12/05/14

Niger: Un système de télé-irrigation distingué

Niger Tele Irrigation - 598
Crédit image: SciDev.Net/Himadou Amadou

Lecture rapide

  • Le système de télé-irrigation horticole (STIH) permet aux horticulteurs d'irriguer leurs jardins à distance
  • L'appareillage mis au point par le Nigérien Mamane Abdou Kané permet aussi la collecte d'informations météorologiques, ainsi que la purification de l'eau aux rayons ultraviolets
  • L'inventeur a été finaliste de l'Edition 2014 du Prix de l'Innovation pour l'Afrique

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Un système de télé-irrigation mis au point par un inventeur nigérien a été classé parmi les dix meilleures innovations de l’année, lors de la cérémonie de l'African Innovation Prize, la semaine dernière (5 mai) à Abuja, au Nigeria.
 
Le système mis au point par Abdou Mamane Kané permet aux maraichers d’assurer l’irrigation à distance de leurs jardins, au moyen d’un appareillage comprenant divers outils : un système de production d’énergie, un système d’exhaure et des appareils d’irrigation.
 
L’outil permet à l’utilisateur de composer un numéro court (dans le cas du Niger, le 140) et de se connecter automatiquement à une base de données gérée par la société Tech Innov, promotrice de l'initiative, qui identifie le client et le connecte automatiquement à son jardin, en vue de l’irrigation.
 
Le système présente l’avantage d’être déclenché par SMS pour les horticulteurs lettrés ou par commandes vocales, pour les illettrés.
 
"Nous espérons que le système apporte une solution à long terme aux problèmes d'irrigation en Afrique, liés notamment à la pénibilité du travail des exploitants et au temps que prend l'irrigation manuelle. Mon système remédie à ces deux problèmes", a expliqué à SciDev.Net Mamane Abdou Kané.
 
"Dans la chaine des valeurs agricoles, l’irrigation occupe une importante place dans les activités des exploitants. Elle occupe les deux tiers du temps du maraicher : il lui faut en effet  prendre de l’eau à la source pour l’amener à destination, c’est-à-dire à la racine de la plante", explique encore l'inventeur.
 
Or, selon lui, diverses autres activités interviennent dans la chaine de production agricole, notamment la recherche d’intrants, la commercialisation, etc.
 
Pour Abdou Mamane Kané, en libérant les exploitants de diverses contraintes liées à l'irrigation, le système de télé-irrigation leur permet de se consacrer à toutes les activités de la chaine de production tout en rendant possible la réduction de la charge de travail.
 
Mais le système ne se contente pas de permettre l’irrigation des cultures. Il peut également fournir un bulletin météorologique en temps réel, avec collecte et livraison d’informations sur la température, la radiation solaire, la vitesse du vent et les précipitations, ce qui permet, par exemple, de décider si un jardin a besoin d’être irrigué à un moment donné de la journée.
 
Ces données peuvent être consultées à partir du téléphone portable relié au réseau GSM.
 
Le système permet aussi le traitement de l’eau aux rayons ultraviolets, pour la rendre apte à la consommation.
 
Mais l’un des obstacles à sa commercialisation à grande échelle est son coût élevé: une unité coûte en effet 2.8 millions de Francs CFA (environ €4300).
 
Mais pour Mamane Abdou Kané, le retour sur investissement s'inscrit dans le long terme.
 
"Dans un schéma classique, l'exploitant achète une pompe à un prix situé entre 300 et 500.000 Francs CFA, ainsi que du carburant, pour faire tourner la machine, à raison de 4000 Francs par jour, et dépense de l’énergie physique. Tout ceci nous ramène à des coûts annuels de l’ordre de 2.500.000 Francs CFA. Si vous comparez ce coût à l’investissement initial unique de 2.800.000 CFA, qui vous enlève le coût du carburant puisque notre système est alimenté à l’énergie solaire, ainsi que les dépenses en énergie physique, vous vous rendez compte que même s’il parait de prime abord cher, notre système présente de meilleurs avantages que les méthodes traditionnelles d’irrigation", explique-t-il.  
 
Au Niger, une centaine d’exemplaires du  système de télé-irrigation ont déjà été vendus et Mamane Abdou Kané envisage de nouer des partenariats avec des institutions financières spécialisées – banques agricoles, institutions de microfinance, etc. – pour permettre à un plus grand nombre d’exploitants d’acquérir la machine.
 
L’autre problème réside dans la dépendance du système vis-à-vis du réseau de téléphonie mobile. Dans les pays africains où la couverture des réseaux GSM laisse à désirer, se limitant très souvent aux zones urbaines et péri-urbaines, couvrir des zones rurales où se trouvent la majeure partie des exploitations agricoles pourrait relever du défi.
 
Mais selon l’inventeur, " le secteur de la téléphonie mobile en Afrique est en plein essor. Dans plusieurs pays, les opérateurs de téléphonie mobile ont déjà atteint une couverture intégrale du territoire national. En ce qui concerne le Niger, nous sommes à une couverture de 90%. Donc, ceci ne devrait pas être un problème insurmontable."
 
Le système de télé-irrigation de Mamane Abdou Kané a été classé cinquième meilleure innovation de l'année dans le cadre de l'Edition 2014 du Prix de l’innovation pour l’Afrique.
 
Le premier prix a été décerné aux Sud-Africains Nicolas Duneas et Nuno Peres, pour la matrice osseuse ostéogénique Altis (Altis OBM TM), le premier composé médical injectable à base de protéines morphogénétiques osseuses d'origine porcine. 
 
Dans la catégorie "Activités potentielles", Logou Minsob, du Togo, a été primé pour son Foufou Mix,  un robot de cuisine conçu pour remplacer les mortiers et les pilons utilisés dans la préparation du Foufou, plat populaire d'Afrique de l'Ouest. 

Avec Himadou Amadou, à Niamey.

Cet article a été rédigé par la rédaction Afrique sub-saharienne de SciDev.Net