20/03/19

L’âge d’or des zones protégées d’Afrique de l’Est

Said Masudi, chairman of Tunduru WMA, surveys the landscape
Crédit image: James Morgan/Panos

Lecture rapide

  • Selon une étude, la plupart des zones protégées d'Afrique de l'Est ont été préservées
  • Mais l’étude n’a pas tenu compte des dommages résultant d’activités humaines telles que le braconnage
  • Un expert exhorte les communautés locales à s'impliquer davantage dans la protection et la conservation

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Une étude montre que les zones protégées d’Afrique de l’Est réussissent dans une large mesure à préserver d’importants habitats.
 
Près de 7% d’entre elles sont transformées en terres agricoles.
 
Les zones protégées, des zones dans lesquelles les activités humaines sont strictement contrôlées, pour permettre aux espèces menacées de prospérer, sont une aubaine pour les communautés locales, dans la mesure où elles génèrent des revenus issus du tourisme et aident à préserver des espèces d'importance écologique.
 
Mais à mesure que l'effectif de la population humaine augmente, l'agriculture et l'élevage commencent à s'immiscer sur des terres protégées, selon des experts.
 
L'étude, menée par des chercheurs basés aux États-Unis, a montré que depuis 2001, les zones protégées du Burundi, du Kenya, du Rwanda, de la Tanzanie et de l'Ouganda se sont bien maintenues et se développent dans certaines régions.
 
Seul le Burundi a perdu environ 16% des zones protégées au profit des cultures, alors que dans tous les autres pays, ce chiffre était très faible.

East Africa Map

 Zones de protection strictes et autres zones protégées en Afrique de l’Est (Burundi, Kenya, Tanzanie, Rwanda et Ouganda)

« L’Afrique de l’Est a accompli un travail remarquable, en créant et en maintenant un réseau globalement important d’aires protégées », a déclaré Jason Riggio, auteur principal et spécialiste de la conservation au département de la faune, du poisson et de la biologie de la conservation, de l’Université de Californie, à Davis. L'expert ajoute que la région dépasse l'objectif minimal de 10% fixé par la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique.
 
Les chercheurs ont analysé des données satellitaires couvrant plus de 200 zones protégées en Afrique de l’Est.
 
Ils ont également vérifié l'aire de répartition et la prévalence des espèces locales et leur évolution depuis 2001.
 
Selon l’étude, publiée au début du mois (4 mars) dans la revue Global Ecology and Conservation, les zones protégées couvrent près de 30% de la superficie terrestre de l’Afrique de l’Est.
 
La Tanzanie possède la plus grande proportion d'aires protégées.

 
« Il est encourageant de constater que seulement environ 7% des aires protégées d’Afrique de l’Est ont été converties en terres agricoles ou affectées à une autre utilisation par l’homme depuis leur classification en zone protégée », ajoute l’étude.
 
Mais Jason Riggio a déclaré à SciDev.Net que l’étude ne tenait pas compte des dommages résultant d’activités humaines telles que le braconnage, l’élevage et l’abattage illégal.
 
Joseph Ogutu, statisticien à l'Institut de phytotechnie de l'Université de Hohenheim, en Allemagne, a déclaré que les zones protégées sont pertinentes pour la biodiversité.
 
« Sans protection, les espèces fauniques sont soumises à une forte concurrence avec le bétail pour l'espace, le fourrage et l'eau », a-t-il déclaré. « Certaines espèces pourraient devenir plus abondantes dans les zones cultivées. Mais ce sont généralement des espèces généralistes [comme] des petits mammifères ou des oiseaux. »
 
Joseph Ogutu affirme que le nombre de moutons et de chèvres qui passaient au Kenya a augmenté de 76% entre 1977 et 2016.

“L’Afrique de l’Est a accompli un travail remarquable, en créant et en maintenant un réseau globalement important d’aires protégées. ”

Jason Riggio, Université de Californie, Davis

L’étude a également mis en évidence le fait que les aires protégées couvrent rarement un large éventail d’espèces qu’elles cherchent à protéger.
 
Elle a révélé que seulement un quart des espèces endémiques en Afrique de l'Est avaient au moins la moitié de leur aire de répartition – le territoire sur lequel elles existent.
 
Près de 40% des espèces ne sont protégées que dans moins de 10% de leurs aires de répartition.
 
Mais Jason Riggio précise que la seule gamme ne détermine pas nécessairement le bien-être et la survie d’une espèce.
 
« Il n’existe pas de règle uniforme concernant le degré de couverture requis par les zones protégées pour assurer leur persistance », explique Jason Riggio.
 
« Certaines espèces survivent assez bien face aux impacts humains, tandis que d'autres ont besoin de vastes étendues d'habitat naturel non modifiées pour survivre. »
 
Joseph Ogutu est de cet avis et affirme que plutôt que de fermer de petites parcelles de terrain, les communautés locales devraient être impliquées dans la protection et la conservation des espèces.
 
Au Kenya, des efforts sont en cours pour regrouper des parcelles de terrain et verser un loyer aux propriétaires privés et communaux afin de les aider à conserver des espèces dans le pays.
 
« Les communautés locales tirent également d'autres avantages des emplois de conservation, notamment des emplois tels que ceux de directeur d'hôtel et de rangers de conservation », a déclaré Joseph Ogutu à SciDev.Net. « Le principal défi est de générer des revenus suffisants pour pouvoir payer les loyers de ces terres », conclut-il.

Références

Jason Riggio et autres Quelle est l'efficacité des aires protégées d'Afrique de l'Est ? (Global Ecology and Conservation, 4 mars 2019)