02/12/09

Les recommandations de l’OMS sur le VIH mises à jour

Un enfant kenyan sous antiretroviraux : les nouvelles directives mettraient davantage de personnes sous traitement Crédit image: Flickr/shortie66

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L'OMS vient de publier ses nouvelles recommandations sur le VIH en s'appuyant sur les recherches les plus récentes.

Publiées hier (30 novembre), à la veille de la Journée mondiale du sida, ces recommandations concernent le traitement et la prévention du VIH et la nutrition des nourrissons.

L'OMS préconise à présent que le traitement antirétroviral commence dès que le nombre de cellules immunitaires CD4 dans le sang d'un malade, un indicateur de l'état du système immunitaire, ne dépasse pas 350 cellules par millilitre de sang.

En 2006, avec la publication des recommandations précédentes, l'OMS conseillait de commencer le traitement à 200 CD4 par millilitre, voire moins, au niveau où les patients commencent à présenter les symptômes de la maladie. Au cours des trois dernières années, pourtant, des études ont montré que le traitement précoce pouvait réduire les taux de mortalité.

"Nous avons à présent des informations et des expériences fiables quant au meilleur moment pour commencer le traitement, aux médicaments à utiliser [chez l'adulte et les adolescents] et aux médicaments à utiliser dans la prévention de la transmission mère-enfant,"  affirme au Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net) Teguest Guerma, chef du Département VIH à l'OMS. "Nous avons rassemblé de nombreuses données depuis 2006."

Pour la première fois, l'OMS recommande ainsi aux mères séropositives de prendre des ARV pendant l'allaitement pour empêcher que leur enfant soit contaminé. Par ailleurs, les femmes enceintes et séropositives doivent commencer à prendre les ARV à un stade plus précoce de la grossesse, à 14 semaines au lieu des 28 préconisées par les recommandations de 2006.

Ces recommandations posent de grands défis, surtout aux pays en développement. Ainsi, Guerma reconnaît que commencer le traitement tôt augmentera les coûts et le nombre de personnes nécessitant une prise en charge de 3 à 5 millions dans le monde. Mais l'OMS "sait qu'il s'agit de la meilleure pratique clinique", ajoute-t-elle, et les pays peuvent se fixer leurs propres objectifs réalisables.

"Nous savons que les pays ne vont pas modifier leurs politiques tout de suite," précise Guerma. "Chaque pays adaptera les recommandations en fonction du contexte local". Elle a ajouté que l'OMS aidera ces pays dans cet effort.

Les autres recommandations sont l'élimination progressive du stavudine, ou d4T, un antirétroviral de première ligne aux effets secondaires irréversibles utilisé dans les pays en développement en raison de son faible coût et de sa grande disponibilité. L'OMS préconise son remplacement par des alternatives moins nocives comme le tenofovir ou le zidovudine.

L'OMS recommande également un accès accru aux tests de laboratoire comme la surveillance de la charge virale qui mesure la quantité de VIH dans le sang, ou les tests d'évaluation des niveaux de cellules CD4. Mais l'organisation insiste pour que les malades ne soient pas exclus du traitement en cas d'indisponibilité de ce test.

Tido von Schoen-Angerer, directeur exécutif de la Campagne de Médecins Sans Frontières pour l'Accès aux Médicaments essentiels, s'est réjoui de ces directives, qu'il a qualifiées d'appel à l'action lancé aux donateurs.

"Le défi pour les pays et les donateurs consiste à renforcer et continuer à améliorer le traitement" déclare von Schoen-Angerer. " Ces recommandations sont un appel clair lancé en direction des donateurs dont l'appui au traitement du VIH n'a cessé de diminuer  : le temps n'est pas à la complaisance ".

Le coût des médicaments est crucial, a ajouté von Schoen-Angerer. "Par exemple, avec le tenofovir, un ARV de première ligne, il existe sur le marché des options en générique de première ligne, mais les prix n'ont pas encore suffisamment baissé ".