13/04/14

Analyse: les villes pourraient aider à lutter contre les changements climatiques

Aerial view of Monrovia
Crédit image: Flickr/Christopher Herwig, UN Photo

Lecture rapide

  • Un nouveau rapport du GIEC identifie les villes comme étant des acteurs importants dans la lutte contre les changements climatiques
  • Mais des problèmes tels que le manque de données sur les impacts climatiques des villes sont endémiques
  • Les villes africaines devraient utiliser les connaissances scientifiques actuelles pour planifier un avenir durable

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Pour Linda Nordling, les villes en pleine croissance en Afrique doivent montrer la voie vers un avenir plus durable.

L'expression 'réchauffement de la planète' évoque surtout des images mentales de la fonte des calottes glaciaires, de la disparition progressive des récifs coralliens et des mauvaises récoltes dans des paysages ruraux desséchés. Nous voyons un effilochement de la planète.

Mais c'est dans les villes – et non dans les zones rurales – que se font sentir les mesures les plus efficaces prises pour faire face et s'adapter aux changements climatiques causés par le réchauffement de la planète. En outre, des experts affirment que la majeure partie de la croissance démographique au cours du siècle à venir se produira dans les villes des pays pauvres ou à revenu intermédiaire.

Par conséquent, l'avenir du monde dépendra des villes en pleine croissance en Afrique. Elles pourraient soit aggraver le réchauffement de la planète en choisissant mal leurs voies de développement, soit fournir des solutions en choisissant des voies de développement durable.

“Les villes nous offrent l'une des meilleures chances d’adaptation.”

Debra Roberts, Municipalité d’eThekweni, Durban, Afrique du Sud

Mais pour choisir le développement durable, les gouvernements locaux des zones urbaines ont besoin de connaissances scientifiques pour prendre des décisions de politique durables.


L’été en ville

Il n’est sans doute pas surprenant que les villes, avec leurs véhicules, leurs industries et des foules de personnes, soient des acteurs clés dans l’arène du climat mondial.

Toutefois, ce qui peut surprendre, c'est que le cinquième Rapport d'évaluation sur les impacts, les besoins d'adaptation et la vulnérabilité  face aux changements climatiques  publié récemment par le Groupe d’experts intergouvernemental de l'ONU sur l'évolution du climat (GIEC) soit le premier dans les publications du groupe à comporter un chapitre mettant l'accent sur les zones urbaines. [1]

Les villes sont des sources majeures d'émissions de gaz à effet de serre et consomment beaucoup de ressources mondiales, selon le rapport publié le mois dernier (31 mars) à Yokohama, au Japon, après une réunion de cinq jours de centaines de scientifiques et décideurs, pour élaborer les détails du document.

Toutefois, les villes abritent également plus de la moitié de la population mondiale et l'essentiel des activités économiques mondiales. Cela les rend vulnérables à la myriade de risques liés au climat résultant du réchauffement de la planète, tels que la pénurie d'eau et d’aliments, les épidémies et l'élévation du niveau de la mer.

Par conséquent, les villes présentent à la fois des risques et des solutions possibles pour l'environnement mondial, selon ce rapport du GIEC. L'amélioration des services de base et du logement pour les pauvres, combinée avec une planification tenant mieux compte des facteurs climatiques pour les routes, par exemple, ou les zones résidentielles, l’électricité et les approvisionnements en eau ont un grand potentiel pour accélérer l’adaptation aux changements climatiques à l'échelle mondiale.
 

Les crises de croissance

Il existe déjà beaucoup d'initiatives pour 'verdir' les grandes villes du monde. Le projet des villes du C40, un réseau de 40 grandes villes lancé en 2005 par le maire de Londres de l’époque Ken Livingstone, réunit 40 mégapoles à travers le monde dans des actions visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les villes africaines participant au projet sont: Addis-Abeba, en Ethiopie; Le Caire, en Egypte; Le Cap et Johannesburg, en Afrique du Sud; Dar-es-Salaam, en Tanzanie; Lagos, au Nigeria; et Nairobi, au Kenya.

Toutefois, selon le rapport du GIEC, ce ne sont pas ces mégapoles qui peuvent le plus influencer les scénarios des changements climatiques de l'avenir.

“Dans leur planification pour l’avenir, les décideurs et les citoyens africains ont besoin d’avoir une idée aussi claire que possible des effets que les changements climatiques peuvent avoir dans leurs régions, et des meilleures façons d’y faire face".

C’est plutôt dans les villes d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine qui comptent actuellement moins d'un million d’habitants que la majeure partie de la croissance démographique est attendue au cours des prochaines décennies.

Malheureusement, les gouvernements locaux de ces villes ne disposent que de maigres capacités pour promouvoir la planification du développement ‘vert’. Il y a également une interaction limitée entre les institutions de recherche qui sont les pionnières des solutions durables et ces municipalités.

Debra Roberts, une chercheuse qui travaille sur la planification environnementale dans la municipalité d’eThekweni à Durban, en Afrique du Sud, estime que les gouvernements locaux détiennent la clé du développement judicieux du point de vue du climat en Afrique.

"Les villes nous offrent l'une des meilleures possibilités pour l'adaptation", affirme Debra Roberts, un des principaux auteurs du chapitre traitant des zones urbaines dans le rapport du GIEC. "Le plus urgent maintenant est de donner au gouvernement local un mandat pour agir sur les questions relatives aux changements climatiques".

Des lacunes dans les données

Il reste beaucoup de recherches à faire pour comprendre les meilleures façons dont ces villes de taille moyenne peuvent s’engager dans la voie d'un avenir durable.

Un des défis auxquels Roberts et ses co-auteurs ont été confrontés est l’absence relative de recherches ayant déjà été évaluées par les milieux scientifiques sur les changements climatiques en milieu urbain et sur les mesures à prendre. Pour terminer le nouveau chapitre, ils ont dû s'appuyer sur une quantité importante de ce qu’on appelle ‘littérature grise' – des documents publiés par des ONG telles que Oxfam (dont le siège social se trouve au Royaume-Uni) et par des municipalités locales — pour terminer le nouveau chapitre.

Les connaissances acquises dans le domaine sont souvent séquestrées par les gouvernements locaux en Afrique et ailleurs, selon Debra Roberts. Elle aimerait voir une bonne partie de ces informations être évaluée et vérifiée par la communauté scientifique, de sorte que les urbanistes puissent disposer d’une base de données factuelles plus solide sur laquelle axer leurs politiques.

Ceci reflète, bien sûr, le défi plus grand de la rareté des données pour modéliser les effets des changements climatiques et du réchauffement de la planète en Afrique. Mais au moins, l'ensemble de données s’améliore progressivement, les climatologues en conviennent.

Afin de planifier l'avenir, les décideurs et les citoyens africains ont besoin d'une image aussi claire que possible des effets que les changements climatiques peuvent avoir dans leurs régions, et des meilleures façons d’y faire face.

Les villes en pleine croissance, ainsi que leur gestion, vont constituer une pièce importante du puzzle climatique en Afrique. 
 

Linda Nordling La journaliste Linda Nordling qui travaille au Cap, en Afrique du Sud, est spécialiste de la politique africaine pour la science, l’éducation et le développement. Elle a été rédactrice en chef de Research Africa et collabore au Réseau Science et Développement (Scidev.Net), Nature, etc.

Cet article est une production de la rédaction Afrique sub-saharienne de SciDev.Net.