29/07/09

L’OMS ‘trop hâtive’ dans sa décision d’arrêter la supplémentation en fer

Certains chercheurs affirment que les suppléments en fer n’accroissent pas le risque d’infection par le paludisme si une surveillance et des soins réguliers sont assurés Crédit image: WHO/PIERRE VIROT

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[ABUJA] Selon les auteurs d’une nouvelle étude, les suppléments de fer devraient être donnés aux enfants dans les régions à forte prévalence du paludisme, et la décision de l’OMS de modifier ses directives en la matière a été hâtive.

Jusqu’en 2007, l’OMS recommandait l’administration de suppléments en fer aux enfants, afin de prévenir une déficience en fer et l’anémie.

Mais un essai de grande échelle mené à Zanzibar a conclu que la supplémentation en fer pourrait être associée à un risque accru d’hospitalisation, principalement des suites du paludisme et de maladies infectieuses, et de mortalité. L’OMS a ainsi été jugé bon deréviser ses directives.

Par le passé, certains estimaient que les suppléments en fer pouvaient contribuer à l’augmentation de la quantité de parasites du paludisme dans le sang.

Des chercheurs de l’organisation caritative Cochrane Collaboration ont analysé des données issues de 68 essais différents, sur un total de 42 981 enfants. Ils ont ainsi trouvé que les résultats et les décès liés au paludisme n’ont été signalés que dans 16 et 11 essais, respectivement.

Ils ont donc conclu que les suppléments en fer n’accroissent pas le risque d’infection par le paludisme si une surveillance régulière et des soins sont assurés. Les chercheurs affirment que l’OMS s’est ainsi trop fondé sur un seul essai pour modifier ses directives.

La chercheuse principale Juliana Ojukwu, affiliée au département de pédiatrie de l’Université de l’Etat d’Ebonyi au Nigéria, a déclaré au Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net) que l’OMS s’est précipité dans son jugement.

"Si un enfant a besoin de suppléments en fer, nous en concluons qu’on ne doit pas les lui refuser, même s’il vit dans des régions où le paludisme sévit. Le fer est important dans la croissance et le développement de l’enfant, et dans la préservation d’un système immunitaire sain".

La mesure de l’OMS pourrait-elle se justifier dans l’absence d’un système de surveillance efficace ? Ojukwu répond : "Que vous donniez des suppléments en fer à un enfant ou pas, s’il vit dans des zones où le paludisme est endémique, il doit être suivi. Il nous faut mettre en place un système pour le suivi des parasites du paludisme chez les enfants."

"A notre sens, il ne semble pas justifié d’interdire les suppléments en fer aux enfants s’il le système de surveillance fait défaut. Même si nous n’avons pas mis en place un système de surveillance, les résultats globaux de notre analyse montrent qu’il faut continuer de donner du fer aux enfants ".

Bayo Fatunmbi du Programme mondial de lutte contre le paludisme de l’OMS a déclaré au Réseau Sciences et Développement que l’étude de Cochrane serait minutieusement examinée, et que l’OMS modifierait ses directives si des preuves assez solides le justifient.

" Nous allons certainement prendre au sérieux cette étude, et si les preuves le justifient, nous réagirons promptement et de la manière qu’il faut ", promet Fatumbi.

Lien vers le résumé de l’étude dans Cochrane Reviews