19/03/09

De nouvelles variétés de blé contre un champignon destructeur de cultures

Certains scientifiques pensent que l’Asie du Sud, source de 19 pour cent du blé consommé dans le monde, est menacé par l’Ug99 Crédit image: Flickr/meganpru

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Des efforts internationaux ont conduit au développement de nouvelles variétés de blé résistantes à un champignon destructeur qui se propage de l’Afrique vers l’Asie.

Les résultats des recherches ont été présentés à une conférence cette semaine (17-20 mars) à Ciudad Obregón, au Mexique. Le colloque a réuni des centaines de spécialistes des cultures préoccupés par la propagation rapide du Ug99 – une variété de champignon de la rouille de la tige qui a fait son apparition pour la première fois en Ouganda il y a dix ans. 

Des chercheurs ont développé près de 60 nouvelles variétés de blé comportant plusieurs gènes ayant un petit effet de résistance à l’Ug99. Si ces gènes ne procurent pas autant de protection que les gènes offrant un degré élevé de résistance, les chercheurs pensent néanmoins qu’ils seront plus efficaces à long terme, puisqu’ils obligeront le champignon à surmonter une plus grande gamme de barrières génétiques.

Afin d’obtenir des résultats plus rapides et plus efficaces, les chercheurs ont continuellement échangé des matériels de sélection entre le Centre international d’Amélioration du Maïs et du Blé (CIMMYT) au Mexique et les stations expérimentales à Njoro, au Kenya, où l’Ug99 est répandu.

Ravi Singh, expert du blé auprès du CIMMYT et directeur scientifique de l’étude explique le procédé.  “Nous avons envoyé un grand nombre de plantes au Kenya, où leur résistance a été testée dans les conditions réelles du terrain“. Les variétés qui se sont révélées résistantes ont été retournées au Mexique où d’autres caractéristiques positives leur ont été ajoutées.

Ce ‘projet d’amélioration génétique par navette’, qui a profité des deux saisons de cultures par an au Kenya et au Mexique, a ainsi réduit de moitié le nombre d’années nécessaires pour produire et tester de nouvelles variétés.

Les variétés de blé ainsi développées produisent par ailleurs davantage de grains que les variétés les plus courantes – entre 5 et 10 pour cent de plus. "Avec des variétés à rendement élevé, nous attendons un taux d’adoption plus élevé, en particulier dans des régions où l’Ug99 ne cause pas encore de problèmes immédiats," dit Singh. 

L’Ug99 s’est propagé en Ethiopie, en Iran, au Kenya, au Soudan et au Yémen. Certains scientifiques estiment que l’Asie du Sud, source de 19 pour cent du blé consommé dans le monde, est aussi menacé.

Les efforts seront à présent orientés vers l’augmentation des stocks de semences des variétés résistantes et vers la prise de mesures pour s’assurer de leur adoption dans les pays à risque. L’objectif étant de remplacer la majorité des variétés de blé cultivées dans le monde.

S’il se dit satisfait de la qualité des échanges lors de la conférence, Thomas Lumpkin, directeur général du CIMMYT et l’un des organisateurs de l’atelier, souhaite voir plus d’investissements dans le domaine de la recherche, qu’il juge nécessaires pour venir à bout des maladies du blé.