09/02/11

Des serres alimentées par l’eau de mer en Jordanie

La représentation dʹun artiste du centre dʹexposition dʹAqaba Crédit image: The Sahara Forest Project Foundation/Screenergy

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[AMMAN] Des serres alimentées par lʹeau de mer, des centrales solaires photovoltaïques et de nouvelles technologies environnementales vont être rassemblées en Jordanie pour tenter de transformer son désert en producteur de plantes, dʹeau douce et dʹélectricité.

Les gouvernements jordanien et norvégien ont signé un accord le mois dernier (11 janvier) pour construire un centre dʹexposition de 20 hectares près dʹAqaba sur la Mer rouge. Ils travailleront avec lʹAqaba Special Economic Zone Authority (ASEZA) et le Sahara Forest Project (SFP), un groupe s’occupant de technologies environnementales, basé en Norvège, pour commencer à construire le centre en 2012 en espérant quʹil soit opérationnel dʹici 2015.

Le projet est dʹacheminer lʹeau de la mer dans le désert où des ʹserresʹ pourront faire pousser des plantes sans avoir besoin dʹamener de lʹeau douce. Cela est possible en évaporant lʹeau de la mer sur des grilles placées à lʹentrée de la serre afin que lʹair qui entre soit humide et frais. Dès quʹil quitte la serre, lʹair est alors exposé à un circuit de réchauffement puis de refroidissement, et finit en eau pure condensée pouvant être utilisée pour arroser les cultures de la serre.

La centrale solaire photovoltaïque concentrée, qui utilise la chaleur du soleil pour créer une vapeur qui active une turbine produisant de lʹélectricité, alimente la serre et peut ensuite être refroidie grâce à lʹeau de la serre.

Mohammed S. Turk, Directeur général de lʹAqaba Development Corporation (ADC), a déclaré à SciDev.Net : "Le gouvernement jordanien soutient les investissements réalisés dans ces techniques, qui sont susceptibles de sauver lʹeau dans un pays qui souffre dʹun manque de celle-ci". Il a indiqué que ce projet représentait un moyen de dessaler lʹeau, pour quʹelle soit utilisée sur les terres désertiques qui en ont besoin, qui serait moins coûteux que les techniques actuelles de dessalement. Il a cependant ajouté que les "les études de faisabilité qui seront menées, montreront si ce projet peut réussir ou non en Jordanie".

Issa Batarseh, Président de la Princess Sumaya University for Technology, a déclaré à SciDev.Net : "Le projet rencontrera plusieurs difficultés, telles que le coût, les possibilités à grande échelle, mais aussi la durabilité et la fiabilité de ce système dans des conditions qui peuvent être difficiles, en particulier dans le désert jordanien".

 

Selon I. Batarseh, le fait de se lancer dans un tel projet présente deux avantages supplémentaires pour la Jordanie. Le premier est quʹil va mieux sensibiliser la population aux technologies environnementales. Le second est lʹopportunité quʹil offre aux ingénieurs et aux chercheurs jordaniens de gagner en expérience et en expertise nécessaires pour que ces technologies soient adaptées à une production à grande échelle.

"Je mʹattends à ce que ce système soit très onéreux au niveau du coût initial, mais il peut sʹavérer bénéfique à long terme", a déclaré Anwar M. Battikhi, Professeur de physiques et dʹirrigation des sols à lʹUniversité de Jordanie. "Au lieu de cultiver des plantes traditionnelles telles que les tomates, les concombres ou les melons,… le centre plantera des espèces rentables telles que les fraises, les fleurs et les semences hybrides, qui pourront être exportées vers les marchés occidentaux".

Selon lʹaccord qui a été signé, la Jordanie fournira le site de 20 hectares dans le gouvernorat dʹAqaba, à 360 kilomètres au sud de la capitale, Amman, ainsi quʹune canalisation pour acheminer lʹeau de mer depuis la Mer rouge ; la Norvège apportera 600 000 dollars américains (455 000 euros) pour réaliser trois études de faisabilité. Des investissements supplémentaires du secteur privé sont également attendus pour construire le centre dʹexposition.

M. S. Turk a indiqué que si le projet est un succès dʹun point de vue économique, les autorités dʹAqaba fourniront 200 hectares pour lʹétendre.

Le premier exemple commercial, au monde, de serre alimentée par lʹeau de mer, à savoir une unité de 2 000 mètres carrés à Port Augusta, en Australie, a vu sa première récolte de tomates en décembre.