06/08/12

La Chine entend renforcer son appui à la science en Afrique

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[NAIROBI] Le président chinois a promis de renforcer l’appui en matière de science, de technologie et d’innovation (STI) à l’Afrique, même si des experts sur le continent préviennent que cette assistance ne fonctionnera que si elle est conduite par l’Afrique et promeut le développement durable.

Le président Hu Jintao a promis d’étendre la collaboration entre la Chine et l’Afrique dans le domaine de la science, à travers le maintien de programmes de recherche efficaces et l’appui à de nouvelles initiatives dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de l’eau, de la foresterie,  des technologies météorologiques et du renforcement des capacités.

"La Chine va mettre en œuvre le ‘Programme Talents africains’ visant à former 30.000 personnels dans différents secteurs au profit de l’Afrique, a offrir 18.000 bourses gouvernementales et a construire des infrastructures culturelles et de formation des compétences professionnelles", a déclaré Hu Jintao lors du cinquième Forum sur la Coopération Chine-Afrique (FCCA) à Pekin, en Chine, le mois dernier (19-20 juillet).

Il a affirmé que la coopération médicale et sanitaire serait également renforcée: "La Chine va […] envoyer 1.500 personnels médicaux, et poursuivre son programme ‘opération de la cataracte’ en Afrique, qui a pour objectif de fournir un traitement gratuit aux malades de la cataracte".

Hu a ajouté que la Chine et l’Afrique devraient renforcer leurs échanges dans les domaines de l’éducation et de la science, et travailler de manière plus dynamique à la réalisation d’une coopération avancée en matière de transfert des technologies.

Il a souligné l’existence d’initiatives existantes, telles que le Plan Chine-Afrique de recherches conjointes et d’échanges, pour lequel il a promis de poursuivre le soutien, ajoutant que la Chine allait "financer 100 programmes de recherche, d’échange et de coopération mis en oeuvre par des institutions universitaires et des chercheurs des deux côtés".

"La Chine a formé près de 40.000 personnels africains dans divers secteurs, et a fourni plus de 20.000 bourses gouvernementales aux pays africains […] Vingt partenariats entre universités chinoises et africaines de pointe ont entamé une coopération dans le cadre du Plan de coopération 20 +20 pour les institutions chinoises et africaines d’enseignement supérieur", a poursuivi  Hu.

Des experts africains ont salué les promesses faites et voient dans la Chine un partenaire scientifique potentiel. Mais ils ont prévenu qu’un simple transfert des technologies en utilisant les modèles traditionnels d’aide ne contribuera guère à aider le continent à se développer de manière durable.

"Nous savons que la Chine est forte en [matière de création] d’infrastructures de développement en Afrique, mais il y a peu de données pour montrer qu’elle a coopéré avec le continent en matière de STI", a déclaré Eric Aligura, le coordonnateur des programmes à l’Institut kényan de politiques publiques et d’analyses.

Il a souligné que l’Afrique continue à dépendre des traditionnels partenaires occidentaux dans le domaine de la collaboration scientifique, mais a affirmé que la Chine pourrait devenir un nouveau collaborateur important.

D’autres se sont demandés si les nouvelles promesses auraient un impact durable et seraient durables sur le long terme.

"Pour que [la Chine] soutienne le continent de façon fructueuse, elle doit accorder la priorité aux transitions ‘socio-technologiques’ — par exemple, en renforçant les capacités africaines en matière de STI pour un développement durable", a déclaré Kevin Urama, le directeur exécutif du Réseau d’études des politiques africaines de technologie (EPAT).

En revanche, les modèles de transfert des connaissances, des compétences et des fonds tels qu’on les pratique pourraient conduire à accroitre la dépendance a-t-il ajouté.

"Bien que les initiatives chinoises soient les bienvenues, nous devons comprendre qu’elles ne seront fructueuses que si elles sont conduites et conçues par l’Afrique dans le but de favoriser leur appropriation par les pays africains".

A titre d’exemple, Urama a déclaré : "Si l’envoi de personnel médical en Afrique donne accès à des prestations sociales à court terme aux malades, une stratégie plus durable consisterait à impliquer ces experts dans le développement des connaissances [médicales] africaines".

Les pays "ne peuvent pas se développer à partir de l’extérieur", et des solutions existent avec des pays africains qui parviennent à répondre à leurs besoins de développement et coopèrent avec des partenaires, dont la Chine, pour développer des capacités locales en STI, a ajouté Urama.