11/10/17

Les feux de forêt, un risque majeur pour la santé

Burning forest - Oct 2017
Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • Le défrichement des terres est une pratique courante dans de nombreux pays
  • La combustion de la biomasse libère des particules qui affectent les poumons
  • Les composés organiques nocifs sont plus communs que les particules

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Selon une nouvelle étude, les composés organiques et les particules libérées lors de la combustion des forêts pour défricher des terres peuvent tuer les cellules pulmonaires humaines ou entraîner des lésions irréversibles de l'ADN.
 
La combustion des forêts pour créer des terres propices à l'agriculture ou à l'élevage est une pratique répandue dans de nombreuses régions du monde en développement. Près de trois milliards de personnes dans le monde sont ainsi exposées à des contaminants provenant de la combustion de la biomasse, conformément à des pratiques agricoles et à d'autres pratiques liées à la déforestation et à la combustion du bois.
 
Une équipe de chercheurs brésiliens a étudié les particules libérées lors de la combustion de la biomasse à l'aide de matériaux recueillis dans la forêt amazonienne, afin d'évaluer leur impact sur la santé humaine.
 
Pour ce faire, ils ont exposé le tissu pulmonaire humain à des particules de moins de 10 microns (10 μm), qui sont communément émises par ces feux et peuvent atteindre les alvéoles pulmonaires.

“J'espère que nos résultats inciteront les chercheurs à mieux étudier les particules de moins de 10 μm afin que leurs concentrations dans l'environnement soient régulées dans les régions fortement touchées par la combustion de la biomasse.”

Nilmara de Oliveira Alves Brito
Auteure principale

Une grande quantité de molécules pro-inflammatoires ont été produites par les cellules presque aussitôt que l'exposition a commencé. Les cellules ont également commencé à libérer des quantités significatives de dérivés réactifs de l'oxygène (DRO), un type de substance qui endommage les structures cellulaires lorsqu'elle est produite en grande quantité.
 
Les cellules ont ensuite cessé de se multiplier, ce qui "suggère des lésions de l'ADN", explique Nilmara de Oliveira Alves Brito, auteur principal de l'article publié dans la revue Scientific Reports et chercheur postdoctoral à la fondation brésilienne pour la recherche, FAPESP.
 
Les premiers signes de lésions ont été observés seulement 24 heures après l'exposition. "Au fur et à mesure que le temps passait, les lésions génétiques augmentaient et les cellules subissaient une apoptose [mort cellulaire non inflammatoire] et une nécrose [mort cellulaire qui mène à l'inflammation]", a déclaré Alves Brito.
 
Trois jours plus tard, 33% des cellules exposées étaient mortes par nécrose, contre 2% des cellules sans exposition. Selon Alves Brito, les cellules survivantes présentaient également des signes de lésions de l'ADN, "ce qui signifie qu'elles peuvent être prédisposées à développer un cancer à l'avenir".
 
Au cours de leur analyse des composés libérés par les substances captées en Amazonie, les chercheurs ont pris conscience de la présence d'une gamme d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), qui sont généralement libérés suite à la combustion de matières organiques, y compris le steak cuit. De nombreux HAP sont déjà reconnus comme cancérogènes, mais la plupart d'entre eux n'ont pas encore été étudiés.
 
En analysant les HAP identifiés, les chercheurs ont découvert qu'un composé particulier, le rétène (méthyl isopropyl phénanthrène) était présent en plus grande quantité que les particules de taille inférieure à 10 μm.
 
En répétant l'expérience en utilisant seulement ce composé, aux concentrations trouvées sur le terrain, ils ont trouvé que le rétène peut à lui seul provoquer des lésions de l'ADN et la mort cellulaire.
 
"Nous n'avons pas trouvé d'informations sur la toxicité du rétène dans la littérature scientifique", explique Alves Brito. "J'espère que nos résultats inciteront les chercheurs à mieux étudier les particules de moins de 10 μm afin que leurs concentrations dans l'environnement soient régulées dans les régions fortement touchées par la combustion de la biomasse".
 
Une question préoccupante est la capacité de ce type de polluant à parcourir de longues distances. Le rétène peut être trouvé dans l'air ambiant des grandes villes comme Sao Paulo, selon Paulo Artaxo, de l'Institut de Physique de l'Université de Sao Paulo et co-auteur de la recherche.
 
Sa présence est probablement une conséquence de la combustion de la canne à sucre et d'autres types de biomasse dans la ville, qui est la deuxième plus grande du Brésil, a-t-il ajouté.
 
Article tiré des flux de l'agence FAPESP, un donateur de SciDev.Net et édité par le desk Amérique latine et Caraïbes de SciDev.Net.