25/02/11

Les antipaludéens de mauvaise qualité ‘répandus’ dans certains pays africains

Selon lʹOMS, la réglementation et le contrôle de la qualité des antipaludéens présentent des faiblesses en Afrique Crédit image: Flickr/hockadilly

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Selon la dernière enquête de lʹOMS sur les antipaludéens, publiée aujourdʹhui (25 février), près dʹun tiers des médicaments antipaludiques disponibles au Cameroun, en Éthiopie, au Ghana, au Kenya, au Nigéria et en Tanzanie sont de mauvaise qualité et possiblement contrefaits.

Dʹaprès cette enquête, un échantillon sur dix présente des différences "extrêmesʹ" au niveau des ingrédients actifs et dʹautres normes, qui pourraient mettre des vies en danger.

La plus grande incidence de problèmes a été identifiée au Nigéria, ou deux-tiers de lʹensemble des échantillons ont échoué aux tests de qualité réalisés par lʹOMS.

"Cela signifie quʹau Nigéria, un patient a plus de risques dʹêtre traité avec un médicament de mauvaise qualité quʹil nʹa de chances de se voir administrer un médicament qui respectera les critères de qualité", a déclaré Lembit Rägo, coordinateur de lʹOMS pour lʹassurance de la qualité et la sécurité des médicaments.

Les résultats obtenus au Ghana et au Cameroun, avec des taux dʹéchec respectifs de 39 pour cent et de 37 pour cent, ne sont guère plus satisfaisants.

LʹÉthiopie, le Kenya et la Tanzanie ont obtenu de meilleurs résultats, avec des taux dʹéchec inférieurs à 11 pour cent. Dans ces pays, lʹOMS examine la qualité des antipaludéens devant être raisonnablement contrôlés. En Éthiopie, aucun échantillon nʹa échoué, en partie grâce au régime réglementaire strict qui y est en place.

Le taux dʹéchec du Kenya, qui est de cinq pour cent, sʹest nettement amélioré depuis les précédentes études réalisées en 2003 où le taux dʹéchec pour certains échantillons a pu atteindre 54 pour cent.

Les résultats obtenus dans les pays qui produisent localement les antipaludéens, ont été un peu plus mauvais.

"Il semble que les législateurs sʹintéressent davantage à la qualité des importations", a déclaré Jitko Sabatova, cadre technique responsable de la qualification préalable des laboratoires de contrôle de la qualité, à lʹOMS.

Il a indiqué à SciDev.Net que les pays affichant les plus petits nombres de fournisseurs de ce marché, tendaient à voir des taux dʹéchec inférieurs.

Bien que cette étude nʹexamine pas les implications sanitaires des médicaments ayant échoué, et que lʹOMS nʹait pas distingué les médicaments contrefaits de ceux de mauvaise qualité, lʹorganisation a précisé que ces résultats ne devaient pas être considérés comme "catastrophiques" en termes de santé.

Elle a toutefois pointé des faiblesses importantes au niveau de la réglementation et du contrôle de qualité dans les pays.

L. Rägo a dʹailleurs déclaré que les fonds internationaux apportant des financements pour une large proportion dʹantipaludéens sur le continent, exacerbaient la situation. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, comme dʹautres œuvres de charité, "ont été [jusquʹà récemment] guidés par le prix, ce qui coûte le moins étant nécessairement mieux ".

Toutefois, "ils ont désormais une politique dʹassurance de la qualité mieux définie", a-t-il déclaré.

Elodie Jambert, coordinatrice pharmaceutique pour lʹœuvre caritative médicale internationale de la Campagne pour lʹaccès aux médicaments essentiels de Médecins Sans Frontières, à Genève, a déclaré à SciDev.Net : "Plusieurs bailleurs de fonds et pays ayant des NMRA [autorités nationales de réglementation des médicaments] faibles délèguent la fonction dʹassurance de la qualité à des agences mandatées".

"Il est probable que les agences mandatées disposent des connaissances techniques nécessaires pour évaluer la qualité des médicaments mais elles subissent souvent la pression du marché qui souhaite acheter des médicaments au prix le plus bas possible, et leurs intérêts commerciaux risquent dʹentrer en conflit avec la politique dʹassurance de la qualité".

Elle a ajouté : "LʹOMS doit aider à renforcer les autorités nationales de réglementation des médicaments".

Lien vers le rapport complet ʹAssessment of medicines regulatory systems in Sub-Saharan African countriesʹ (en anglais)