Adjamé, espère que ce projet aidera le CNRA a bâtir un solide scientifique système à même de gérer et de protéger des ressources génétiques alimentaires.

‘Cela permettrait à la Côte-d’Ivoire de disposer en permanence des semences pour sa production alimentaire, même dans une période suivant un conflit armé ou une catastrophe naturelle,’ poursuit-il.