22/07/11

Les données sur la pluviométrie africaine vont améliorer les prévisions

Les données satellitaires sont susceptibles d'aider à mieux prévoir les changements climatiques à venir en Afrique Crédit image: Flickr/Oxfam International

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[LONDRES] Selon un chercheur britannique, un ensemble complet de 30 années de données sur la pluviométrie africaine pourrait rapidement aider à évaluer les prévisions de changements climatiques ainsi qu'à améliorer les modèles climatiques.

David Grimes, qui étudie les données satellitaires à l'Université de Reading, a déclaré à SciDev.Net que son groupe de recherches publiera d'ici un an l'ensemble des données afin qu'elles soient accessibles à tous.

Les chercheurs sont déjà en mesure de fournir des prévisions à court terme fiables de la météo en Afrique, mais ils ne disposent pas encore de données exhaustives et cohérentes sur le long terme, lesquelles sont nécessaires pour prévoir le temps avec précision.

Les nouvelles données émanent du satellite européen Meteosat qui récolte des données sur l'Europe et l'Afrique. Ces données vont compléter les faibles données qui sont disponibles au sol quant à la pluviométrie ; elles permettront d'améliorer les prévisions climatiques qui sont fréquemment contradictoires.

Selon D. Grimes, "certains modèles prévoient une hausse de la pluviométrie dans certaines zones, alors que d'autres annoncent une baisse au même endroit, ce qui s'explique en partie par le fait que les données venant de l'Afrique [sont] de basse qualité et très rares".

Plusieurs experts pensent que les changements climatiques rendront le climat africain plus variable, avec des événements plus extrêmes, comme la sécheresse qui sévit cet été dans la Corne de l'Afrique.

Cette variabilité accrue pourrait également être susceptible d'augmenter les risques d'inondations. Geoff Pegram, Professeur émérite à l'Université de KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud, prévoit "des périodes plus longues de sécheresse, et en cas de pluies, il est probable que celles-ci soient plus fortes".

Le manque de données fiables quant à la pluviométrie a empêché les modèles climatiques de faire des prévisions solides sur la manière dont le climat va changer dans des endroits précis.

Selon D. Grimes, les nouvelles données "peuvent nous indiquer si la pluviométrie et le climat, dans des endroits particuliers et à des moments spécifiques de l'année ou des saisons, ont changé au cours des 30 dernières années, et nous pourrons alors comparer ces données à celles que prévoient les modèles climatiques". "Si les modèles climatiques et nos ensembles de données coïncident, nous accorderons plus de confiance à leurs prévisions à venir".

Les précédents ensembles de données manquaient de cohérence. D'après D. Grimes, le Global Precipitation Climatology Project dispose par exemple de données sur la pluviométrie dans le monde mais il utilise des méthodes de calcul différentes pour les diverses périodes, ce qui rend plus difficile de comprendre comment le climat a évolué.

Selon Tufa Dinku, chercheur à l'International Research Institute for Climate and Society à l'Université de Columbia, aux États-Unis, "cet ensemble de données est unique en ce qu'il utilise un seul algorithme et un seul capteur satellitaire, ce qui garantit la cohérence des séries chronologiques. Il n'existe aucun autre produit satellite sur la pluviométrie permettant de remonter jusqu'en 1983 avec une fréquence de dix relevés par jour et une résolution spatiale d'environ cinq kilomètres.

"Mais cet ensemble de données est aussi qualitatif que le nombre de stations utilisées pour le calibrage", a-t-il déclaré. Avant de pouvoir être utilisé, il doit être calibré par rapport aux données au sol. Les satellites fournissent des estimations de pluviométrie qui doivent être comparées aux données au sol afin de comprendre comment elles traduisent les taux réels de pluviométrie.

D. Grimes a indiqué qu'il prévoyait d'animer plusieurs séminaires en Afrique afin de calibrer les estimations par rapport aux mesures pluviométriques ayant été relevées, mais aussi de former les scientifiques sur lʹutilisation de l'ensemble de données.

"L'Afrique est le pire continent, en dehors de l'Antarctique, pour ce qui est de la répartition des mesures pluviométriques, ce qui explique réellement pourquoi nous avons recours à la surveillance par satellite ; si on se contentait d'utiliser les relevés de mesures, nous n'aurions pas une image complète de ce qui est en cours", a-t-il déclaré.

"Si on ne connaît pas l'état du climat et comment il va évoluer, il est impossible de savoir s'il est en train de changer ou non".