03/06/21

Cultiver le café à l’ombre permet d’éviter la rouille des feuilles

A farmer walks at coffee plantation
Un producteur dans un champ de café. Crédit image: Ulet Ifansasti/CIFOR, CC BY-NC-ND 2.0

Lecture rapide

  • La rouille des feuilles du caféier est une maladie fongique qui réduit les rendements du café
  • Les chercheurs identifient un hyperparasite qui pourrait aider à contrôler la maladie
  • Cela pourrait aider à réduire l'utilisation de fongicides et à protéger l'environnement, selon un expert

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[NAIROBI] Selon un expert, les producteurs de café devraient cultiver cette plante à l’ombre pour fournir un environnement propice à un parasite capable de combattre la rouille des feuilles, une maladie fongique.

La rouille des feuilles du caféier, causée par le champignon Hemileia vastatrix, se caractérise par de petites taches jaunes sur la face supérieure des feuilles et des lésions poudreuses orange sur la face inférieure. Les feuilles infectées finissent par tomber, diminuant le rendement et la qualité de la récolte.

Mais une étude menée en Éthiopie sur l’origine du café arabica, connu scientifiquement sous le nom de Coffea arabica, montre qu’un ennemi naturel qui pousse au-dessus des feuilles infectées par la maladie pourrait être la clé pour aider les agriculteurs à la combattre.

“L’ombre crée également un environnement propice à l’hyperparasite de la rouille des feuilles du caféier et nous devons maximiser ce potentiel”

Beyene Zewdie, université de Stockholm, Suède

« La rouille est un défi mondial pour la production de café », explique Beyene Zewdie, co-auteur de l’étude et chercheure postdoctorale au département d’écologie, de l’environnement et des sciences végétales de l’université de Stockholm, en Suède, ajoutant qu’elle réduit les rendements du café jusqu’à 30 %.

Selon l’étude publiée début mai 2021 dans la revue Agriculture, Ecosystems and Environment, les chercheurs ont analysé à la fois la rouille et un champignon qui l’attaque, appelé Lecanicillium lecanii. Les observations ont été réalisées de 2017 à 2019 pendant les saisons humides et sèches dans le sud-ouest de l’Éthiopie.

« Nous avons constaté que la rouille des feuilles du caféier était plus sévère pendant la saison sèche alors que l’hyperparasite [parasite dont l’hôte est également un parasite ou L. lecanii] était plus sévère pendant la saison humide deux ans sur trois », indique l’étude. « L’incidence de la rouille augmentait avec l’intensité de la lutte, tandis que l’hyperparasite était plus fréquent sous une lutte moins intensive. »Beyene Zewdie affirme que la recherche pourrait aider à faire la lumière sur la relation entre la rouille et l’hyperparasite, et à gérer les deux.

« Nous avons également trouvé une légère variation dans les exigences environnementales de la rouille et de l’hyperparasite », a-t-elle confié à SciDev.Net. « La rouille peut prospérer dans des conditions de faible humidité alors que l’hyperparasite préfère les zones caractérisées par des habitats humides et ombragés. »

Beyene Zewdie soutient que la plupart des agriculteurs de la zone d’étude perçoivent la rouille des feuilles du caféier comme une maladie moins importante, car bien qu’une grave infestation de rouille entraîne la chute des feuilles, les caféiers récupèrent normalement les feuilles au cours de la saison humide suivante.

Mais il avertit que la perte de feuilles peut avoir un effet négatif sur les performances de la plante, et dit que l’ombre aiderait à atténuer les dommages.

« Le café a besoin d’ombre et la culture à l’ombre pourrait amortir le microclimat autour des caféiers », indique le chercheur. « L’ombre crée également un environnement propice à l’hyperparasite de la rouille des feuilles du caféier et nous devons maximiser ce potentiel pour utiliser la capacité de l’hyperparasite à supprimer la rouille dans les zones où les deux espèces en interaction coexistent », ajoute-t-il.Bernard Mukiri Gichimu, maître de conférences au département de la gestion des ressources agricoles à l’université d’Embu au Kenya, qui n’a pas participé à l’étude, trouve que ses résultats pourraient être importants pour les agriculteurs.

« Découvrir que L. lecanii est un hyperparasite contre le champignon de la rouille du caféier dans un environnement naturel est une avancée majeure qui peut avoir une contribution significative dans la gestion de la rouille des feuilles du caféier », explique ce dernier. « Avec le changement climatique, la maladie est devenue encore plus dommageable … même dans des zones qui étaient jusque-là connues pour y être moins sujettes », dit-il.

Mukiri Gichimu ajoute que l’utilisation d’un ennemi naturel pour lutter contre cette maladie peut être préférable aux fongicides qui peuvent échouer à contrôler la maladie en raison de leur mauvaise qualité ou d’une mauvaise manipulation ou encore de la résistance de l’agent pathogène au fongicide.

« Réduire l’utilisation de fongicides réduira également la pollution de l’environnement, ce qui sera bénéfique pour les organismes non ciblés et sans danger pour les agriculteurs et les consommateurs de café », conclut-il.

La version originale de cet article a été produite par l’édition de langue anglaise de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne.