16/11/20

Un produit naturel vient à bout d’une grave maladie du cacaoyer

cocoa farming in Côte d'Ivoire
La maladie du swollen-shoot provoque une faible production. Crédit image: World Agroforestry (CC BY-NC-SA 2.0)

Lecture rapide

  • Un ingénieur béninois propose un produit naturel qui combat efficacement la maladie du swollen-shoot
  • Des témoignages d’utilisateurs font état d’une augmentation considérable de la production
  • Les chercheurs envisagent déjà l’utilisation de ce produit sur d’autres cultures comme le riz, l’hévéa…

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[ABIDJAN] Un produit naturel à base de plantes, à dominance de graines de margousier plus connues sous le nom de « neem » en Afrique, constitue actuellement un espoir pour les producteurs de cacao en Côte d’Ivoire, confrontés à la maladie du swollen-shoot qui se manifeste par des gonflements au niveau des rameaux et des racines, provoquant une faible production.

James Adjovi, le concepteur de ce produit naturel explique sa création. « Le produit baptisé BioElit est issu d’extraits de plantes dominés par les graines de neem, sans ajout de produits de synthèse industriel ou chimique, avec les fonctions d’insecticide, de fongicide et de fertilisant, sans effet négatif sur le producteur ni sur le consommateur » assure-t-il.

Pour le mode d’emploi, « on utilise 250 ml du produit pour 16 litres d’eau, pour une pulvérisation sur le tronc et les branches du cacaoyer. Le traitement se fait deux fois en un mois, avec un intervalle de 15 jours pour une production de janvier à janvier soit 13 mois », indique James Adjovi, ingénieur béninois sorti de la faculté des Sciences Agronomiques de l’Université Abomey-Calavi au Bénin.

“Cette invention vient au moment opportun pour soulager les soucis des planteurs confrontés aux problèmes des maladies des cacaoyers telles que le swollen-shoot et à l’appauvrissement des sols qui réduisent leur production”

Isaac Kouakou Bah, INP-HB de Yamoussoukro

Enoh Foba, producteur agricole et président des pépiniéristes ivoiriens, se satisfait de ce produit qui, selon lui, a un impact certain sur la production cacaoyère.

« Quand j’ai découvert ce produit, à l’utilisation, j’ai constaté un impact sur le rendement. Le planteur recherche un gain or la récolte a doublé. L’autre avantage avec ce produit, c’est la régénération du cacaoyer », soutient-il dans un entretien avec SciDev.Net.

Daniel Boa, ingénieur agronome et ancien directeur régional du Centre national de recherche agronomique (CNRA) à Yamoussoukro, confirme les dires de ce producteur.

« Les planteurs des localités de Oumé et Kouibly avaient leurs plantations atteintes de swollen-shoot. Après utilisation du produit, la croissance a repris. Les essais ont porté sur la cochenille, vecteur de la maladie du swollen-shoot et le produit la combat efficacement. Des cacaoyers qui portaient deux ou trois cabosses, après traitement, ont désormais une production abondante », témoigne ce dernier.

Les échos de ce produit ont attiré l’attention de la Cellule universitaire d’expertise et de conseil pour le développement (CUECDA SARL), dirigée par Mamadou Doumbia, maître de conférences en sciences agronomiques à l’université Nangui Abrogoua.

« J’ai travaillé avec ce produit depuis deux ans sur le cacaoyer, la tomate. Il agit de façon indirecte sur les insectes qui causent la maladie du swollen-shoot. Indirect car si la plante est malade, le produit n’agit pas. Les tests ont été faits en plantation et l’efficacité s’est révélée. C’est l’un des rares produits qu’on peut utiliser pour la protection phytosanitaire des plantes en Côte d’Ivoire. C’est un insecticide à large spectre mais pas sélectif », soutient l’enseignant-chercheur.

De l’avis d’Isaac Kouakou Bah, enseignant-chercheur à l’INP-HB de Yamoussoukro, « cette invention vient au moment opportun pour soulager les soucis des planteurs confrontés aux problèmes des maladies des cacaoyers telles que le swollen-shoot et à l’appauvrissement des sols qui réduisent leur production ».

Pour lui, grâce à ce produit, les planteurs pourront obtenir désormais une production conséquente et avoir des revenus considérables. « Ces revenus leur permettront d’améliorer non seulement leurs conditions de vie, mais aussi et surtout de satisfaire leurs besoins ».

D’après James Adjovi, son concepteur, environ 653 producteurs et une vingtaine de coopératives utilisent déjà ce produit en Côte d’Ivoire. Mais, il est possible que ces chiffres connaissent une rapide augmentation.

Car, « des essais sont en cours sur le riz, la tomate, l’hévéa ; avec de bons résultats sur le fomes, une maladie qui attaque l’hévéa par ses racines » soutient le chercheur Daniel Boa qui suit les travaux de développement de ce produit depuis le début.