26/06/15

Q&R : Prendre le fléau comme un problème de santé publique

Martial Gervais Oden Bella
Martial Gervais Oden Bella, professionnel du secteur de la cosmétique au Cameroun. Crédit image: SciDev.Net/Julien Chongwang

Lecture rapide

  • L’on constate l’absence d’une stratégie d’information des populations
  • Il faut que l’on mette en place une norme en matière de produits cosmétiques
  • Ouvrir des laboratoires de contrôle des produits cosmétiques avant leur vente

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Martial Oden Bella, professionnel du secteur de la cosmétique au Cameroun fait des propositions pour lutter contre la dépigmentation de la peau.

Le Groupe d’initiative commune (GIC) BELLOMAR, basé à Douala au Cameroun, a mené entre autres des études dans le domaine de la formulation, du renforcement de capacité et de l'accompagnement des entrepreneurs dans le secteur de la cosmétique depuis plus de 10 ans à travers des prestations sur site dans plusieurs pays africains : Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Tchad, Guinée, Togo, Sénégal, Gabon, Maroc, etc.

SciDev.Net a rencontré Martial Oden Bella, l’un des responsables de cette organisation, qui énonce des pistes pour s’attaquer à la dépigmentation de la peau qui fait des ravages en Afrique.

 

A votre avis, pourquoi la dépigmentation volontaire de la peau continue-t-elle de se développer en Afrique malgré les conséquences qu’elle comporte ?

Tout simplement parce qu’il n’est pas encore officiellement considéré comme un problème de santé publique.

Ce qui entraîne une absence de stratégie d’information de masse des populations sur le phénomène.

Et les populations découvrent le plus souvent ces conséquences seulement a posteriori.

Au regard de votre expérience, que peut-on faire pour renforcer la lutte contre la dépigmentation de la peau en Afrique ?

“Qu’il y ait des laboratoires spécialisés dans le contrôle qualité des produits cosmétiques et de leurs dérivés, afin d’assurer le contrôle systématique des produits importés et de fabrication locale avant leur mise sur le marché.”

Martial Gervais Oden Bella

Il faut déjà qu’en Afrique, l’on mette en place une norme en matière de produits cosmétiques comme c’est le cas en Europe, en Asie et en Amérique.

Puis, qu’il y ait des laboratoires spécialisés dans le contrôle qualité des produits cosmétiques et de leurs dérivés, afin d’assurer le contrôle systématique des produits importés et de fabrication locale avant leur mise sur le marché.

Une stratégie d’information sur le phénomène doit être également développée et mise en œuvre dans tous les pays par les ministères en charge de la santé publique et par des organisations de la société civile spécialisées.

Bien entendu il est tout à fait important que des études scientifiques soient menées en vue de mesurer l’ampleur du problème et son impact sur le développement social, politique et économique de chaque pays.

Et enfin il faudrait mettre en place une politique d’organisation et d’encadrement des acteurs locaux de la cosmétique, ceci du fait que la plupart, sans aucune connaissance en la matière, se transforment en ingénieurs de formulation et composent des produits sans aucun dosage précis et sans respect de la règlementation internationale en matière de produits cosmétiques.

Que peuvent faire les consommateurs pour s’assurer que tel produit qu’ils achètent ne va pas entraîner une dépigmentation de leur peau ?

Il est tout à fait important que les consommateurs adoptent la culture de la lecture des étiquettes et des notices, ainsi que la recherche des informations sur internet ou ailleurs, pour mieux s’informer sur les ingrédients et leurs impacts probables sur leurs peaux ou sur leur santé en général, comme cela se fait en Europe.

Dans quelle mesure peut-on retrouver son teint normal après la dépigmentation?

Il est très difficile de retrouver sa peau initiale après la dépigmentation ; car le processus est la plupart du temps irréversible.

Les traitements pour retrouver son teint normal n’aboutissent presque jamais et je crois que ceci devrait être une piste pour nos chercheurs ; car des solutions de ce type peuvent constituer une grosse opportunité.

Quel message adresseriez-vous à de jeunes gens qui seraient exposés à la tentation de se blanchir la peau ?

Je leur dirais que la beauté ne peut être liée à la couleur de la peau ; sinon les personnes de peau noire ne trouveraient pas de conjoint.

Tout est dans les soins et dans l’importance que l’on accorde à sa forme physique et à son apparence.

Au lieu de se dépigmenter avec tout ce que cela entraîne comme conséquences généralement irréversibles, il est mieux d’embellir son teint d’origine par des soins cosmétiques et avec des produits naturels.

Existe-t-il des normes dans la conception et la fabrication des produits de beauté pour empêcher qu’ils dépigmentent la peau ? Si oui, comment expliquer que des produits qui dépigmentent la peau envahissent le marché ?

Il existe des normes pour des produits cosmétiques en général, mais pas des normes spécifiques à la fabrication des produits de beauté pour empêcher qu’ils dépigmentent la peau.

Cependant les ingrédients de synthèse à vocation éclaircissante ont des seuils d’ajout qu’il faut respecter.

L’hydroquinone par exemple est interdite mais tolérée à un taux d’incorporation de 1,5 %.

Les Questions-Réponses sont révisées par souci de clarté et de concision.

Cet article est une partie du Dossier sur la dépigmentation.