Par: Samuel Hinneh
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[ACCRA] Un projet dont l’objectif est de déterminer si l’accès aux informations sur le marché et à des prévisions météorologiques hebdomadaires par SMS peut permettre aux agriculteurs d’accroître leurs rendements et leurs revenus, est en cours d’expérimentation dans les régions rurales du Ghana.
Le manque d’accès aux données sur les prix de denrées sur les différents marchés réduit la capacité de nombreux petits exploitants agricoles africains de négocier de meilleurs prix. Le projet se propose donc de leur offrir d’autres options de commercialisation pour leur permettre de tirer un meilleur revenu de leurs récoltes.
Nicholas Minot, chercheur associé à l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), organisation chef de file dans l’exécution du projet, explique que l’objectif est d’évaluer l’impact au Ghana de l’information agricole transmise par téléphones portables aux agriculteurs.
« Nous procédons par une sélection aléatoire d’un groupe d’agriculteurs [ayant des téléphones portables] pour recevoir l’information par SMS et une comparaison ultérieure des recettes de vente des produits agricoles entre ces agriculteurs et leurs homologues n’ayant pas bénéficié de ces services », déclare t-il à SciDev.Net.
L’étude pilote, qui a débuté en novembre 2011 et s’achèvera fin 2014, concerne 570 petits exploitants agricoles des régions septentrionales du Ghana.
Le projet est financé par le Ministère finlandais des relations extérieures, à hauteur de plus de 10 000 dollars américains. Chaque agriculteur reçoit par semaine quatre messages dont le coût, évalué à 18 centimes de dollars, sera supporté par l’IFPRI.
D’après Minot, si à long terme l’étude montre un impact positif sur les prix des denrées, les rendements et le revenu des agriculteurs, il pourrait convaincre les organismes publics d’investir davantage dans la fourniture de l’information agricole aux agriculteurs, en recourant surtout aux nouvelles méthodes de communication bon marché que sont les SMS et les autres outils des TIC.
Esoko, l’autre partenaire du projet, est une société privée basée à Accra, qui utilise les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour la diffusion de l’information sur les marchés.
Isaac Boateng, responsable de la coordination et du suivi à Esoko, affirme qu’ils ont formé des gens – appelés agents de collecte – qui recensent les informations sur les prix sur différents marchés et rassemblent d’autres données comme les prévisions météorologiques, les prix des engrais et les coûts de transport des exploitations vers les marchés. Ces informations sont alors transmises par téléphone portable à une plateforme, avant d’être certifiées et transférées aux agriculteurs en temps réel par SMS.
Des chercheurs reproduisent le même projet en Ouganda.
« Nous leur fournissons des bulletins météo adaptés aux conditions et spécificités locales et quelques conseils d’agronomie comme un calendrier des cultures, afin qu’ils sachent quand cultiver chaque variété de semences pour améliorer les rendements», explique Boateng à SciDev.Net
Boateng insiste sur le fait qu’en plus des SMS, un message vocal en langue locale est aussi envoyé pour aider les agriculteurs qui ne peuvent pas lire.
Stephen Nketia, spécialiste des sciences agroalimentaires à l’Institut de recherche alimentaire du Centre de recherche scientifique et industrielle du Ghana, estime qu’en zones rurales, la plupart des agriculteurs ont désormais un téléphone portable et peuvent accéder aux prix des produits agricoles sur divers marchés, grâce à un tel projet et augmenter leurs bénéfices.
Cet article est une production de la rédaction Afrique subsaharienne de SciDev.Net.