06/01/11

L’Afrique accuse un retard dans la détection des épidémies

LʹAfrique accuse un retard dans lʹalerte des épidémies de maladies telles que le choléra, qui se diffuse avant tout par la contamination des aliments et de lʹeau Crédit image: Flickr/Julien Harneis

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[NAIROBI] Dʹaprès un rapport, lʹAfrique accuse un retard dans la détection des maladies infectieuses et des alertes dʹépidémies émergentes, alors que la moitié des épidémies mondiales se déclenchent sur le continent.

Cette étude, portant sur près de 400 épidémies vérifiées par lʹOMS, qui ont eu lieu entre 1996 et 2009, a constaté que plus de la moitié (53 pour cent) dʹentre elles étaient en Afrique. Pourtant, ce continent est le plus long à détecter les épidémies et à communiquer à leur sujet ; il faut compter en moyenne 30 et 43 jours, respectivement, après le début, estimé, de lʹépidémie.

Dans le monde, les délais les plus courts pour découvrir et communiquer publiquement sur les épidémies sont dans le Pacifique occidental, avec une moyenne de quatre jours pour découvrir lʹépidémie et 18 jours pour communiquer. En Asie du sud-est, il faut compter environ quinze jours pour la découverte et la communication.

Les délais pour détecter les épidémies dʹune maladie se sont en général améliorés dans le monde dʹun peu plus de sept pour cent par an, et la communication dʹun peu plus de six pour cent par an depuis 1996, avec des variations considérables selon les régions. Lʹune des raisons de ces améliorations est lʹexpansion rapide de lʹInternet.

Les maladies les plus fréquentes ayant entraîné des épidémies, sont le choléra, la fièvre jaune, la méningite, la grippe aviaire et la dengue.

Selon Emily Chan, de lʹHarvard-Massachusetts Institute of Technology Division of Health Sciences and Technology, aux États-Unis, et premier auteur de lʹétude : "Lʹouverture dans la communication… est cruciale pour la rapidité de la riposte une fois que lʹépidémie sʹest déclenchée".

Abdisalan Noor, chercheur scientifique au Kenya Medical Research Institute (KEMRI)-Wellcome Trust Research Programme, a indiqué que les raisons des mauvaises performances en Afrique étaient nombreuses et quʹelles reflétaient la faiblesse générale des systèmes dʹinformation dans tout le secteur public.

"Vu les importantes faiblesses constatées dans les systèmes dʹinformation sanitaire ordinaire en Afrique sub-saharienne, il nʹest pas surprenant que les systèmes de surveillance pour détecter les infections émergentes, qui requièrent une collecte de données dynamique en temps réel, soient défaillants", a-t-il déclaré à SciDev.Net. Il a cependant ajouté que lʹAfrique améliorait progressivement ses mécanismes pour détecter de manière opportune les infections émergentes.

A. Noor a indiqué que lʹAfrique était confrontée à dʹimportantes maladies infectieuses telles que le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, toutes nécessitant des données ordinaires ainsi quʹune détection rapide des épidémies pour les contrôler efficacement.

Il a préconisé dʹinvestir dans les infrastructures ainsi que dans la capacité à détecter et à réagir tôt contre les maladies en déclarant : "Le manque de mécanismes opportuns pour détecter les cas et pour réagir, peuvent conduire à une diffusion rapide de la maladie, rendant la gestion du cas encore plus difficile, ce qui pourrait avoir de graves conséquences sur la santé, et dans plusieurs cas, causer un grand nombre de victimes".

Cette étude a été publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) (29 novembre)

Lien vers lʹarticle complet publié dans PNAS (en anglais)