05/02/09

Le financement de la recherche sur les maladies négligées dépend de bailleurs trop peu nombreux

Le financement de la recherche sur le trachome, une maladie qui peut entraîner la cécité, dépend à 90 pour cent du Wellcome Trust Crédit image: WHO/Serge Resnikoff

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Une nouvelle étude a conclu que les progrès dans la lutte contre certaines grandes maladies négligées pourraient être stoppés avec la crise financière internationale, son financement  dépendant d’une poignée trop restreinte de bailleurs de fonds.

Les chercheurs de l’Institut George pour la Santé internationale, basé en Australie, ont réalisé cette étude portant sur 30 maladies négligées. Dans leur rapport publié cette semaine (4 février), les auteurs disent craindre qu’une absence de diversité dans les sources de financements pour certaines maladies ne devienne un point névralgique avec la crise financière.

"Cette approche consistant à mettre tous ses oeufs dans le même panier fait un peu peur", a déclaré pendant la cérémonie de lancement du rapport Mary Moran, Directrice de la politique de la santé au George Institute et auteur principal du rapport.

Ainsi, environ 90 pour cent des financements de la lutte contre le trachome, une infection oculaire aveuglante provient du Wellcome Trust, et la recherche sur l’ulcère de Buruli, une maladie débilitante ne dépend que de trois sources de financement.

"Les maladies qui dépendent d’une, de deux ou trois sources de financement sont de toute évidence plus exposées que le VIH/sida, maladie qui bénéficie d’au moins un peu de soutien de la part de quasiment tous les bailleurs de fonds dans le monde."

Moran a confié au Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net) que des gouvernements parmi les 12 plus gros contributeurs publics à la recherche sur les maladies négligées envisagent de réduire leurs contributions dès 2009.

La question est soulevée dans l’étude, ‘Le financement mondial de l’innovation sur les maladies négligées ou G-FINDER ‘, qui a calculé l’investissement total effectué en 2007 dans la recherche & développement (R&D) pour 30 maladies négligées, touchant principalement les pays en développement. Cette étude est la première d’une série de cinq évaluations annuelles pour le suivi des investissements dans ce domaine.

Ses auteurs ont conclu que la majeure partie des US$ 2,5 millions investis en 2007 provenait de seulement deux sources, avec plus de 60% de l’ensemble des fonds déboursés par les National Institutes of Health des Etats-Unis et la Fondation Bill et Melinda Gates.

En outre, si 80 pour cent de l’ensemble des investissements étaient orientés vers le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, certaines maladies telles que l’ulcère de Buruli n’ont reçu que 0,1 pour cent des fonds.

Les auteurs ont également établi que les investissements tendent à être orientés vers certains produits. La priorité est accordée aux médicaments et vaccins au détriment, par exemple, du diagnostic, tandis que ‘plateformes technologiques’ telles que de nouvelles méthodes d’administration de vaccins, qui n’ont pas tendance à cibler certaines maladies en particulier, ne bénéficient que de 0,4 pour cent de l’enveloppe.

Les observateurs ont félicité le rapport Moran, dont les résultats ont été analysés dans un article publié hier (4 février) dans le journal PLoS Medecine.

"Nous savons maintenant qui paye quoi. C’est une grande réussite. Ce rapport va contribuer au débat de politique en apportant des informations qui ont longtemps fait défaut," a déclaré Guy Willis, Directeur de la communication à la Fédération internationale de l’industrie du médicament.

Mais d’autres ont insisté sur le fait que bien qu’il s’agisse d’un bon point de départ, il faut davantage de données sur les besoins réels de financement.

Pour le Directeur de la Campagne d’Accès aux Médicaments essentiels de Médecins Sans Frontières, il faut un travail supplémentaire pour évaluer le montant total des investissements nécessaires et définir les priorités de financement. Il a ajouté que la création de mécanismes ‘d’attraction’ tels que les fonds de dotation ou les primes pour l’innovation, doit être explorée en vue de promouvoir les investissements dans la R&D sur les maladies négligées.

Lien vers l’article complet dans PLoS Medicine

Lien vers le rapport complet sur le site Internet du George Institute[2.16MB]