24/01/11

L’agriculture a besoin d’une ‘intensification durable’, conclut un rapport

Les nouvelles sciences et technologies sont essentielles, selon le rapport Crédit image: Flickr/World Bank Photo Collection

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[LONDRES] L’ambition de nourrir la population mondiale en accroissement rapide au cours des 40 prochaines années nécessite une approche frontale du financement de la recherche agricole. C’est la conclusion d’un rapport sur la sécurité alimentaire publié aujourd’hui par le gouvernement britannique (24 janvier).

Le rapport intitulé ‘L’avenir de l’alimentation et de l’agriculture : Défis et choix pour une durabilité mondiale’, estime que les nouvelles sciences et technologies font partie des outils nécessaires pour permettre une énorme ‘intensification durable’ de l’agriculture, en vue de nourrir les neuf milliards de personnes qui devraient habiter la planète d’ici 2050. ,.

Avec la hausse de la production alimentaire nuisant à l’environnement et à la biodiversité, les gains devront se faire au moyen d’une production alimentaire croissante sur une même superficie, avec moins d’impacts sur l’environnement et le climat, afin d’aboutir à ce que le rapport appelle ‘la révolution la plus verte possible’.

Or, en raison des délais entre la recherche et les résultats concrets de cette recherche, le rapport, rédigé par 400 scientifiques de 34 pays, affirme que c’est dès maintenant qu’il faut financer la recherche fondamentale et appliquée.

Des données récentes provenant de nombreux pays montrent que la productivité augmente à un rythme plus lent lorsque les investissements dans la recherche et développement sont réduits.

Autre conclusion du rapport, l’amélioration des infrastructures et la revitalisation des services de vulgarisation agricole sont des interventions essentielles. Mais les études de modélisation conviennent que "le facteur le plus déterminant de la sécurité alimentaire de demain est le taux d’augmentation des rendements dus aux nouvelles science et technologies. Des connaissance nouvelles sont également nécessaires pour atténuer les effets des changements climatiques et s’y adapter."

Les auteurs du rapport appellent à des investissements dans les nouvelles technologies, dont la modification génétique, le clonage du bétail et la nanotechnologie, estimant que ces recherches devraient se faire dans le contexte des risques concurrents et des coûts de la non-utilisation de telles technologies.

Ils ajoutent que des mesures de sécurité humaine et environnementale devraient être rigoureusement établies. Les personnes susceptibles de tirer profit de ces technologies doivent être impliquées dans la prise de décisions à tous les stades du processus de développement, soulignent-ils.

Pour Charles Godfray, le président du groupe d’experts en chef du Foresight Project on Global Food and Farming Futures (Projet de prévoyance sur les futurs de l’alimentation et l’agriculture mondiales), à l’origine du rapport, il est tout aussi important d’investir dans les domaines de recherche négligés, tels que l’agronomie, l’agroforesterie, l’agro-écologie et les sciences du sol.

Godfray note que les organisations non gouvernementales devraient "identifier et combler les lacunes dans la recherche non soutenue par les secteurs privé et public … [telles que] les récentes initiatives sur biofortification et les cultures résistantes à l’eau à l’intention des petits exploitants africains".

Jules Pretty, un autre membre du groupe d’experts et directeur du Centre pour l’Environnement et la Société, de l’Université d’Essex, au Royaume-Uni, prône la fin de "l’opposition binaire" entre les approches de haute et faible technologies.

"Nous avons besoin à la fois de la biotechnologie et des approches organiques, " a-t-il dit.

Pour lui, le secret d’une science agricole efficace consiste à s’assurer de son adaptation aux impératifs locaux et de son développement en collaboration avec les agriculteurs dans le but d’adapter les cultures aux conditions locales.

"L’idée d’une chaîne linéaire dans laquelle les chercheurs passent leur technologie aux agriculteurs est dépassée et nous devons nous en éloigner, " explique-t-il.

Le rapport a également formulé des recommandations par rapport aux questions de politique publique, commerciales et économiques liées à la lutte contre la faim.

Il a été publié par l’Office gouvernemental pour la science avec l’appui du ministère de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales et du ministère du Développement international.

Lien vers le rapport complet ‘The Future of Food and Farming: Challenges and choices for global sustainability’ (L’avenir de l’alimentation et de l’agriculture : Défis et choix pour une durabilité mondiale)  [8.92MB]