30/12/08

L’étendue de la résistance de la tuberculose aux médicaments révélée

Les bacilles de la tuberculose sont plus génétiquement diversifiés qu'on ne le pensait précédemment Crédit image: Flickr/AJC1

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Des chercheurs ont découvert les secrets génétiques du bacille de la tuberculose (TB) et identifié certains facteurs qui pourraient contribuer à la montée des souches multi-résistantes.

L'étude, l'une des premières à analyser la diversité des bacilles de la tuberculose à l'échelle de la planète, a permis de découvrir que les souches sont bien plus génétiquement diversifiés qu'on ne le pensait précédemment.

Les chercheurs ont examiné les gènes de 99 souches de Mycobacterium tuberculosis, bacille à l'origine dela tuberculose. Ils ont également examiné neuf souches spécifiques aux animaux.

A leur grande surprise, ils ont découvert une plus grande diversité génétique chez les souches humaines du bacille de la tuberculose que chez les souches adaptées aux animaux. Ainsi,   contrairement à l'opinion précédemment répandue, les souches humaines du bacille de la tuberculose ne sont essentiellement pas les mêmes.

Comme l'explique Sebastien Gagneux, co-auteur, ancien employé de l'Institut of Systems Biology basé aux Etats-Unis et actuellement en service à l'Institut national de Recherche médicale, au Royaume-Uni, "Nous avons découvert que le bacille de la tuberculose n'est pas clonal – tous pareils – comme on le supposait".

L'équipe a également découvert que les bacilles subissent de faibles taux de sélection génétique. Ils accumulent des mutations dans leur ADN par un processus connu sous le nom de dérive génétique,  avec peu de pressions sélectives susceptibles de limiter ces mutations.  

Cela explique pourquoi les mutations qui confèrent la résistance aux médicaments ne sont pas éliminées du patrimoine génétique et persistent chez les populations.

D'ordinaire, les mutations génétiques conférant la capacité de résistance aux médicaments à une bactérie lui sont préjudiciables, puisqu'elles s'opèrent au prix de l'affaiblissement de certains autres aspects de son mécanisme. Ce phénomène maintient sous contrôle la résistance aux médicaments. Mais le bacille de la tuberculose semble différer sur ce point.

Les chercheurs, dont les travaux ont été publiés dans PLoS Biology ce mois-ci (16 décembre), ont découvert que le bacille de la tuberculose humaine peut se classifier dans deux groupes distincts : les souches dites 'anciennes' que l'on trouve uniquement en Afrique de l'Ouest et le long de la ceinture de l'Océan indien, et des lignages dits 'modernes' qui dominent en Europe, dans les Amériques, en Asie de l'Est, en Afrique de l'Est et en Inde.

Par ailleurs, les scientifiques ont trouvé des corrélations entre les distances génétiques et géographiques, suggérant que les anciennes voies terrestres de migrations humaines hors d'Afrique ont conduit le bacille de la tuberculose au nord vers Europe et à l'est autour de l'Océan indien, alors que les souches modernes ont migré pour revenir en Afrique par des voies maritimes.

Gagneux a déclaré au Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net) : "Il est possible que les souches anciennes aient été expulsées par les souches modernes, notamment dans les Caraïbes.  Seules les souches modernes y sont présentes alors que l'ancienne souche de la tuberculose y serait arrivée avec la traite négrière".

Pour les chercheurs, en vue de ces découvertes et des déplacements planétaires d'aujourd'hui, les concepteurs de programmes de lutte contre la tuberculose devraient tenir compte de la diversité géographique des souches du bacille.

Lien vers l'article complet dans PLoS Biology