22/06/15

Une nouvelle espèce de baleine échoue en Mauritanie

Waters of a Coast
Crédit image: Flickr/World Bank Photo Collection

Lecture rapide

  • L’individu a été identifié comme appartenant à l’espèce Balaenoptera Omurai
  • Il faut savoir qu’il existe une population de cette espèce dans l’Atlantique
  • Cette découverte est un atout pour continuer à promouvoir la recherche

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La Commission baleinière internationale (IWC) a validé et publié en mai 2015 un article faisant état de l’échouage sur la côte mauritanienne d’une espèce de baleine vivant jusque-là dans d’autres eaux de la planète plutôt que dans l’océan atlantique.

La découverte en question est à mettre à l’actif de chercheurs travaillant dans le cadre du programme "Biodiversité Gaz pétrole" mis en œuvre par le ministère mauritanien de l’Environnement, en collaboration avec le ministère de la Pêche et celui du Pétrole.

Il s’agit d’un programme international dirigé par la Mauritanie et impliquant entre autres la Coopération allemande (GIZ).

"La découverte que nous avons faite au large des côtes de la Mauritanie est un événement qui confirme, si besoin était, le caractère exceptionnel de la biodiversité de cet écosystème", affirment les chercheurs, auteurs de l’article.

Selon ce texte, les chercheurs ont identifié ce spécimen comme étant le Balaenoptera Omurai, une espèce dont le milieu de vie le plus proche connu est la zone indopacifique, située à plus de 18 000 km du lieu de cette découverte.

“Le développement des pays côtiers passe par une gestion rationnelle des territoires et des ressources marines et côtières. Cela ne peut se faire que si l’on connaît et comprend mieux le milieu.”

Frédéric Marret, conseiller technique principal du programme "Biodiversité Gaz Pétrôle", Mauritanie

Mesurant 3,98m, la baleine a été retrouvée morte et en état de décomposition avancée à environ 7 km au sud de Chott Boul, près du parc national de Diawling.

Mais, l’absence de fanons sur le lieu d’échouage fait dire aux chercheurs que la baleine avait échoué morte, après avoir flotté pendant un certain temps en mer.

Compte tenu de son degré de décomposition, le sexe de l’animal n’a pas pu être déterminé ; tout comme l’autopsie ou une étude ostéologique n’ont pu être effectuées du fait des limites logistiques de l’équipe des chercheurs.

Quoi qu’il en soit, la préoccupation des scientifiques est maintenant de savoir si cet individu est un simple "vagabond" ou alors s’il fait partie d’une population vivant dans l’océan Atlantique et jusque-là méconnue.

"Il peut y avoir plusieurs causes à la présence d’un individu : un individu égaré, un transport sur la proue d’un navire suite à un choc accidentel, une population dans l’Atlantique", souligne Frédéric Marret, conseiller technique principal du programme "Biodiversité Gaz Pétrole" et co-auteur de l’article.
 

Changements globaux

 
Mais, si l’on s’en tient au titre de cette information parue dans la revue de la Commission baleinière internationale, les deux dernières pistes sont privilégiées.

Toutefois, souligne le chercheur, "cette espèce n’est décrite que depuis 2003. Elle se confond facilement avec d’autres. Il est tout simplement possible que l’on n’ait pas encore bien apprécié sa véritable aire de répartition".

Cette présence inédite peut-elle avoir un lien avec les changements climatiques auxquels la planète est maintenant  confrontée ?

"Tout le monde vivant évolue depuis toujours. Certaines espèces, notamment les espèces migratrices, évoluent peut-être plus rapidement et plus facilement que d’autres sous l’effet des changements globaux que l’on connaît. Mais le signalement d’un seul individu n’est pas de nature à permettre ce genre d’hypothèse pour l’instant", répondent les auteurs de la recherche.

Ces derniers réitèrent que "le plus important est plutôt de savoir s’il existe une population atlantique de cet animal".

En attendant de trouver des réponses précises aux interrogations qu’elle soulève, les chercheurs du programme "Biodiversité Gaz Pétrole" soulignent l’intérêt scientifique de cette découverte.

"C’est un atout formidable pour continuer à promouvoir la recherche scientifique. Le développement des pays côtiers passe par une gestion rationnelle des territoires et des ressources marines et côtières. Cela ne peut se faire que si l’on connaît et comprend mieux le milieu", soutient Frédéric Marret.

Et de poursuivre : "De nouvelles politiques publiques doivent émerger et leur élaboration doit se faire sur une base scientifique plus solide. Une de nos activités principales est donc de faire le plaidoyer pour placer la connaissance du milieu au cœur des processus d’élaboration de ces politiques publiques".

Selon ces chercheurs, la biodiversité du large reste encore assez méconnue en Afrique de l’Ouest et notamment en Mauritanie ; si bien que même de grands animaux comme les baleines ne sont pas tous identifiés.

"La liste des cétacés évoluant toute ou partie de l’année dans la zone économique exclusive (ZEE) mauritanienne s’élève à une trentaine de noms ; mais il n’est pas exclu que d’autres découvertes de ce type interviennent, mettant en exergue l’exceptionnelle biodiversité de l’écosystème de la région", indiquent-ils.