08/10/10

La conférence sur la biosécurité ‘doit se pencher sur la question des insectes GM’

Les moustiques GM rendront-ils un jour les pesticides redondants ? Crédit image: Flickr/simminch

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Un chercheur estime que les normes internationales régissant les cultures génétiquement modifiées (GM) doivent être modifiées le plus tôt possible, afin de permettre la gestion des insectes GM, qui ne tarderont pas à sortir des laboratoires.

Si le Protocole de Cartagena sur la biosécurité, l’accord international de protection de la biodiversité contre les risques liés aux organismes GM, s’applique également aux moustiques GM, le document fut élaboré avec les cultures GM à l’esprit. C’est ce que fait remarquer John Marshall, chercheur à l’Imperial College à Londres au Royaume-Uni, dans une lettre parue dans l’édition de Nature Biotechnology du mois de septembre, à la veille d’une grande conférence sur la biosécurité prévue la semaine prochaine (du 11 au 15 octobre).

Pour Marshall, ‘cela fait longtemps que les gens fuient ces questions sérieuses, notamment parce que y répondre est une chose peu claire. Plus tôt le débat s’ouvrira, le mieux ce sera, vu que l’adoption des documents internationaux de régulation peut prendre beaucoup de temps’.

Or des nombreuses stratégies ayant recours à des moustiques GM dans la lutte contre les maladies comme le paludisme et la dengue sont en cours d’élaboration.

Des stratégies ‘auto-limitées’, comme le lâcher des moustiques mâles stériles, sont beaucoup plus près de la phase d’application que celles qui visent à disséminer, ou ‘insérer’, les gènes résistants à la maladie au sein des populations sauvages (mécanismes ‘d’insertion des gènes’), qui nécessiteront probablement une autre décennie de recherche avant d’arriver à l’étape des essais de terrain.

Un groupe de travail chargé d’élaborer des directives d’évaluation des risques des moustiques GM présentera son rapport lors de la 5è Conférence des parties au Protocole de Cartagena sur la Biosécurité à Nagoya au Japon.

Le rapport traite des risques liés au lâcher des moustiques GM et des recommandations sur la gestion de ces risques. Pourtant, si les risques des stratégies ‘auto-limitées’ sont raisonnablement développés par le rapport, les mécanismes ‘d’insertion des gènes’ suscitent de nombreuses autres préoccupations qui leur sont particulières.

Ainsi, le protocole actuel interdit le lâcher dans la nature des OGM susceptibles de franchir les frontières du pays qui entend y procéder. Clause qui rendrait ‘le lâcher de moustiques autonomes impossible’, selon Marshall.

En outre, à l’heure actuelle, les entreprises de biotechnologie n’ont sont pas dans l’obligation d’évaluer les risques des OGM en transit ou destinés à une utilisation en milieu clos, ce qui pour Marshall entraîne une ‘protection inadéquate’ contre les lâchers accidentels lors du transport pour les essais de terrain.

Cette lacune empêche également le pays dans lequel les essais de terrain en plein air auront lieu, d’exiger que le pays d’origine des OGM procède à une évaluation des risques.

‘La question est de savoir s’il serait possible de modifier le Protocole de Cartagena afin qu’il s’applique aux moustiques GM et à toutes les préoccupations sécuritaires qui leur sont particulières, ou s’il faut adopter un régime réglementaire spécifique’, explique Marshall.

Pour Ricarda Steinbrecher, co-directrice d’EcoNexus, un organisme britannique à but non lucratif de surveillance de la science, même les stratégies auto-limitées posent des problèmes de biosécurité, et il est urgent de débattre des questions transfrontalières relatives aux OGM.

Mais pour Anthony James, généticien moléculaire à l’Université de Californie Irvine aux Etats-Unis, le débat sur ces questions est déjà en cours. ‘Les gens ont réfléchi aux questions transfrontalières. L’OMS/TDR (Programme spécial de Recherche et de Formation sur les Maladies tropicales de l’OMS) dispose d’un groupe de travail qui émet des directives. Je sais que ce groupe collabore avec des personnes impliquées dans le Protocole de Cartagena’.

En outre, la science dans ce domaine est nouvelle et les documents de l’OMS/TDR n’étaient pas prêts pour être pris en compte dans la préparation de la conférence de la semaine prochaine. ‘La question sera probablement inscrite à l’ordre du jour du prochain cycle de conférences’ affirme-t-il.