22/08/12

La propagation des gènes du riz transgénique jugée ‘inévitable, mais lente’

Les gènes de résistance aux insectes peuvent se propager du riz transgénique vers le riz sauvage -- mais à quelle vitesse? Crédit image: Bao-Rong Lu

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[BEIJING] La propagation des gènes des cultures génétiquement modifiées (GM) aux plantes sauvages voisines, bien qu’inévitable, pourrait ne pas se faire aussi rapidement qu’on le craignait, d’après une étude menée dans des rizières chinoises.

Les gènes des cultures transgéniques, tels que ceux conçus pour la résistance aux insectes, peuvent se propager par la voie de la pollinisation croisée avec les plantes sauvages entourant les champs des agriculteurs — une question considérée comme étant une préoccupation environnementale majeure, étant donné qu’on sait peu de choses sur les conséquences écologiques d’une telle propagation de gènes.

Toutefois, une étude réalisée par des scientifiques chinois est arrivée à la conclusion qu’il est peu probable que la propagation de ce type de gènes se produise rapidement, puisque les gènes transférés — ou ‘transgènes’ – n’améliorent pas la survie des espèces sauvages. La raison en serait que le nombre d’insectes nuisibles aurait déjà été réduit dans le milieu local à cause des gènes résistants aux insectes des cultures transgéniques.

Les chercheurs de l’Université de Fudan et de l’Académie des sciences agricoles du Fujian ont croisé une souche de riz qui avait été génétiquement modifiée pour porter un gène résistant aux insectes avec une souche de riz sauvage ‘envahissant’, puis testé la survie de leur descendance quatre générations plus tard dans un champ expérimental à Fuzhou, dans la province du Fujian, en Chine.

Les chercheurs ont comparé les taux de survie de la descendance contenant le transgène résistant aux insectes avec ceux de la descendance qui n’en contenait pas, et avec les taux de survie du plant de riz sauvage de départ, dans des conditions où le nombre d’insectes nuisibles était faible et élevé.

Les résultats ont montré que lorsque la pression des insectes ravageurs était forte, le transgène donnait aux variétés hybrides un avantage lié à la capacité d’adapatation à toutes les étapes de la croissance, tels que le nombre de grains produits. Toutefois, lorsque le nombre d’insectes nuisibles était plus petit — comme c’est le cas dans les espaces voisins des champs de culture transgéniques — les hybrides contenant le transgène ne produisaient pas de meilleurs résultats que le riz sauvage non modifié.

Bao-Rong Lu, qui est le président du département d’écologie et de biologie évolutive à l’Université de Fudan en Chine, et l’un des principaux auteurs de l’étude, a déclaré qu’en retraçant la valeur adaptative des quatre premières générations d’hybrides, les chercheurs avaient montré que "le riz transgénique ne causerait pas de graves problèmes environnementaux".

Wei Wei, un écologiste de l’Institut de botanique de l’Académie des Sciences de Chine, s’est félicité de l’étude, mais a déclaré que des preuves supplémentaires étaient nécessaires pour confirmer ces résultats.

Xue Dayuan, scientifique en chef de la biodiversité à l’Institut des sciences de la vie et de l’environnement à l’Université de Minzu, en Chine, a déclaré à SciDev.Net que les essais sur le terrain etaient limités par rapport à leur capacité de démonstration.

"C’est totalement différent en plein champ. Dans les différents environnements climatiques et écologiques, le risque découlant d’une propagation potentielle des transgènes ou d’une potentielle pollution transgénique a plus de chance de se produire", a laissé entendre Xue.

Et Bruce Tabashnik, un professeur de zoologie à l’Université du Michigan, aux Etats-Unis, a déclaré à SciDev.Net que l’étude était correcte, affirmant qu’il "est peu probable que les transgènes se propagent rapidement" lorsque la population d’insectes ravageurs est faible.

Ajoutant, toutefois, que certaines questions clés demeurent, comme celle relative à la capacité réelle du riz transgénique de réduire le nombre d’insectes ravageurs.

L’étude a été publiée dans la revue PLoS ONE le mois dernier (17 juillet).

Références

PLoS ONE doi:10.1371/journal.pone.0041220 (2012)