04/04/18

Une application pour s’attaquer aux pertes de grains post-récolte

Maize harvest
Crédit image: Michael Zech

Lecture rapide

  • L'application a été conçue pour réduire les pertes de grains après récolte en Afrique
  • Elle aide les aviculteurs à déterminer le taux d'humidité pour une production optimale d'œufs
  • Un expert suggère que la langue d'utilisation pourrait être un obstacle pour les petits exploitants

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[ACCRA] Une application et un dispositif conçus pour lutter contre les pertes de grains après récolte pourraient être bientôt reproduits dans toute l'Afrique subsaharienne.
 
L'appareil, GrainMate, est le résultat de travaux de recherche d'une durée de quatre ans, parrainés par l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), sous l'appellation Feed the Future Innovation Lab.
 
Le projet de recherche a spécifiquement étudié les meilleurs moyens d'atténuer les pertes après récolte de maïs et autres aliments pour volailles.
 
GrainMate a été conçu pour aider à prévenir les pertes post-récolte de grains en permettant aux agriculteurs de déterminer avec précision la teneur exacte en humidité des grains avant leur stockage.

“L'un des moyens de réduire les pertes après récolte est de comprendre le niveau d'humidité des céréales.”

Joseph Akowuah

Les agriculteurs peuvent ainsi déterminer avec précision le taux d'humidité dans leurs grains et dire s'ils sont prêts pour le stockage ou doivent faire l'objet d'un séchage supplémentaire.
 
L'opération présente l'intérêt de prévenir le développement d'aflatoxines nocives et contribue à réduire les pertes de 38%.
 
Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), il y a eu une prise de conscience croissante du fait que les aflatoxines dans les denrées alimentaires et les aliments pour animaux peuvent avoir des conséquences graves sur la santé des humains et des animaux.
 
L'aflatoxine peut contaminer les cultures au champ, avant, après la récolte et pendant la période de stockage.
 
Les aflatoxines sont produites par des champignons qui se développent sur les céréales comme le maïs, le millet et le riz.
 
Selon l'Institut international d'agriculture tropicale (IITA), les pertes dues aux contaminations par les aflatoxines sont estimées à 1,2 milliard de dollars par an (environ 641 milliards de Francs CFA), dont 450 millions de dollars (240 milliards de Francs CFA) pour les seules économies africaines.
 
"L'un des moyens de réduire les pertes après récolte est de comprendre le niveau d'humidité des céréales", a déclaré Joseph Akowuah, l'un des superviseurs de la recherche, à SciDev.Net.
 
Le chercheur a précisé que le compteur d'humidité (GrainMate) a été conçu par un chercheur principal du département d'Agriculture des États-Unis et quatre étudiants diplômés de l'Université des Sciences et Technologies Kwame Nkrumah (KNUST), sélectionnés pour l'assemblage local des humidimètres et pour les reproduire à travers l'Afrique.
 
"L'équipe explore actuellement des opportunités de commercialisation pour l'étendre à d'autres pays africains", a-t-il expliqué.
 
De plus, le dispositif permettra aux aviculteurs de savoir si le taux d'humidité dans les aliments pour volailles est adéquat pour assurer une production optimale d'œufs.
 
L'appareil supporte la plupart des céréales et légumineuses communes cultivées en Afrique, telles que le maïs, le riz, le blé, le sorgho, le pois chiche et le soja.
 
Pour plus de commodité, GrainMate est livré avec une application mobile qui permet aux utilisateurs d'accéder à toutes les fonctionnalités de l'appareil : lecture de l'humidité, affichage de l'historique des valeurs testées, alerte lorsque la lecture est prête et accès aux guides et didacticiels.
 
Kwabena Adu-Gyamfi, coordonnateur pays du Laboratoire d'innovation après récolte et producteur de semences, a noté que la plupart des producteurs de céréales en Afrique sont de petits exploitants sans esprit commercial affirmé, qui cultivent pour leur propre consommation, tout en vendant l'excédent pour gagner leur vie.
 
Cependant, les quelques fermiers ayant un esprit commercial ont de faibles rendements qui se perdent souvent après la récolte.
 
"Les véritables problèmes auxquels sont confrontés les céréaliculteurs sont les pertes après récolte car les céréales ne sont pas complètement séchées après la récolte, ce qui permet aux insectes (charançons) de les ingérer, créant ainsi un environnement propice aux infections fongiques entraînant des pertes", a-t-il déclaré à SciDev.Net.
 
"L'autre facteur, a-t-il poursuivi, est qu'après la récolte, les agriculteurs empilent le maïs entre 3 et 4 jours avant de l'écosser et pendant cette période, la teneur en humidité est si élevée dans le stock qu'elle produit des aflatoxines, qui ont la possibilité de provoquer le cancer chez les consommateurs".
 
Kwabena Adu-Gyamfi a conseillé aux agriculteurs d'utiliser un testeur d'humidité pour s'assurer que les grains sont bien séchés et stockés avant de les ranger dans un sac hermétiquement cousu.
 
En fin de compte, selon les producteurs, l'appareil, qui coûte 105 $ (moins de 60.000 Francs CFA) est relativement moins cher que les humidimètres similaires sur le marché, très précis et portable.
 
Cependant, les experts s'accordent à dire que les petits exploitants agricoles pourraient ne pas avoir les moyens de l'acheter et il incombe aux organisations paysannes et aux organisations non gouvernementales (ONG) d'équiper ce groupe avec le dispositif.
 
"Ceci est un appareil très utile et une application pour les agriculteurs. Cependant, pour un modèle commercial plus viable, il est préférable que les clients ciblés soient des opérateurs entrepôt/stockage pour leur permettre d'atténuer les risques et de surveiller constamment les marchandises stockées, plutôt que les agriculteurs", a déclaré à SciDev.Net Elorm Allavi, responsable de l'exploitation de Sycomp Ghana Ltd, une organisation axée sur la technologie soutenant les initiatives agricoles.
 
Elorm Allavi a expliqué que les petits agriculteurs hésiteront beaucoup à acheter l'appareil parce que le fait que les données soient uniquement disponibles en anglais constitue un handicap pour la plupart d'entre eux. Il a ainsi recommandé que les producteurs envisagent une version en langue locale.