05/11/10

Les nanotechnologies vertes pour réduire les risques de santé dans les PVD

Qui doit payer pour le contrôle, l'évaluation des risques et la régulation ? Crédit image: Flickr/gonzales2010

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Pour Rajender Varma, la réglementation des nanotechnologies est compliquée, mais la chimie verte pourrait aider les pays en développement à "faire un bond" vers des produits plus propres, plus sains.

Le domaine des nanomatériaux destinés à être utilisés dans des situations de soins de santé a connu des avancées majeures et certains d'entre eux, testés en laboratoire, ont déjà été mis en pratique dans le 'monde réel'. Dorénavant, nous devons nous concentrer sur le risque potentiel qu'ils représentent pour la santé et l'environnement, des risques encore mal évalués.

Les nanotechnologies à finalité commerciale devraient concerner presque tous les secteurs de l'industrie et de la fabrication, y compris la médecine et la livraison des médicaments. Les nouveaux produits à base de nanotechnologie sont fabriqués et lancés sur le marché avec une rapidité inquiétante. D'après une estimation, l'industrie des nanomatériaux à finalité commerciale et des dispositifs assistés par nanotechnologie représentera US$ 1 milliard d'ici 2015. Pourtant, la production et l'utilisation des nanomatériaux est peu réglementée, en particulier dans le monde en développement.

Des mécanismes de contrôle sont absolument nécessaires. L'Assemblée mondiale de la Santé (l'organe de décision de l'OMS) a identifié l'exposition aux nanomatériaux comme une priorité pour le Plan d'action mondial relatif à la santé des travailleurs (adopté en 2007). Et le Réseau mondial des centres collaborateurs de l'OMS en matière de médecine du travail a élu les nanotechnologie comme l'un de ses principaux domaines d'intervention.

Pas uniquement les nanoproduits

Les nanomatériaux font actuellement l'objet d'une évaluation rigoureuse aux États-Unis et en Europe, mais le processus de création et d'application de telles normes réglementaires dans les pays en développement s'est révelée compliquée  pour tous les produits basés sur la chimie, pas uniquement pour les nanoproduits. Ces pays ignorent ces questions à leurs propres risques et périls.

En Inde, par exemple, un grand nombre d'entreprises, de l' industrie minière aux industries chimiques, n'ont pas réussi à répondre aux préoccupations des communautés locales et des groupes de défense des droits de l'homme. De la catastrophe causée par des produits chimiques toxiques à Bhopal en 1984, à une exploitation de bauxite et une raffinerie d'aluminium dans les collines de Niyamgiri, dans l'Etat d'Orissa, les activistes mènent depuis longtemps des batailles juridiques contre les déchets toxiques. L'activisme environnemental a progressé avec les évaluations de l'impact sur l'environnement qui sont devenues une composante essentielle de toutes les activités industrielles plus récentes.

Cependant, les grandes entreprises multinationales ne sont pas les seules responsables des déchets dans l'environnement, avec de probables effets toxiques sur les êtres humains dans le monde en développement. De plus petites entreprises dans les pays en développement le sont aussi.

Quel contrôle, sur quoi et et qui doit payer?

Dans ce contexte, qui devrait payer pour le contrôle, les évaluations de sûreté et la réglementation? Ce sont des coûts élevés qui affecteraient durement les entreprises des pays en développement. La plupart des innovations dans les nanotechnologies proviennent des groupes de recherche dans des petites entreprises naissantes.

La survie de ces entreprises peut dépendre de la pression imposée par les organismes de réglementation. Les petites entreprises peuvent être sérieusement handicapées par les coûts liés à une surveillance accrue. Pourtant, un bon nombre d'entreprises satisfont les besoins en matières premières et produits à plus bas prix nécessaires aux pays où la vie est chère.

Dans les pays en développement en particulier, les auteurs des règlements sanitaires et de sécurité devront décider de qui doit supporter le fardeau du coût du contrôle réglementaire. C'est une tâche importante, parce que les règlements joueront à leur tour un rôle important dans la hiérarchie des risques évalués.

Le fardeau de la réglementation est davantage aggravé par un débat constant sur la manière la plus appropriée de contrôler la toxicité des nanomatériaux – à savoir s'il faut se concentrer principalement sur leurs effets sur les cellules étudiées in vitro, dans les conditions du travail en  laboratoire, ou sur leurs effets sur des animaux vivants (études in vivo), qui sont plus difficiles et peuvent s'avérer plus coûteux.

Nous savons déjà que les essais et les modèles toxicologiques traditionnels peuvent produire des résultats contradictoires et souvent impossibles à reproduire pour les nanomatériaux. Donc, il n'existe pas une seule plateforme de contrôle.

La chimie verte

Une autre façon de contourner certaines de ces difficultés peut consister à se concentrer sur le domaine émergent de la 'chimie verte' destinée a réduire ou éliminer les substances dangereuses dans la conception, la fabrication, et l'application des produits chimiques également prometteurs pour la réduction des effets toxiques sur la santé des entités à base de nanotechnologie. L'utilisation de matériaux écologiques et biodégradables dans la production de nanoparticules métalliques est importante pour des applications pharmaceutiques et biomédicales.

La production de nanoparticules nécessite souvent des réducteurs chimiques toxiques et agressifs comme le borohydrure de sodium et l'hydrazine, un agent de recouvrement stabilisateur de particules, et des solvants organiques volatils tels que le toluène ou le chloroforme. Bien que ces méthodes puissent produire avec succès des nanoparticules métalliques pures, bien définies, le coût matériel, environnemental et sanitaire de production est élevé. Nous devons développer d'urgence des solutions de rechange plus rentable et douces.

Faire un bond vers les nanotechnologies?

Ma propre équipe a déjà développé plusieurs méthodes douces qui utilisent des ressources naturelles renouvelables telles que les extraits de plantes, les polymères biodégradables, les polyphénols issus des sucres du thé et même un déchet agricole tel que le marc de raisin.

Ce type de progrès pourrait aider les pays en développement, en particulier ceux qui sont riches en matières premières renouvelables d'origine végétale, à produire des nanomatériaux et des nanocomposites de façon plus sûre. Ainsi, Tata Chemicals, en Inde, a récemment présenté à l'intention des communautés rurales une technologie de purification de l'eau qui utilise des nanoparticules d'argent maintenues sur la matière cellulosique à base de balles de riz et ne coûte que US$ 21 par filtre. Elle se trouve à un stade précoce de développement et devrait pourtant être largement appliquée et distribuée dans le monde entier.

Ces stratégies simples et pourtant novatrices pourraient permettre aux pays en développement de "faire un bond" vers des nanotechnologies plus vertes, moins toxiques, bien que les téléphones cellulaires aient permis de nous débarrasser de lignes de terre encombrantes.  

L'application des principes de la chimie verte au développement de nouveaux nanomatériaux et de nouvelles applications est encore plus importante à ce stade précoce du développement des nanotechnologies et pourrait conduire à de nouvelles 'règles mondiales de conception' pour les substances hautement performantes à échelle nanométrique qui sont respectueuses de l'environnement et bénéfiques pour la santé humaine.

Rajender Varma est chercheur principal à la Division des technologies durables, au National Risk Management Research Laboratory, de l'US Environmental Protection Agency, à Cincinnati, dans l'Ohio, aux Etats-Unis.

Cet article fait partie d'un dossier spécial sur les nanotechnologies pour la santé.

Démenti
Le présent article a été rédigé par un employé du gouvernement américain. Les opinions qui y sont exprimées sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement les points de vue et la politique de l'US Environmental Protection Agency. L'utilisation des noms commerciaux n'implique pas l'approbation du gouvernement des États-Unis.