10/02/16

Des drones humanitaires pour sauver des vies à Madagascar

Drone humanitaire Madagascar 3
Crédit image: SciDev.Net / Rivonala Razafison

Lecture rapide

  • Des drones à usage humanitaire entrent en service ce mois-ci sur la Grande île
  • Ces appareils vont accélérer et guider la réaction des secours en cas de sinistre
  • Un expert appelle à prendre beaucoup de précautions avec les données collectées

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[ANTANANARIVO] Madagascar entend déployer dès cette deuxième semaine de février 2016 sur son territoire des drones à usage humanitaire. Leur première utilisation est censée se dérouler dans les régions du Nord-Ouest, du Nord-Est et du Nord de l’île, sujettes à des effets dévastateurs d’El Nino qui y ont occasionné ces temps-ci des pluies persistantes.

Après plus de deux ans de travaux, des techniciens de l'entreprise Threeshells Madagascar ont en effet mis au point des drones multi-rotors qualifiés d’humanitaires.
 
Ces petits avions modelés sur l’île sont équipés du système de positionnement global (GPS), des capteurs gyro, d’un guidage radio et de composantes pour faire fonctionner l’imagerie et le retour vidéo live view.
 
Capables de survoler un périmètre de 2 km de rayon à 150-200 m du sol et à vue permanente, ces appareils télécommandés offrent, en cas de catastrophes, la possibilité d’avoir en temps réel les informations photographiques et cartographiques des zones touchées, même les plus difficiles d’accès.

“La maîtrise et l’utilisation des nouvelles technologies afin de renforcer les interventions d’urgences sont importantes. Elles apportent une réelle valeur ajoutée aux prises de décision et aux interventions d’urgence”

Thierry Venty
BNGRC – Madagascar

 
Le recours aux drones de ce type permet dès lors d’explorer, de diagnostiquer et d’évaluer l’ampleur des dégâts sur le terrain ; contribuant ainsi à une meilleure prise de décision dans des délais plus courts.
 
"Notre but est d’aider le pays à mieux faire face à ses nombreux défis. Nous avons toujours privilégié les liens entre nos projets de recherche et le processus de développement", confie à SciDev.Net Laza Randriamifidimanana, le fondateur de l’entreprise.
 
"La maîtrise et l’utilisation des nouvelles technologies afin de renforcer les interventions d’urgence sont importantes. Elles apportent une réelle valeur ajoutée aux prises de décision et aux interventions d’urgence", renchérit Thierry Venty, secrétaire exécutif du Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC) de Madagascar.
 
"Il s’agit d’outils efficaces pour sauver rapidement des vies humaines dans de telles circonstances", ajoute l’intéressé.
 
Pour cela, apprend-on, les caméras thermiques dont ces appareils sont équipés permettent de détecter la présence de personnes coincées par exemple dans des inondations. "Leur efficacité et leur rapidité sont à 100 % garanties", souligne Laza Randriamifidimanana.
 
"L’acquisition et l’utilisation de drones répondent à un besoin et contribuent au relèvement rapide des personnes affectées à travers une amélioration des interventions d’urgence", explique Silvia Gaya, représentante adjointe du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) à Madagascar.
 
L’appui de cette agence onusienne a effectivement rendu possible la dotation de ces appareils qui doivent profiter à toute équipe humanitaire exerçant sur la Grande Île.

Précaution

 
Gérard Rambolamanana, directeur de l’Institut et observatoire géophysique d’Antananarivo (IOGA), attire toutefois l’attention sur les précautions à observer dans la gestion des données collectées par ces drones.
 
"Je loue personnellement la décision d’exploiter les drones à des fins d’utilité publique et à moindre coût. Mais l’approche peut être potentiellement dommageable pour les libertés individuelles dans notre pays si leurs manipulateurs sont des personnes sans éthique ni morale", avertit-il.
 
"On ne sait jamais si des caméras secrètes qui sont embarquées vont collecter des renseignements destinés à d’autres objectifs", ajoute-t-il.
 
Pour prévenir les éventuels effets pervers, le scientifique recommande que des techniciens malgaches s’occupent de toutes les données de façon à protéger celles jugées sensibles. A ce tire, le rôle de l’organisme étatique chargé de gérer la règlementation s’y rapportant est capital, son avis.
 
D’ailleurs, la loi sur le règlement informatique qui s’appliquera aussi aux drones sortira bientôt sous la férule, entre autres, de l’Aviation civile de Madagascar (ACM).
 
Madagascar est régulièrement cité parmi les pays les plus exposés aux risques liés au changement climatique et occupe même le premier rang de ce classement en Afrique.
 
Les pertes économiques causées par des aléas naturels (sécheresses, tremblements de terre, épidémies, inondations, cyclones et températures extrêmes) depuis 1980 y sont estimées à plus d’un milliard de dollars, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).