01/10/09

Coup dur pour un virus du manioc en Afrique australe

Des feuilles de manioc montrant des signes révélateurs de l’infection Crédit image: Flickr/Greenery

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[DURBAN] Des scientifiques sud-africains ont mis au point des plantes résistantes à un virus local du manioc, une réussite scientifique susceptible de sauver l’une des cultures de base de la région.

Le virus mosaïque du manioc d’Afrique du Sud est l’une des sept souches virales qui sévissent dans plusieurs zones de culture du manioc dans le monde. Il se manifeste par l’apparition de tâches vertes et jaunes sur les feuilles de la plante qui empêchent la photosynthèse et stoppent la croissance de ces tubercules comestibles.

Sarah Taylor, chercheuse au programme de biotechnologie du manioc à l’Ecole de biologie moléculaire et cellulaire de l’Université du Witwatersrand à Johannesburg, a présenté les résultats de ses travaux lors de la conférence Bio2Biz à Durban, la semaine dernière (du 21 au 23 septembre).

Elle pense que la nouvelle technologie pourrait être appliquée dans toute la région d’Afrique australe, le même virus attaquant les cultures à Madagascar, au Mozambique, dans les provinces du Nord-Est de l’Afrique du Sud, au Swaziland et au Zimbabwe.

Une méthode de résistance à la mosaïque africaine du manioc a déjà été mise au point (voir GM cassava uses viral gene to fight disease).

La résistance des plantes s’obtient à travers une modification des gènes de manière à affaiblir le virus mosaïque dès son apparition, explique Taylor. Les chercheurs exploitent ainsi une caractéristique du matériel génétique du virus, le RNA.

Les brins de RNA sont rendus inactifs lorsqu’ils rencontrent un brin correspondant. , L’élaboration d’une plante qui produit des brins de RNA pour un gène donné du virus permet ainsi d’éliminer la fonction de ce gène, et donc du virus, dès que la plante est infectée et que les brins se rencontrent.

“La plante reste attaquée mais le virus est incapable de se multiplier et finit par disparaître“, ajoute Taylor.

Les expériences réalisées lors de la première phase des travaux de Taylor se sont portées sur le tabac, qui pousse bien en laboratoire. Les plantes de tabac infectées par le virus ont continué à pousser normalement. Les chercheurs espèrent maintenant reproduire ces résultats en utilisant des plants de manioc, avant de passer aux essais en champ.

Le manioc est l’une des principales cultures vivrières de base d’Afrique. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), chaque Africain consomme en moyenne 80 kilogrammes chaque année.

Le virus est facilement transmis aux plantes par des mouches blanches dont la salive contient le virus. Selon Taylor, une seule plante contaminée peut entraîner la perte de tout un champ, atteignant, dans les cas d’infection grave, 80 pour cent de la production.