12/08/10

Les plans de lutte contre le palu inopérants avec les outils actuels

Les moustiquaires jugées insuffisantes Crédit image: FlickrVestergaard_Frandsen

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Une nouvelle étude publiée récemment a confirmé que l'éradication du paludisme, surtout dans ses foyers en Afrique, sera impossible sans des interventions d'un genre nouveau.  

Pour éliminer le paludisme en Afrique, il faudrait que les interventions actuelles touchent davantage de personnes que ne le permettent les infrastructures de santé et de transport, selon Paul Azra Ghani, épidémiologiste spécialiste des maladies infectieuses, et ses collègues de l'Imperial College à Londres.

Son équipe a modélisé l'impact probable des interventions actuelles et futures sur le moustique vecteur du plus dangereux parasite du paludisme, le Plasmodium falciparum. Parmi les outils actuels on compte les moustiquaires imprégnés d'insecticides, la pulvérisation de l'intérieur des habitations avec les insecticides et le traitement le plus récent (l'artémisinine) ; la vaccination faisant partie des outils du futur.

Ce modèle a révélé que, dans les zones où la transmission est jugée faible à modérée, accroître les interventions de manière à toucher 80 pour cent de la population – un objectif considéré comme réalisable – pourrait réduire l'infection par le parasite à un pour cent de la population humaine, un niveau jugé suffisamment faible pour permettre aux méthodes de contrôle d'empêcher la maladie de se propager.

Mais le modèle montre aussi clairement que dans les zones de forte transmission du paludisme, réduire l'infection à un niveau similaire nécessiterait des interventions généralisées irréalisables, notamment au vu de l'insuffisance des infrastructures.

On note un enthousiasme renouvelé pour l'éradication du paludisme dans le monde, objectif plus ambitieux qu'un simple contrôle de la maladie. En 2008, l'OMS a lancé le Plan d'action mondial contre le paludisme, qui a débouché sur des initiatives tel que le Programme d'éradication du paludisme (malERA).

Et cette année à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme (24 avril), les Centers for Disease Control and Prevention des Etats-Unis ont promis d'éliminer cette maladie en garantissant la disponibilité universelle des différentes interventions. Dans le même temps, le financement de la lutte contre le paludisme a presque doublé entre 2006 et 2009 pour atteindre US$ 1,7 milliard.

Pour Ghani, "notre modèle peut aider les planificateurs à évaluer l'impact de la combinaison des différentes interventions, ce qui peut les aider à établir un ordre de priorité au cas où les ressources soient limitées",

L'étude a été publiée dans l'édition de PLoS Medicine du mois d'août. 

Pour Dave Smith, biologiste à l'Institut des pathogènes émergents à l'Université de Floride aux Etats-Unis, ces nouveaux résultats confirment les précédents modèles sur le paludisme.

Selon lui, la valeur ajoutée de ce nouveau modèle réside dans la simulation de la transmission du paludisme entre des individus dans différents milieux du continent, ce qui en fait une étude à la fois détaillée et de grande portée, "chose qui n'est pas facile à réaliser".

Geoff Targett de la London School of Hygiene and Tropical Medicine au Royaume-Uni note que ce modèle est particulièrement intéressant du fait qu'il a pu tenir compte de la variabilité de la transmission à travers le continent.

Selon Targett, le développement de vaccins efficaces, et notamment des vaccins capables de bloquer la transmission du parasite au lieu de prévenir la maladie après l'infection, "sera probablement l'étape majeure qui permettra que le contrôle, et surtout l'éradication, devienne possible à travers l'Afrique".