26/01/11

Les vaccins contre le choléra ‘efficaces, même en pleine épidémie’

Lʹépidémie de choléra à Haïti a causé presque 4 000 décès jusque-là Crédit image: Flickr/British Red Cross

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[SANTIAGO DU CHILI] Deux études ont montré que la vaccination contre le choléra pourrait sauver des vies et contribuer à limiter les épidémies, y compris lorsquʹelle est réalisée plusieurs semaines après le début dʹune épidémie.

Bien que lʹOMS recommande actuellement de procéder à des vaccinations y compris pendant les épidémies, elle précise quʹil nʹexiste pas assez de preuves sur le fait que ces vaccinations ʹrétroactivesʹ sont bénéfiques.

Pourtant les nouvelles études, publiées hier (25 janvier) dans PLoS Neglected Tropical Diseases, ont montré pour la première fois que la vaccination pouvait réduire le nombre de cas et sauver des vies pendant les épidémies de choléra, ce qui renforce les appels préconisant de commencer à vacciner à Haiti.

Lʹépidémie haïtienne, qui sʹest déclenchée en octobre suite à la destruction causée par le tremblement de terre de janvier 2010, a affecté plus de 190 000 personnes et fait presque 4 000 victimes.

Lʹune des études a estimé que presque 40 pour cent des décès auraient pu être évités au Zimbabwe, lors de lʹépidémie de 2008, si on avait réagi en vaccinant au moins la moitié de la population avec le vaccin Dukoral.

Rita Reyburn, coauteur de lʹétude et chercheuse à lʹInternational Vaccine Institute, en Corée du Sud, a déclaré à SciDev.Net que dans les deux contextes, une destruction des infrastructures avait précédé lʹépidémie.

Selon elle, tant que les sanitaires et lʹapprovisionnement en eau nʹauront pas été considérablement améliorés à Haïti, "les campagnes de vaccination de masse par des vaccins contre de choléra pouvant être administrés oralement, constituent lʹaide la plus prometteuse que nous pouvons offrir… [ils] permettraient presque certainement de réduire le nombre de cas à lʹavenir".

Toutefois, Andrea Vicari, conseiller en immunisation pour la section Santé de la famille et de la communauté de lʹOrganisation pour la santé panaméricaine, a déclaré à SciDev.Net que les résultats ne changeaient pas lʹappréciation de lʹOMS.

Selon lui, lʹhypothèse présentée dans lʹarticle de R. Reyburn, selon laquelle des millions de doses de vaccins pourraient être disponibles en lʹespace de quelques semaines, nʹest pas réaliste, et vacciner un nombre suffisant dʹHaïtiens prendrait beaucoup de temps, ce qui rendrait son impact moins effectif.

"Lʹépidémie à Haïti est assurément bien plus explosive que le cas de lʹépidémie au Zimbabwe modélisé dans cet article", a-t-il déclaré.

La seconde étude a constaté que le déploiement dʹORC-Vax, une version modifiée de celle qui détient actuellement une licence en Inde sous le nom de Shanchol, suite à lʹépidémie de 2008 à Hanoï, au Vietnam, avait protégé à 76 pour cent contre le choléra.

Toutefois, Anna Lopez, lʹune des auteurs de cette étude et chercheuse à lʹInternational Vaccine Institute en Corée du Sud, a indiqué que des preuves supplémentaires étaient nécessaires avant de préconiser de manière générale la vaccination rétroactive, étant donné que lʹétude a été réalisée sur un petit échantillon.

"Malheureusement, il est difficile de réaliser des études au cœur dʹune épidémie de choléra, étant donné que la priorité est de soigner les patients".

Selon elle, si une campagne de vaccination était menée à Haïti, "elle devrait être planifiée en prévoyant des délais appropriés puisque les fabricants ont besoin de temps pour que les vaccins de la campagne soient disponibles".

Lien vers lʹarticle complet publié par R. Reyburn et al. dans PLoS Neglected Tropical Diseases (en anglais)

Lien vers lʹarticle complet publié par A. Lopez et al. dans PLoS Neglected Tropical Diseases (en anglais)