08/02/12

Les températures élevées ‘font mûrir prématurément le blé’

Les agriculteurs des pays chauds ont tendance à semer le blé pendant les périodes froides, quand cette culture prospère Crédit image: Flickr/CIMMYT

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[SRINAGAR] Le réchauffement climatique peut entraîner un mûrissement prématuré du blé, selon des études par modélisation informatique portant sur la réponse de cette culture aux conditions de pousse dans le Nord de l’Inde.

L’impact du changement climatique sur la croissance du blé et la taille des grains est plus important que ne l’ont indiqué les précédents modèles de culture, ont écrit la semaine dernière (le 29 janvier) David Lobell, professeur de Science du système environnemental terrestre à l’Université de Stanford, aux Etats-Unis, et ses collègues dans Nature Climate Change (Le changement climatique de la nature).

L’équipe du professeur Lobell s’est appuyée sur neuf années de mesures satellitaire de la croissance du blé dans les plaines indo-gangétiques du Nord de l’Inde pour analyser les taux de blé mûrissant après exposition à des températures supérieures à 34 degrés celsius.

Le blé pousse sous une température relativement fraîche et c’est pour cela que les agriculteurs du monde entier ont tendance à semer la plante à la fin de l’automne ou au début de l’hiver, et à le récolter avant le début de l’été. Cela signifie que les graines se forment quand les températures sont les plus chaudes.

Mais on sait que l’effet de températures plus chaudes est de réduire à la fois le nombre de graines de blé et leur taille. Maintenant, les scientifiques ont constaté que des températures supérieures à 30 degrés celsius modifient le mécanisme développé par la plante pour préparer ses aliments, ce qui, à son tour, cause un mûrissement prématuré et limite la croissance des grains.

Les données satellitaires ont montré que les variations du rendement du blé en Inde peuvent être attribuées aux températures. Par exemple, une montée soudaine de la température en 2010 a entraîné un mûrissement prématuré du blé, réduisant ainsi les rendements.

D’après les calculs des chercheurs, si les modélisations prenaient en compte leurs conclusions, elles ajouteraient 50% de pertes supplémentaires pour chaque palier d’augmentation de deux degrés à certaines périodes de l’année.

"L’efficacité des adaptations dépend de leur capacité à réduire la sensibilité des cultures aux températures très chaudes", écrivent-ils.

Il reste à savoir si ces résultats seront confirmés dans d’autres zones de culture du blé, ajoutent les chercheurs.

Gulzar Singh, chercheur principal à l’université des Sciences et Technologies Agricoles Sher-e-Kashmir, de Srinagar, a déclaré à SciDev.Net que "cette étude (souligne) certainement la nécessité de se préparer à des mesures d’adaptation, comme le développement de variétés résistantes à la chaleur".

Ravish Chatrath, chercheur principal à la direction de la Recherche sur le blé en Inde, estime que, bien que l’Inde ait connu des récoltes exceptionnelles de blé au cours des cinq dernières années, il est essentiel de mettre au point un mécanisme d’adaptation aux changements climatiques.

"Nous travaillons sans relâche au développement des variétés résistantes à la chaleur ", dit-il. Des études sur le sort des différentes cultures sous l’effet des changements climatiques prévoient curieusement des baisses et des hausses simultanées de rendement. Une évaluation a été publiée en 2010 sur le comportement de 50 cultures essentielles sous des températures de plus en plus chaudes.

Lien vers l’article dansNature Climate Change (en anglais)

Références

Nature Climate Change doi:10.1038/nclimate1356 (2012)