04/04/19

Transformer la chaîne de valeurs agricoles

Safagri  Deby
Le président tchadien, Idriss Deby Itno, en compagnie de son homologue du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, président en exercice du Comité permanent Inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel. Crédit image: SDN/Naim Ahmat Baba

Lecture rapide

  • A l’initiative du CILSS, une quarantaine de pays ont participé en mars au Safagri à N'Djamena
  • Ce salon veut être institutionnalisé pour aider à l’intégration africaine par le développement des marchés
  • Pour Idriss Deby, le président tchadien, il va permettre de développer le commerce intra-africain

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En collaboration avec le gouvernement du Tchad, le Comité permanent Inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), a organisé le premier Salon africain de l’agriculture (Safagri) du 12 au 15 mars 2019 à N'Djamena, sous le thème : « La transformation des chaînes de valeurs agricoles en Afrique face aux défis économiques, climatiques et sécuritaires ».
 
Cet événement qui a enregistré la participation d’une quarantaine de pays, dont les 13 États membres du CILSS[1] avait pour finalité de créer un environnement favorable d’échanges au niveau continental afin de stimuler les politiques nationales et régionales dans le cadre de la transformation des chaînes de valeurs agricoles en Afrique.
 
Lors de la cérémonie d’ouverture de ce salon, le chef de l’Etat tchadien a signifié que le Safagri ouvre de meilleures perspectives aux différents États et acteurs du secteur agricole parce qu’il constitue une plateforme d’échanges et de partage des productions agro-sylvo-pastorales pour une réelle intégration africaine par le développement des marchés.
 
« Ce salon qui regroupe plus de quarante pays, traduit la ferme volonté des dirigeants africains de fédérer leurs énergies et de mutualiser leurs ressources en vue d’accélérer le développement économique de notre continent par l’accroissement du commerce intra-africain », a affirmé Idriss Deby.
 
« La transformation des chaines de valeurs et leurs avantages concurrentiels que nous appelons de tous nos vœux commandent une nouvelle dynamique de partenariat stratégique entre tous les acteurs intervenant dans les activités de production, de transformation et de commercialisation des produits agricoles », a-t-il ajouté.
 
Pour sa part, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, soutient que cette initiative constitue une contribution importante aux efforts de l’UA en faveur du développement agricole sur le continent et s’inscrit dans la transformation socio-économique à travers l’agenda 2063 ; agenda dans lequel, dit-il, l’agriculture occupe une place de choix.
 
« Six décennies après l’indépendance des pays africains, l’insécurité alimentaire continue d’affecter différentes parties du continent. C’est ainsi que rien qu’en 2018, on a comptabilisé 257 millions d’Africains souffrant de sous-alimentation », analyse-t-il.
 
Moussa Faki Mahamat rappelle aussi, pour le déplorer, que « l’Afrique dépense annuellement 35 milliards de dollars pour financer les importations alimentaires. En 2025, ce montant atteindra 110 milliards de dollars ».
 

Paradoxe

 
Ces faits constituent un paradoxe aux yeux du président de la Commission de l'UA dans la mesure où, dit-il, l’Afrique dispose de 600 millions d’hectares de terres arables non cultivées, en plus d’une main d’œuvre jeune et dynamique et d’un écosystème diversifié qui permet une grande variété de cultures agricoles.
 
Pour les autorités qui ont pris part à ce salon, investir dans l’agriculture est d’autant plus indiqué que ce secteur est aussi un grand pourvoyeur d’emplois. En particulier pour les jeunes à qui on devrait offrir un avenir autre que l’enrôlement dans les groupes armés ou la migration irrégulière, avec les tragédies qui y sont associées. L’objectif étant aussi d’atténuer l’exode rural qui dépeuple les campagnes et accentue la pression démographique dans les villes.
 
Au terme de ce salon, un certain nombre de recommandations ont été adoptées, dont la nécessité d’institutionnaliser le Safagri et de le considérer comme une opportunité pour les pays africains et leurs populations de s’affranchir de leur dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur.
 
Il est aussi question de financer la labellisation et la certification des produits agricoles africains et de faire de l’éradication de la faim dans les différents pays du continent la priorité dans les objectifs de mise en œuvre des chaînes de valeurs.

Références

[1] Benin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad, Togo.