27/03/15

Les premiers vaccins anti-Ebola en évaluation en Guinée

Ebola Girl Africa
Crédit image: Flickr/UNMEER

Lecture rapide

  • 10 000 personnes vont être vaccinées sur une période de six à huit semaines
  • Des fonds sont prêts pour une éventuelle distribution du vaccin à grande échelle
  • L’OMS est accusée d’avoir minimisé l’épidémie au départ ; d’où sa propagation.

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Le gouvernement de la République de Guinée vient de lancer, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et d’autres institutions comme Médecins sans frontières (MSF), le tout premier essai clinique d’un vaccin contre la fièvre Ebola.

Ces essais ont lieu dans la région de Basse Guinée considérée comme l’une des localités ayant été les plus affectées par l’épidémie qui a commencé l’année dernière.

L’information est contenue dans un communiqué publié le mercredi, 25 mars dernier, par la représentation de l’OMS en Guinée.

Selon ce communiqué, le vaccin qui est en train d’être testé s’appelle VSV-EBOV et a été mis au point par l’Agence de la santé publique du Canada.

“La vaccination dite "en ceinture" consiste à identifier les patients récemment infectés et à vacciner leurs proches pour créer une "ceinture d’immunité" autour d’eux et ainsi stopper la propagation du virus.”

Organisation mondiale de la santé (OMS)

La même source précise que la stratégie appliquée consiste à faire une vaccination en ceinture.

"La vaccination dite "en ceinture" consiste à identifier les patients récemment infectés et à vacciner leurs proches pour créer une "ceinture d’immunité" autour d’eux et ainsi stopper la propagation du virus", peut-on lire dans le communiqué.

A en croire Dr Ana Maria Henao Restrepo, Coordinatrice de l’essai vaccinal Ebola pour l'OMS en Guinée, "cette même stratégie a constitué l’un des facteurs-clef dans l’éradication de la variole dans les années 1970, et elle nous permet de vacciner toutes les personnes les plus à risque".

Selon les prévisions, ce sont quelques 10 000 personnes qui vont ainsi être vaccinées dans environ 190 "ceintures" sur une période allant de six à huit semaines ; et les premiers résultats pourraient être disponibles à partir de juillet 2015.

Dans un précédent communiqué de l’OMS datant du 5 mars 2015, Dr John-Arne Røttingen, de l’Institut norvégien de la santé publique (INSP) qui participe aux essais affirmait que "la participation de la communauté dans les zones de la Guinée où l’étude vaccinale aura lieu est vitale pour permettre une évaluation réussie du vaccin".

Ajoutant que "la mise au point du protocole répond à une demande des autorités guinéennes, et a associé depuis le début les chercheurs guinéens en tant que partenaires".

Pour cela, le Docteur Sakoba Keita, le chef de la Coordination nationale contre Ebola en Guinée a adressé le 20 mars une correspondance aux autorités administratives, municipales, sanitaires et locales du pays pour les inviter à collaborer étroitement avec les équipes de vaccination.

Pour sa part, Dr Bertrand Draguez, directeur médical chez Médecins sans Frontières (MSF) précise que "cette vaccination est organisée sur une base volontaire, et la participation est confidentielle, gratuite et non rémunérée".

En attendant les résultats de ces essais, des mesures sont déjà prises pour assurer la multiplication de ces vaccins au cas où les résultats de l’évaluation seraient satisfaisants.

En effet, apprend-on de l’OMS, plusieurs organismes collaborent déjà à l’élaboration de stratégies pour l’introduction à grande échelle du futur vaccin.

Ces institutions sont notamment l’OMS, l’UNICEF, le "Centres for disease control and prevention" (CDC) des États-Unis, la fondation Bill et Melinda Gates et l'Alliance mondiale pour les vaccins (GAVI).

"Les ressources financières sont en place pour acheter et mettre les vaccins à la disposition des pays touchés par l’épidémie d’Ebola", rassure l’OMS dans un communiqué de presse.

La même source ajoute que le Conseil exécutif de GAVI a approuvé une enveloppe financière de 300 millions de dollars en décembre 2014 ; et qu’une somme de 90 millions de dollars destinée à soutenir le déploiement du vaccin a aussi été approuvée.

Doigt accusateur

Dans son dernier rapport publié le lundi, 23 mars, 2015, MSF dresse un bilan de l’épidémie et avance le chiffre d’au moins 24 000 personnes infectées depuis le déclenchement de l’épidémie en mars 2014, pour plus de 10 000 morts, dont environ 500 travailleurs de la santé.

Dans ce rapport MSF pointe un doigt accusateur aussi bien sur l’OMS que sur la communauté internationale, leur attribuant une responsabilité dans le lourd bilan de l’épidémie.

L’organisation indique qu’elle a été saisie pour la première fois le 14 mars 2014 et qu’après évaluation et descente sur le terrain, elle a déclaré le 31 mars une épidémie "sans précédent" ; soit 9 jours après la déclaration de l’épidémie par le gouvernement guinéen.

Or, peut-on lire dans le rapport, "le 1er avril, l’OMS, par le biais de son porte-parole principal à Genève, est la première à mettre en doute la déclaration de MSF, arguant que la dynamique virale ne diffère pas de celle des épidémies antérieures et n’est pas non plus sans précédent".

"Le 21 juin, nous avons à nouveau tiré la sonnette d’alarme en déclarant publiquement que l’épidémie était hors de contrôle et que, seuls, nous ne pouvions pas gérer le grand nombre de nouveaux cas et de foyers d’infection", écrit le rapport.

" Nous avions l’impression de prêcher dans le désert", se souvient MSF, soulignant que "les autorités gouvernementales et les membres de l’OMS en Guinée et en Sierra Leone [ont minimisé] l’ampleur de l’épidémie en insistant sur le fait qu’elle est sous contrôle et en accusant MSF de provoquer inutilement la panique".

En conclusion, MSF considère la réaction tardive de l’OMS comme l’une des raisons du lourd tribut que l’humanité paie à cette épidémie d’Ebola.

SciDev.Net a écrit plusieurs fois à l’OMS pour recueillir sa réaction face à ces accusations, mais de renvoi en renvoi, l’organisation n’a pas donné de réponse.