12/07/11

Un traitement contre la cécité des rivières tue aussi les moustiques

L’Ivermectine est utilisé dans le traitement de la cécité des rivières, mais il s’avère aussi efficace contre le paludisme

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[DAKAR] Selon une étude, un médicament peu cher et largement distribué, utilisé dans le traitement de la cécité des rivières, pourrait réduire la transmission du paludisme en Afrique.

Au Sénégal et aux Etats-Unis, des chercheurs ont constaté que la transmission du paludisme a considérablement chuté en deux semaines dans les villages sénégalais où les gens ont pris de l’Ivermectine administré dans le cadre de la lutte contre le parasite vecteur de la cécité des rivières ou onchocercose.

Près de 80 pour cent des moustiques sont morts après avoir sucé le sang de villageois qui suivaient ce traitement à l’Ivermectine. Les villages dans lesquels les habitants n’étaient pas sous traitement ont vu la population des moustiques multipliée par deux fois et demie durant la même période.

« Nous avons réalisé notre étude dans la localité de Bandafassi, où le Programme de lutte contre l’onchocercose organise une campagne annuelle massive de distribution de l’Ivermectine pour lutter contre la cécité des rivières », déclare Massamba Sylla, entomologiste à l’Université d’Etat du Colorado, aux Etats-Unis, et coauteur de l’étude. « Nous avons profité de cette campagne pour vérifier et évaluer les effets de l’Ivermectine sur les moustiques du type Anopheles gambiae ».

Dans un entretien accordé à SciDev.Net au Sénégal, Syllla a précise que leur étude s’appuie sur un travail préliminaire réalisé en 2006 et 2007.

Les chercheurs ont prélevé les moustiques dans les villages et testé en laboratoire la sensibilité des populations d’A. gambiae à l’Ivermectine selon les concentrations retrouvées dans le sang humain. Ils ont constaté que les moustiques mouraient de paralysie quatre jours après avoir sucé le sang des êtres humains qui avaient pris ce médicament.

« L’Ivermectine pourrait etre un outil important de lutte contre le paludisme », ajoute Sylla. Les chercheurs pensent que ce médicament pourrait être particulièrement utile pendant les épidémies de paludisme ou pendant des saisons de transmission bien définies.

Mais il faut mener des études de plus grande ampleur et plus approfondies et vérifier les conséquences d’une administration plus fréquente de doses d’Ivermectine sur la transmission du paludisme pendant la saison du paludisme en Afrique.
Selon Peter J. Hotez, président la Société américaine de médecine et d’hygiène tropicales, « cette étude est une bonne nouvelle pour plusieurs raisons, dont l’une, et pas la moindre, est la capacité à perturber le cycle de transmission du paludisme et d’éviter des souffrances inutiles et des décès ». « Nous avons besoin de protocoles de recherche plus créatifs, comme celui-ci, qui permet d’obtenir des résultats simples mais importants dans le cadre de notre combat contre les maladies négligées de la pauvreté ».
Colin Sutherland, étudiant en parasitologie à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, au Royaume-Uni, estime que cette étude est « un travail intéressant »
« Pour l’instant, son impact réel sur la santé publique reste un peu flou, mais tout ce qui peut démontrer qu’un médicament connu et sûr réduit la transmission du paludisme est le bienvenu, à certaines conditions ».
Cette étude a été publiée la semaine dernière (6 juillet) dans l’American Journal of Tropical Medicine and Hygiene.

Lien vers le résumé de l’étude dans l’American Journal of Tropical Medicine and Hygiene

See below for a Colorado State University video about the findings: