16/03/12

Le blé résistant au sodium, une percée pour améliorer les rendements

Des essais viennent d’être réalisés avec succès sur du blé tolérant au sel Crédit image: Flickr/Xochiquetzal Fonseca CIMMYT

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Des chercheurs australiens ont procédé avec succès aux essais en champ du blé dur (blé durum) dont les rendements ont augmenté de 25 pour cent sur les sols salins.

Le blé dur est l’une des espèces les plus cultivées dans le monde, mais sur les sols salins, il est vulnérable au sel qui s’accumule dans ses feuilles et peut freiner sa croissance et réduire les rendements, faisant ainsi peser une menace pour la sécurité alimentaire. Or, des chercheurs de l’Université d’Adelaïde et de l’Organisation fédérale pour la recherche scientifique et industrielle (CSIRO) avaient déjà observé que le Triticum monococcum, cousin ancestral du blé moderne, a l’aptitude génétique spécifique d’éviter l’accumulation du sodium. Grâce aux techniques classiques de sélection, l’équipe a pu introduire ce caractère génétique dans le blé dur commercial.

Ils ont ensuite pu comprendre le fonctionnement du gène de la tolérance au sodium, dans une étude publiée cette semaine dans Nature Biotechnology (11 mars), avec les résultats de leurs études en champ.

Ce gène code une protéine qui extrait le sodium [sel] des cellules qui bordent le xylème, ces ‘canaux’ utilisés par les plantes pour extraire l’eau de leurs racines jusqu’aux feuilles’, explique Matthew Gilliham de l’Institut de recherche Waite de l’Université d’Adelaïde.

‘L’étude confirme l’idée selon laquelle la tolérance des céréales à la salinité peut être améliorée et ouvre ainsi la voie pour transférer ce gène, grâce à la sélection classique, vers tout un ensemble de variétés de blé et de plantes’, annonce Gilliham.

Selon ses estimations, des semences devraient être disponibles sur le marché d’ici cinq ans ; ce caractère est actuellement en train d’être introduit et testé dans le blé tendre, avec des résultats prometteurs.

La salinité des sols touche plus de 20 pour cent des terres agricoles et représente un énorme défi, surtout dans l’agriculture irriguée et dans les régions où les niveaux de salinité naturelle sont élevés, notamment certaines parties du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Aux Etats-Unis, pays qui exporte le plus de blé au monde, ‘la valeur des pertes de production dues à la salinité du sol s’élève à plus de US$ 12 milliards’, précise Gilliham.

L’utilisation des techniques classiques de sélection, au lieu de la modification génétique (GM), pourrait permettre de réduire le prix des semences et les rendre plus acceptables aux agriculteurs, se félicite Ephraim Nkonya, chercheur à l’Institut international de recherche en politique alimentaire (IFPRI).

‘Une variété sélectionnée au moyen des techniques classiques est plus susceptible d’être adoptée dans le monde en développement. Le gros avantage de la sélection classique réside dans le coût moins élevé des semences’, explique Nkonya qui souligne que les restrictions de plantation à respecter par les agriculteurs seraient également moins contraignantes.

Toutefois, un porte-parole du Centre international d’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT), s’est dit inquiet des conséquences de la sélection de cultures tolérantes au sodium sur les pratiques d’irrigation, phénomène qui pourrait encourager les agriculteurs à poursuivre des mauvaises habitudes.

Lien vers l’article complet dans Nature Biotechnology