08/10/13

Climat : Les experts pour des modèles régionaux de prévision

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Crédit image: CIMMYT

Lecture rapide

  • Les prévisions régionales de température sont moins fiables que les prévisions continentales
  • Les scientifiques pourraient tirer profit des observations de température réalisées par les populations locales
  • Le GIEC pourrait produire des rapports plus réguliers sur des questions essentielles afin d’inciter à l’action

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Selon un rapport important sur les changements climatiques, il faudrait de meilleures données d’observation et des modèles climatiques régionaux pour permettre aux scientifiques de prévoir les effets des concentrations atmosphériques en gaz à effet de serre au niveau local.

Selon le rapport publié la semaine dernière (30 septembre) par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU, les insuffisances dans ces domaines sont un obstacle à des prévisions de température et de précipitations fiables à l’échelle régionale.

Même s’il relève les progrès notables de la recherche scientifique sur les changements climatiques depuis la parution du dernier grand rapport du GIEC en 2007, ce document met l’accent sur l’urgente nécessité d’une évaluation régionalisée, souligne Michel Jarraud, secrétaire général de l’Organisation mondiale de la météorologie.

« Nous avons besoin d’autres projections, surtout pour ramener cette information aux niveaux régional et local », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue à Stockholm, en Suède.

Ce rapport rassemble des preuves scientifiques sur les aspects physiques des changements climatiques et, quand on y ajoutera deux autres études à paraître, dont l’une porte sur les effets, l’adaptation et la vulnérabilité, et l’autre sur les options d’atténuation, il constituera le cinquième rapport d’évaluation du GIEC (AR5).

Les modèles de prévision des changements de température à l’échelle continentale concordent avec les observations, mais quand on les transpose au niveau régional, l’incertitude s’accroît, ce qui signifie qu’ils cadrent moins bien, relève le rapport.

Le manque de données d’observation et les incertitudes d’ordre méthodologique empêchent également de tirer toute conclusion définitive sur la sécheresse, même au niveau mondial, poursuit le rapport.

Mais le document conclut que les régions tropicales et subtropicales – où sont situés la plupart des pays en développement -, vont connaître de profondes variations de la pluviométrie, à mesure que le climat va se réchauffer.

L’Amérique centrale et les Caraïbes, l’Asie du sud-est, ainsi que la côte d’Afrique de l’est connaîtront de plus en plus de précipitations extrêmes dues aux cyclones, tandis que l’Afrique de l’ouest, l’Asie du sud et l’Asie de l’est enregistreront une hausse de la pluviosité pendant la mousson d’été, poursuit le rapport. Les zones arides situées près de l’équateur vont probablement s’assécher davantage à mesure de la raréfaction des pluies, conclut le rapport.

Les climatologues doivent comprendre qu’ils ne sont pas les seuls experts et que leurs connaissances peuvent être complétées par d’autres, venues du terrain

Camilla Toulmin

Par ailleurs, le réchauffement moyen de la planète, estimé à quatre degrés Celsius, un chiffre tout à fait possible selon le rapport, entraînera, à terme, la disparition de la calotte glaciaire du Groenland et une élévation du niveau des mers, de l’ordre de sept mètres. 

D’après Camilla Toulmin, directrice de l’Institut international pour l’environnement et le développement, organisation de recherche sur les politiques, les carences de la cartographie et des prévisions des changements climatiques à l’échelle locale attestent de la nécessité d’un éclaircissement de la question de la base vers le sommet.

 Pour y parvenir, les scientifiques doivent s’appuyer sur les observations des paramètres comme la température, la pluviométrie et les événements climatiques extrêmes recueillis par les populations locales, recommande-t-elle.

Cette approche est particulièrement importante dans les pays en développement, où les ressources sont limitées et où les changements climatiques ont déjà un impact considérable. « Les climatologues doivent comprendre qu’ils ne sont pas les seuls experts et que leurs connaissances peuvent être complétées par d’autres venues du terrain », déclare-t-elle dans un entretien avec SciDev.Net.

Bert Metz, membre du conseil consultatif de la Fondation européenne du climat et co-président du groupe de travail qui a planché sur l’atténuation dans le rapport d’évaluation du GIEC en 2007, affirme que le Groupe d’experts lui-même a un rôle à jouer dans les solutions aux déficits de connaissances.

Le GIEC pourrait cesser de mettre l’accent sur des rapports mondiaux et s’orienter dorénavant vers la production de rapports moins volumineux et plus réguliers traitant de questions spécifiques, comme le rythme de la fonte des glaciers et l’élévation du niveau des mers, un domaine où l’incertitude est la plus élevée, suggère-t-il.

En plus de contribuer à focaliser l’attention de la communauté scientifique sur ces questions plus urgentes, l’établissement de rapports réguliers pourrait accroître la pression sur les gouvernements afin qu’ils réduisent plus efficacement les émissions de gaz à effet de serre, affirme Metz.

Lien vers le rapport complet